Esteban

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J’avais mal à la tête et grimaçais en me frottant les yeux.

Mais c’est quoi ce bordel ? je suis où là ? mes yeux s’ouvrirent peu à peu et tentèrent de cerner mon environnement.
Bon déjà je ne suis pas attachée et l’odeur me dit que je ne suis pas dans une cave. J’ai été kidnappée par le gars au sweat c’est certain. Je me redresse paniquée quand je réalise que tout cela est réel.

Ma vision devient de moins en moins floue. A première vue je suis dans une chambre. Visiblement grande et décorée à la manière « belle époque », un peu comme ma maison playmobil quand j’étais petite. Genre petit château. Avec des rideaux qui froncent en haut et tout. Je n’ai jamais été très forte en déco du coup le vocabulaire me manque mais c'est kitchou c'est sûr. Une arrière grand-mère aurait pu être à l'initiative des choix de papiers peints.

Par contre je sais ce que ça sent. Beaucoup d’odeurs fortes m’inondent. J’ai toujours eu un odorat très développé, depuis petite, d’où mon orientation vers les métiers du « nez ». J’avoue que la première qui me vient est celle de la nourriture. Quelle honte ! la fille est séquestrée et ne pense qu’à manger. Mon estomac me répond. Traître.

Je m’aventure dans la chambre. Elle est jolie, spacieuse, il y a une porte entrebâillée menant sur une salle d’eau. Je m’approche de la fenêtre qui donne sur une forêt. La fenêtre s’ouvre. Oh les nuls ils me kidnappent et oublient de fermer la fenêtre. J’ouvre cette dernière en grand et évalue la hauteur pour sauter. Bon, faut reconnaître que c'est haut. Grande fan de roman policier je sais que dans ces cas là il fait fuir rapidement. D'autant que les kidnappeurs ne semblent pas être de grands professionnels.

Si j’arrive à atteindre les bois je serai sauvée. J’arriverais bien à trouver une route et arrêter une voiture qui me ramènera à la civilisation. Mais on est où ici punaise ?  Bon par contre c’est vraiment haut et clairement avec mes 1.65m ça va pas le faire.

En me penchant, je constate qu'il y a une gouttière sur le côté. Si je prends de l’élan, j’ai ma chance. Aller Laurette tu peux le faire, ne réfléchis pas trop ! Je prends appui sur le côté de la fenêtre et m’élance. Au moment où je n’ai plus aucun appui au sol je sens que l’idée n’était pas flambante… et commence à gainer le peu de muscles que j'ai pour préparer ma chute.

Je ferme les yeux, consciente que la terrasse en dessous ne sera pas des plus accueillante, lorsque l’odeur exquise de ma soirée d’anniversaire me saisit les narines.
Je n’ai pas le temps de m’enivrer que quelque chose m’empoigne et me ramène à l’intérieur sans aucune douceur.

« MAIS T’ES COMPLETEMENT SUICIDAIRE !! » hurle une énorme voix que je ne connais pas.

Je me retrouve plaquée au mur par les épaules. Un homme me fixe. Ses yeux sont noirs avec un réel reflet doré menaçant. C'est très bizarre cette couleur.

Et soudain tout s’arrête.

Il me fixe et le doré prend toute la place. Le temps est suspendu. Je le regarde et le sens. Putain mais qu’est-ce que je fais ! Ressaisis-toi ma pauvre Lolo ! Ses yeux fouillent mon âme et je le laisse entrer ne sachant pas pourquoi. J'ai l'impression de le connaître depuis toujours. Contrôle toi bon sang!

« Lâchez-moi ! » hurlais-je me libérant de ses mains. « Mais vous êtes qui vous ? et où je suis ? ». Ses yeux reprennent un noir profond et sa mâchoire se serre.

« Je suis Esteban » dit-il avec évidence.

Alors le type au sweat était imposant, mais lui dans le genre c’est le modèle au-dessus ! il me fait l’effet d’un géant. Il y a un truc sécurisant en lui et puis cette odeur… je renifle un grand coup ce qui ne manque pas de le faire sourire, purée ce sourire...

Non mais n’importe quoi ! T’es vraiment une grande malade Laurette putain ! Barre-toi de là tout de suite !!!

« Tu es chez moi. Au sein des miens, et des tiens maintenant »

Ah bravo, j’ai été kidnappée par une secte, à tous les coups ils sont tous en toge et tournent autour du feu en se donnant la main.

« Tu es notre princesse. Nous t’attendons depuis des années »

Bingo. De grands malades.

Alors là vu la tête que je fais je pense qu’il perçoit mon incompréhension.

Il sourit et ajoute « douche-toi et habille-toi, Suri t’a préparé des vêtements propres dans la salle de bain. Nous t’attendons pour manger, tout le monde a hâte de te rencontrer » son ton est ferme, il n’a pas l’air d’avoir souvent été contrarié.

« Ah non je ne crois pas ! » assenais-je catégoriquement. « Je ne sais pas trop qui vous êtes et je ne veux pas vous vexer mais une chose est sûre il y a erreur sur la personne. Je ne suis pas une princesse. Encore moins la vôtre. Je pense que vous devriez me ramener. Je vous promets de ne pas porter plainte et que nous en resterons là mais libérez-moi » je le fixais et parlais en prenant soin de bien articuler.
Ce type avait peut-être une légère déficience car il continuait de me fixer en souriant niaisement.

« Laurette » souffla-t-il se tenant l'arête du nez.

Comment connait-il mon prénom ?

« Tu as beaucoup à apprendre et te donner toutes les informations maintenant est prématuré. Descends, nous allons manger et nous t’expliquerons tout progressivement » ajouta-t-il.

Clairement la courtoisie qu’il mettait dans ses propos semblait forcée.

« Mais enfin vous n’écoutez rien ? » assénais-je.

« Douche ! Habits ! Repas ! » hurla-t-il en faisant vibrer les murs
« et ne t’avise pas de te rejeter par la fenêtre si tu ne veux pas te retrouver enfermée ! ». Il sortit en claquant la porte.

Mais c'est quoi ce bordel...

D'une lune à l'autreWhere stories live. Discover now