Recette 5 - Promettez vous ?

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Estimant que je ne me rends pas à un mariage, j'enfile un pantalon noir, un haut assorti et des baskets de la même couleur, puis sort de mon immeuble ou Alex m'attend.

— Jolie tenue...

— Parlons de la tienne, plutôt.

Le loup n'a pas fait plus d'efforts que moi ; il n'est habillé que d'un jogging gris et d'un pull blanc.

— Quelle originalité !

— Il faut croire que nous sommes bien assortis, rétorque t'il. Allez, dépêche toi ou ta sœur me vira de la meute !

***
Après les quelques minutes de route, Alex se gare sur le parking quasi plein et nous traversons la forêt jusqu'à la clairière noyée de monde.

Certains enfants se sont transformés en petits louveteaux fougueux, surveillés par leurs parents sous forme humaine.
Je vois Aaryn, Lilith et Éron, mais aucune trace de Maïwenn.

Les deux meutes ont pris place de part et d'autre de la plaine, se regardant en chiens de faïence. C'est le premier événement qui les réunit et qui les interdit de se battre, soit une véritable épreuve pour les Anger et les Lunay.

Je ne remarque aucun homme qui pourrait ressembler à Owen Lunay ; ma sœur n'a pas dénié m'envoyer une photo.

Quand on parle du loup !

Maïwenn apparaît sur le rocher surplombant l'assemblé, vêtue d'une longue robe bleu nuit, garnie d'une parure de bijoux étincelante.

— Elle a le sens du spectacle, me murmure Alex.

— Toutes les occasions sont bonnes pour montrer sa beauté aux autres, tu sais. Ce n'est pas une cérémonie officielle qui va l'en empêcher.

Les Lunay restent de leur côté tandis que leur alpha, Gregor, rejoint ma sœur sur le promontoire.
Ils entament un discours bien ficelé en insistant sur chaque syllabes.

— Nous sommes réunis ici...

— Pour relier nos deux meutes...

— Sous une même bannière, rajoute Maïwenn.

— Le temps d'une alliance, complète Gregor.

Ma sœur me fait signe d'approcher et à sa gauche, l'homme fait de même pour son fils. Je fais un pas hésitant en avant, trébuche sur un feu-follet qui pousse de petits cris outrés semblables à ceux d'un chat, et me dirige vers le rocher en écrasant la mousse verte sous mes pieds.

Au loin, je vois le garçon approchait.
Il a la carrure d'un loup, c'est certain. De larges épaules, un corps massif et une taille dépassant considérablement la mienne.

À mesure qu'il s'approche, je prends le temps de le détailler étant donné qu'il m'imite.

Owen Lunay ressemble en tout point à son père ; des cheveux bruns bouclés, des yeux marrons, un nez très droit et une barbe naissante.

L'homme s'arrête devant moi, m'observe quelque peu, et me tend les traditionnels bandeaux dorés, que nous enveloppons autour de nos poignets.

— Promettez vous de vous protéger l'un l'autre toute la durée de l'alliance, de vous entre-aider et de prouver à vos meutes respectives qu'une paix durable est possible ?

Maïwenn insiste sur le mot durable. Une paix oui, mais une paix qui tient dans le temps.

Ni moi, ni Owen ne réagit. Nous ne nous connaissons pas, et on nous demande de porter mutuellement le poids d'une alliance décisive ? Une pure absurdité !
Owen a l'air tout aussi réticent que moi.

— Dit non, me murmure t'il.

— Tu sais ce que je risque si je fais ça ?

Inutile de chuchoter, l'ouïe des surnaturels leur permet de tout entendre. Vraiment tout !
Notre petit échange a peut-être échappé aux enfants et aux loups qui se sont désintéressés de la cérémonie, mais ceux qui sont un minimum concentrés ont capté chaques petits détails . Y compris Maïwenn et Gregor.

— Je n'ai pas envie de me coltiner une mauvaise cuisinière qui terrorise ses commis.

— Moi, une mauvaise cuisinière ?

Cette fois, j'ai haussais le ton. Perdu pour perdu, on ne s'attaque pas à ma cuisine !

Du haut du rocher, les deux alphas grognent à l'unisson. Que nous soyons d'accord ou pas, c'est l'entente entre les deux meutes qui passent en premier.

— Ils ont raison, nous n'avons pas le choix.

Owen soupire. Je ne le connais que depuis cinq minutes, mais il m'a l'air bien compliqué à gérer.

— Promettez vous ? répète Maïwenn.

— Je le promets, répond Owen.

— Je le promets...

Derrière nous, les deux meutes se transforment sans prendre la peine d'ôter leurs couches de textile, et poussent des hurlements en pointant le museau vers le ciel. Une petite pointe de fierté naît dans mon cœur et évince la colère qui apparaissait en même temps.

Nous venons de lié deux meutes, simplement en promettant de travailler ensemble.

J'ai un commis pour le concours et ma sœur sera peut-être, enfin, fière de moi.

Qu'es qui pourrait mal tourner ?

Meute, Louche et Calamité Where stories live. Discover now