Recette 6 - Ne terrorise pas les humains

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Le lendemain, je prépare ma cuisine, ferme le restaurant plus tôt et attends la venue de Owen. Ma sœur a insisté pour qu'il commence à travailler, ce que je peux comprendre. La paix est une urgence, pas quelque chose qu'on peut remettre à plus tard.

Alex a tenu à m'aider et je l'en sais gré ; je ne m'en serais jamais sorti seule.

— Il est en retard...

J'attends depuis vingt minutes, les bras croisés derrière une table dressée, jetant de temps à autre des coups d'oeil aux lustres et aux peintures d'anges sur le plafond voûté.

— Il ne devrait plus tarder. Son père doit le briffer sur comment agir en société humaine et avec une Anger inquiète et tyrannique.

Un rictus s'affiche sur le visage du loup, et nous finissons pliés en deux, accoudés sur une table. Nous manquons plusieurs fois de faire tomber les verres, emportés par notre fou-rire.

— Il s'occupe peut-être de ses bouclettes ! rajoute mon ami.

C'est à ce moment-là que la porte claque et que Owen entre dans le hall. L'ombre des arbres accompagne la sienne, découpée sur le parquet.

Il a relevé ses cheveux ondulés en un chignon, dévoilant son visage sévère et sa mâchoire carré.

Alex arrête de rigoler, se redresse, et s'avance vers l'entrée en tendant une main hésitante à mon commis.

— Je préfère garder mes bouclettes attachées quand je cuisine, dit l'homme en lui serrant la main.

Owen ne montre aucun signe d'hostilité, juste de l'amusement. Lui a t'on déjà posé la question ? Vu l'ondulation quasi parfaite de ses mèches, ça ne m'étonnerait pas plus que cela.

— Je vais vous laisser... Bonne journée..

Alex sort, disparaît derrière les arbres qui entourent l'immeuble et, presque aussitôt, mon téléphone sonne dans la poche de mon jean. Je l'attrape et lis le message que m'a laissé mon ami.

" Tu me raconteras"

Quel idiot ! Il ne manquera jamais une occasion de me caser avec quelqu'un. Depuis notre rupture, il essaie de me trouver un nouveau petit ami comme pour se faire pardonner. Ce n'est pas de sa faute ; nous sommes mieux en tant qu'amis qu'en tant que couple.

— Le restaurant est fermé ? Je pensais qu'on allait travailler un minimum...

— Quoi ? Je.. euh...

Je contourne l'accueil, lui demande d'approcher, et sort une petite caisse que je pose devant lui.
Il hausse les sourcils.

— Aucun téléphone accepté en cuisine.

Owen pointe du doigt l'appareil allumé que je tiens dans ma main.

— C'est en cas d'urgence.

— Je ne compte pas t'attaquer, tu sais. Mon père me tuerait avant même que je  pose ne serait-ce qu'un un croc sur toi.

— Je ne parle pas de ce genre d'urgence. J'attends une livraison très importante et je veux être informé de chaque étape du transport.

Il finit par sortir son portable, un téléphone à clapet, et le pose dans la petite caisse que je range sous le comptoir.

— Un téléphone à clapet ?

— Je suis assez occupé avec les affaires de ma meute, je n'ai pas besoin de distraction. Quand on est le fils de l'alpha, on en a pas vraiment le temps. Tu devrais le savoir mieux que personne.

— Mes parents ne dirigent plus la meute et il est très peu probable que je succède à Maïwenn un jour. De toute façon, je n'en aurais pas l'envie, ni l'énergie .

Je vois cette discussion comme une occasion de mieux le connaître. Tout ça grâce à un téléphone à clapet, qui l'aurait cru ? Nous nous dirigeons vers ma cuisine, impeccable, et commencons la visite des lieux. Une fois que Owen a fini sa visite, je l'arrête et lui énumère des règles fondamentales à adopter avec les autres surnaturels et surtout avec les humains.

— J'imagine que vous aviez des règles dans le restaurant ou tu travallais.

Il hoche la tête et s'apprête à parler, mais je l'arrête d'une main.

— Aucune bagarre ne sera tolérée. Ma brigade est composée de plusieurs espèces de surnaturels et l'entente est jusque là parfaite. Je refuse que ça change.
Deuxièmement, c'est moi la cheffe. On ne contredit pas mes ordres ou mes demandes. Tu prendras des initiatives seulement si je te le dis.
Et troisièmement, ne terrorise pas les humains. Ils savent où ils mettent les pieds mais ce n'est pas une raison pour se transformer à tout bout de champ. Même devant un client trop exigeant, tu te dois de rester calme. Contrôle ton loup, c'est le principal. Compris ?

Il hoche la tête et ajoute ;

— J'ai été renvoyé du dernier restaurant où je travaillais. C'est un problème ?

Finalement, ça pourrait mal tourner !


Meute, Louche et Calamité Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz