Retour de pleine lune

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Je mangeais un bout et restais plus que nécessaire sous la douche. Ma vie avait basculé. Esteban, le départ, les êtres surnaturels, moi… j’étais si loin de ma vie d’avant, Rafaela et Sophie, ces deux êtres aimants qui avaient su faire de mon enfance une joie. Pourtant je devais me rendre à l’évidence : je n’étais pas angoissée, je n’avais pas peur de mon nouveau monde. Le fait que je m’habituais au lien me fit peur. Une partie de moi trouvait cela naturel et l’autre avait honte de céder.

Et puis il y avait Esteban, j’étais vraiment attirée par lui, son sourire, ses mains… Houla Laurette tu divagues là !

J’enfilais un t shirt et une culotte et m’installais devant la télé. Je zappais puis fini par m’endormir.

Vers 4h du matin je fus réveillée par des hurlements de loups. J’éteignais la télé et les lumières et entrais dans l’obscurité de la chambre. M’approchant de la fenêtre je devinais les ombres mouvantes des loups dans la forêt. La lune était pleine et la luminosité était suffisante pour voir distinctement les couples aux yeux de couleur différents se déplacer et chasser. Mon regard fut attiré au loin sur la bute par une ombre, la plus grande de toute qui veillait de ses yeux dorés sur le reste de sa meute. Esteban était un grand et bon chef. Je l’observais et mon cœur se gonfla de fierté et d’admiration quand ses yeux se tournèrent vers moi. Un doré qui traversa la nuit et vint se planter dans mon vert. Le lien était puissant, mon compagnon le disait souvent mais je savais désormais qu’il avait raison.  Mon cœur se contracta en songeant que je ne pouvais lui offrir une louve aux yeux dorés. Esteban hurla à la lune, je me glissais sous les draps et n’arrivais pas à trouver le sommeil.

Cette nuit-là je tournais et retournais dans mon lit, cherchant le sommeil sans y parvenir. Je repensais aux leçons de la journée, à la rivière, aux jeux et interdits de mon enfance.

La nuit touchait à sa fin et j’entendis la porte de l’appartement s’ouvrir doucement. Esteban entra doucement dans la chambre et marqua un arrêt « tu ne dors pas ? » affirma-t-il d’une voix que je ne lui connaissais pas.

« Oui… je ne sais pas ce que j’ai, je n’arrive pas à dormir, je tourne et pense. Je suis contente que tu sois rentré. Ça a été cette nuit ? je fus moi-même surprise de parler autant mais j’étais vraiment soulagée de ne plus être seule.

« hmmm » grogna-t-il… 
Dans l’obscurité je le vis disparaître dans la salle de bain, laissant la porte ouverte comme une invitation. Hors de question, tu n’es pas ce genre de fille ! pour autant, jeter un œil n’a jamais été répréhensible, d’autant que tant que l’eau coule je ne risque pas grand-chose. Je me couchais donc dans l’autre sens, mettant ma tête vers le bas du lit ce qui me permettait d’avoir une vue imprenable sur la douche. Je devinais le corps d’Esteban derrière la paroi. Il laissait l’eau couler sur sa tête, les deux mains posées sur le mur. Il avait l’air d’attendre que l’eau emporte tout ce qu’il portait. Mon regard fut attiré pas le sol. L’eau y était rouge. Esteban est blessé ! Ce qui explique qu’il ne bouge plus ! Je me levais d’un bon et m’approchait de la douche

« Ne viens pas » dit-il. Sa voix était étrange.

« Mais tout ce sang… » je m’approchais prudemment fixant le sol, horrifiée, et relevant la tête en scrutant son corps à la recherche d’une blessure. Je restais interdite devant son membre en érection et sursauta en voyant ses yeux dorés me fixer intensément

"Sors !" répéta-t-il, "je ne saurais pas me maîtriser si tu te refuses à moi" grogna-t-il

Je repartais dans la chambre et me couchais, ne sachant que faire.

Quelques minutes plus tard Esteban arrêta l’eau. Il passa et parti directement dans la cuisine. J’entendis la télé s’allumer. De toute évidence il semblait attendre que les choses rentrent dans l’ordre de son côté. Du mien je n’avais plus du tout sommeil. Après un temps qui me sembla raisonnable je me risquais à me présenter à la porte du salon. Il était à moitié allongé sur le canapé.

« Tu peux entrer » dit-il en ouvrant les bras dans ma direction. Il avait recouvré ses yeux sombres. Je m’installais peu sereine près de lui mais il m’attira fermement à lui purée mais c’est pas possible qu’on s’imbrique toujours si parfaitement !

" La pleine lune désanihile les loups. Rester maître de moi en ta présence est quasiment impossible. C'est vrai pour toutes les louves. Ça l'est d'autant plus avec toi, le lien me l'autorise". Esteban disait cela tout en carressant mes cheveux, ma tête posée sur son torse. "Je ne peux pas toujours maîtriser mon loup qui ne comprend pas que tu ne consentes pas à notre union physique" termina-t-il.

"Je comprends" lui dis-je

"Oh ça j'en doute" ironisa-t-il en relevant mon menton vers lui et plaquant un baiser sur mes lèvres étonnamment prêtes à le recevoir ce qui le dit grogner. Il m'attira vers lui d'un geste me positionnant à califourchon sur sa taille. Son visage était collé au mien et ses yeux me transpercèrent.

"Pourquoi ne dors-tu pas?"

"Je... Je ne sais pas. C'est ce que tu as dit sur la présentation de demain. Je ne sais pas ce que c'est, ce que je dois faire" changeais-je de sujet

"Hum. Et bien tu dois être présentée à la meute. Ils ont besoin de te connaitre. Ce n'est rien de plus qu'une  soirée officielle autour d'un repas. Les jours qui suivent la pleine lune sont les plus propices à ce genre d'événement. Nos loups sont rassasiés et apaisés." Esteban marqua une pause "Une autre question?"

"As-tu mal? Il y avait du sang et..."

"Celui de la chasse" me coupa-t-il. "J ai beaucoup, beaucoup, chassé pour ne pas penser à m'accoupler Laurette".
Je baissais les yeux.

"Une autre question Miss Détective?"

"Non"

"Dans ce cas" lança-il en se relevant tout en me soulevant tel un koala "au lit jeune fille! Demain tu as école!" Et il me mit une tape sur les fesses.

J'étais gênée, surtout parce qu'il me prenait pour une gamine. Cela me pesait. En même temps comment pouvait-il en être autrement? Il fallait que je lui prouve le contraire et rapidement...

D'une lune à l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant