Recette 7 - Viré comme dans l'icencier

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— Viré ?

Mes yeux deviennent chauds et j'ai conscience qu'ils changent de couleur à l'expression de Owen. La colère d'un mâle est une chose, mais celle d'une femelle en est une autre.

— Viré ?! Comme dans licencier ?

— Il n'y a pas mille façons de dire qu'on a été expulsé de son emploi.

— Et qu'es que tu as fait pour être remercier toi, le fils de l'alpha Lunay ? dis-je, histoire de lui montrer qu'il y a bien des synonymes au congédiement.

— Précisément ce que tu mentionnes de ne surtout pas faire dans ton petit règlement ! Je me suis transformé et j'ai entamé une... rixe.

— Avec un humain ?!

— Non !

Il agite les mains dans tous les sens comme si ma proposition était idiote. Ce n'est pas qu'il se soit battu mon problème. C'est que ni Maïwenn ni Gregor n'est trouvé bon de me dire que mon nouveau commis s'était fait virer d'un prestigieux restaurant pour faute grave.

J'ai déjà eu à faire à des cuisiniers impulsifs qui se transformaient en pleine cuisine parce que telle ou telle chose n'allait pas, mais j'arrivais toujours à gérer l'incident, souvent sans violence, et les humains ne s'apercevaient de rien. Mais cette fois, je sens que je ne vais pas réussir à contrôler la situation si Owen perd les pédales, pour la simple et bonne raison que j'ai peur qu'il rapporte tout à ma sœur et à son père. Ma réputation en prendrait un coup si Maïwenn décidait de mettre les frais de spy des humains sur les comptes de mon entreprise.

— Avec qui, dans ce cas ?

— Un chaman. Il n'a pas spécialement apprécié que je critique ses précieux petits oiseaux bleus qui piaillaient dans l'arrière cours pour le rejoindre.

— C'était donc un membre de la brigade ?

— Un stagiaire...

— De mieux en mieux...

Je croise les bras sur ma poitrine et le fixe d'un regard que je souhaite compatissant.

— Écoute, tout ce que je voudrais, c'est qu'on reparte d'un bon pied et qu'il n'y ait aucun problème pendant que tu travailles ici. Ne te transforme pas devant la clientèle, qu'elle soit surnaturelle ou non, et ne te bats pas avec mes cuisiniers.

Je lui tend la main, et il la serre avec désinvolture. Il remet une mèche de cheveux qui s'était échapper de son chignon et recommence à me fixer.

— Bon ! Et si tu me montrais ce que tu sais faire ?

Il hausse une épaule comme si il ne comprenait pas.

— Pourquoi je devrais faire mes preuves ?

— J'ai simplement besoin de voir tes capacités pour savoir quelles tâches je pourrais te confier.

Je souligne ma phrase d'un petit sourire enjôleur qui finit par le convaincre. Gagné !

Je lui tends un tablier et lui désigne les différents placards qui contiennent les ustensiles et récipients.
Après un long passage dans la réserve, il revient les mains chargées d'une dizaine d'ingrédients et les pose sur le plan de travail.

— Qu'es que tu vas nous préparer de bon ?

— Je n'aime pas beaucoup qu'on m'observe quand je cuisine...

Il est presque gêné de me dire ça.

— Aucun problème !

Je lève les mains en l'air et sort pour rejoindre l'accueil où je vérifie une nouvelle fois où en est ma livraison. Rien. Je n'ai plus accès à la localisation de la camionnette qui est censée apporter les ingrédients pour une soirée très importante. Il ne manquait plus que ça !
Mais je me laisse très vite distraire lorsque, dans les cuisines, une douce odeur s'élève et qu'un son de cuisson résonne. Mon ventre se met à gargouiller.

Il est déjà treize heures trente et je n'ai rien avaler depuis cinq heures du matin. Mes horaires peuvent paraître exagérées mais il n'en ait rien ! Lorsqu'on est cheffe d'un restaurant, on se doit de se lever tôt pour... vérifier que rien ne manque et repasser une unième fois la serpillière.
Passionnant, pas vrai ?

Une heure plus tard, la voix de Owen me réveille. Je faisais pourtant un merveilleux rêve ; des cupcakes volants.

— C'est prêt !

Je me redresse et me précipite dans la cuisine. En effet, une jolie assiette garnie et fumante m'attend sur le plan de travail.
À première vue, le loup est parti sur un canard laqué accompagné d'oignons.
De là, je ne vois pas tous les détails de sa recette.

Je m'approche, attrape la fourchette qu'il me tend, et l'observe après avoir dégusté.
Ne t'extase pas Aela, même si c'est absolument délicieux !

— Tu as utilisé quel type d'oignon ?

— Des oignons nouveaux.

— Et tu les a fait blanchir ?

Il hoche lentement la tête.

— C'est osé. Tu n'as pas perdu le goût de ton accompagnement mais tu aurais pu te louper. Les oignons nouveaux sont meilleurs cru en raison de leur faible goût par rapport à son omologue l'oignon blanc. Tu as pris des risques...

— J'aime le goût du risque.

Je lui souris et ajoute ;

— Et j'aime le goût de ta cuisine. La cuisson du canard est parfaite, et ton accompagnement se marie très bien avec l'élément principal. Bravo.

— Alors ? On doute toujours de mes talents ?

— Je viens de te féliciter, ne gâche pas tout !

Nous rigolons de bon cœur, finissons l'assiette, nettoyons et rangeons le tout, et nous dirigeons vers la sortie une fois le travail finit.

— Merci de ton accueil, Aela. Je suis ravie de pouvoir t'aider.

— Il faut croire que ma sœur et ton père avaient raison.

— Probablement, rigole t'il.

Mon téléphone résonne dans mon sac. C'est mon fournisseur, qui est également le conducteur de la camionnette, qui m'appelle.

— Allô ?

— Mademoiselle Anger, nous avons un problème !

— Quel problème ?

Owen hausse les sourcils et écoute attentivement la conversation, bien qu'il n'est pas beaucoup d'efforts à faire.

— Nous sommes bloqués au millieu de la route !

J'aimerais qu'il finisse ses phrases, bon sang !

— Et pourquoi donc ?!

— Nous sommes attaqués par des vampires !

Meute, Louche et Calamité Where stories live. Discover now