Meute, Louche et Calamité

Recette 8 - Embouteillage

Je raccroche aussi vite que possible et me précipite à l'extérieur du restaurant, suivie de près par Owen qui me crie de lui expliquer.

— C'est encore un coup des EverLast !

Je m'arrête en plein milieu de l'allée bordée d'arbres et manque d'être percutée par le loup qui s'affole.

— Tu peux me dire ce qui se passe ?!

Je me retourne. Comment lui expliquer ? Ma rancune avec le chef de l'essaim ne date pas d'hier.

— Les EverLast sont un essaim de vampires qui domine Paris. Leur dirigeant, Lestar EverLast, est le chef du resto concurrent, à quelques rues d'ici. Nous nous sommes installés presque en même temps et ses clients habitués ont vite déserté son restaurant lorsqu'ils ont découvert le mien. Il a frôlé la faillite.
Et dans le monde de la cuisine, qu'on soit loup, fée, ou vampire, ce n'est pas par la force qu'on fait revenir la clientèle, surnaturelle ET humaine. Les EverLast m'en ont voulu et depuis, des tensions règnent entre ma meute et l'essaim. Je pensais que les Lunay étaient au courant.

— Nous ne nous mêlons pas des histoires des vampires.

Il marque un temps de pause et reprend ;

— Tu as donc des raisons de penser qu'il est derrière tout ça, c'est évident.

— Il essaie de me mettre des bâtons dans les roues depuis plus de quatre ans, alors oui. Mais là, il ne s'en cache même plus ! Je dois absolument récupérer cette livraison, la réception est demain !

— Tu m'expliqueras plus tard en quoi consiste cette réception. En attendant, on prend ma voiture et on file !

Nous traversons l'allée sablonneuse à toute allure tandis que Owen sort les clefs de sa voiture de la poche de sa veste.

Une fois dans la rue, où les klaxonnes des véhicules ne nous rassurent pas vraiment, le loup déverrouille les portières de son automobile, et qu'elle n'est pas ma surprise en découvrant une Maserati, blanche et brillante.

— Les rues de Paris sont pleines à craquer et j'espérais pouvoir passer inaperçu en attendant de trouver une solution. Mais avec ce genre d'engin, l'effet de surprise tombe à l'eau !

— Aela, tu n'as pas de plan ?!

Il n'a pas l'air d'avoir pris en compte ce que je viens de dire. Ce sera donc la Maserati, point final.

Nous embarquons dans son carrosse de luxe et Owen démarre en trombe, avant de freiner d'un coup sec pour ne pas percuter un autre véhicule.

— À ce rythme là, on n'avancera jamais ! s'écrie le loup.

— Pas de panique ! Il faut déjà qu'on trouve comment libérer la camionnette sans réduire le boulevard en cendre.

— Je pense que le plus judicieux serait de demander de l'aide à ta sœur.

— Je préférerais m'en sortir sans son aide.

— Miss Anger, si vous voulez récupérer cette livraison à temps pour recevoir vos convives, je vous conseillerais d'appeler votre sœur et de ravaler votre petit orgueil malsain. C'est notre seule solution !

— D'accord, d'accord... Mais arrête le vouvoiement.

J'attrape mon téléphone dans mon sac à main et compose le numéro de Maïwenn, que je connais par cœur.
Elle répond à la troisième sonnerie.

— Aela ? Que se passe t'il ? Je suis très occupée !

— J'ai un très gros problème et j'aurais besoin de toi. Je suis avec Owen et il a accepté de m'aider... Tu pourrais en faire autant, non ?

— Assez maladroit comme façon de solliciter des secours, murmure Owen à côté de moi.

Je lui lance un regard noir et attend que ma sœur daigne répondre.
Après deux minutes d'un silence inquiétant et trois mètres parcourus par la Maserati, la louve rigole à l'autre bout du fil.

— Je savais que tu aurais besoin de moi !