Recette 18 - Chantilly de coeur et d'esprit

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Je me précipite à l'extérieur du restaurant après avoir raccroché. Tant pis pour la réception. Adonis est probablement en danger, et connaissant ma sœur et le commencement de cette histoire, la menace est sans doute réelle.
Adonis est un loup dérangeant pour ma sœur, elle a tout intérêt à s'en débarrasser.

Owen me rejoint au moment où je m'apprête à monter dans ma voiture.

— Où est-ce que tu vas ?! Tu ne peux pas nous laisser en pleine réception ! Les vampires sont là. Que vont-ils penser si tu les abandonnes en plein milieu du service ? Tu as oublié les enjeux ?

— Non, bien au contraire. Mais j'ai un problème bien plus urgent que d'éviter une petite guerre avec un vampire capricieux, Owen. Adonis est en danger à cause de moi. Je me dois de l'aider.

— C'est trop dangereux !

— Si je n'y vais pas, il se fera tuer !

— Si tu y vas toute seule, le résultat sera le même. Je ne remets pas en cause ta force, mais je connais celle de ta sœur. Pour l'avoir combattu, et m'être fait battre à pleines coutures, crois moi que sa puissance surpasse celles de bien des loups qui nous entourent. Je refuse que tu y ailles seule ! Si il t'arrivait quelque chose...

— Oui, continu.

Je sais qu'il y a urgence et que chaque minute rapproche peut-être Adonis de l'heure de sa mort mais, très égoïstement, je voudrais qu'il termine sa phrase.

— Tu es une bonne personne, Aela, termine t'il.

Il rapproche quelque peu son visage du mien en me fixant, abiment au passage son chignon si parfait, mais finit par s'arrêter.

— Je voudrais bien faire tes éloges, mais nous n'avons pas le temps.

— Nous ?

— Je viens avec toi. C'est non discutable, rajoute t'il en voyant que je m'apprête à riposter.

— Très bien, grommelé-je.

Nous montons à bord du véhicule et prenons la route.

***
Dans la voiture, j'explique à Owen toute la situation. Nous nous sommes instinctivement dirigés vers la forêt où ma sœur retient propablement Adonis.

— As tu imaginé une seule seconde que ça puisse être un piège ?

— Il est évident que s'en est un. Mais que voulais tu que je fasses ?! Que je réponde à Adonis, qui est actuellement prisonnier des griffes de ma sœur, que je ne pouvais pas, pire, que je refusais de l'aider ?

— Oui ! dit il fermement. C'est complètement dingue ! Tu n'as donc aucune notion du danger ?!

— Tu n'avais qu'à t'abstenir de m'accompagner.

Il soupire, contracte ses doigts sur bord de la portière (qui risque de ne pas supporter la force du loup) et détourne les yeux de la fenêtre. Je me reconcentre sur la route, n'osant pas le regarder. Comment ais je pu en arriver là ?

Je savais que ma vie serait mouvementée, ne serait-ce qu'en tant que louve, mais aussi en tant que cheffe. Mes études n'ont déjà pas étaient simples, voilà que mon quotidien est chamboulé après la venue d'une personne censée m'assister pour un concours de cuisine.

Le concours.

Je n'y ai plus pensais depuis un moment. Avec tout ce petit monde à gérer et bien décidé à rendre mes journées impossible, je ne suis pas prête de me reposer.

— Attention !

Owen se jette sur moi et tourne le volant d'un coup. Nous manquons de justesse de percuter une voiture à l'arrêt sur le bas côté.

— Tu me feras le plaisir de te reposer une fois qu'on aura récupéré Adonis, ajoute t'il après s'être adosser dans son siège. Tu veux que je prenne le relais pour le reste du trajet ?

Je secoue vivement la tête. Malgré ma fatigue, j'ai bien cerné la conduite de Owen ; une conduite sportive, loin d'être adaptée à ma voiture plutôt modeste. Ce n'est pas demain la veille que je lui prêterais mes clefs.

— J'ai l'impression que mon cerveau et mon cœur se sont transformés en chantilly.

***
Nous avançons dans la forêt, prudemment, suivant les grognements qui nous indiquent que d'autres loups sont présents, eux aussi.

— Maïwenn, arrête ! s'écrie Adonis, au loin.

Nous pressons le pas, inquiets. Une fois l'orée de la clairière passait, les cris s'intensifient.

Adonis, suspendu entièrement dans le vide, la main de Maïwenn autour de sa gorge, hurle à plein poumons. Les deux adultes sont au bord du promontoire.

Le téléphone du loup est en contre bas, brisé en mille morceaux. Apparemment, il a tout juste eu le temps de m'appeler avant que la louve ne se jette sur lui et tente de le tuer.

Si Maïwenn lâche prise, l'homme fera une chute de plusieurs mètres.

Une chute dont même un loup ne pourrait pas sortir indemne.

Meute, Louche et Calamité Where stories live. Discover now