La marque

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Mon souffle se coupa et la bête s’approcha de moi tout doucement en grognant toutes dents dehors. Elle me fixait. Sans réfléchir je partis en courant dans le sens de la pente, risquant de tomber deux fois.

La bête grogna et se lança à ma poursuite. Je me pris les pieds dans ce que je suppose être une racine mais clairement les sous-bois étaient mal éclairés et mon attention centrée sur mon agresseur. Je dévalais en tonneau la pente pensant me briser quelques côtes au passage, la douleur se diffusant sur tout mon corps.

J’arrivais en bas face à un ruisseau. J’étais hors d’haleine. La bête était là derrière moi et passablement énervée. Elle se mis en position d’attaque, prête à bondir. Mon cœur battait. Je savais que je vivais mes derniers instants et ne ferais pas le poids, il fallait être réaliste. Alors je fermais les yeux et me résignais attendant l'inéluctable.

Un énorme choc retentit. J’ouvrais les yeux de surprise, le loup roux était lui-même attaqué par un loup noir encore plus gros. Les deux bêtes grognaient et se mordaient. Elles se livraient un duel à mort sous mes yeux. Sortant de ma tétanie je savais qu’il me fallait fuir.
C’était une chance que les animaux soient occupés entre eux et je devais m’en saisir pour fuir. 

Je m’élançais pour traverser la rivière mais au moment de sauter mes côtes me cisaillèrent et mon corps se paralysa m’entraînant droit dans l’eau glacée. Quelle conne ! le courant était vif et je n’avais pas pieds. Je tentais de m’accrocher à une branche ou tout autre élément me permettant d’arrêter de dériver mais en vain.

Mon corps était gelé et engourdi. Cette fois je sentais que c’était la fin pour moi. Un rocher m’arrêta au beau milieu du courant. Mon corps ainsi bloqué je restais immobile ne sentant plus rien. Les larmes aux yeux, la douleur dans l’âme je me laissais aller quand c’est ton jour c’est ton jour me dis-je.

Tout devint noir.

 Je sentis l’odeur de musc et de sous-bois, je le devinais près désormais, ou alors je rêvais. Je ne sais pas. Je sentis qu’on me bougeait, mon corps n’était que douleur et tétanie. On me remuait, il y avait du bruit et des cris.

Je sentais qu’on bougeait ma tête et là à la base de mon cou, juste là où le vent souffle quand on pédale à fond les soirs d’été, là où l’on ressent un frisson quand on reçoit un baiser, là où le port de tête se fait majestueux.
A cet endroit précis je sentis quelque chose entrer en moi et se diffuser. Un mélange de douleur et d’excitation. Mon corps se réchauffa, mon cœur s’emballa et je sentis dans mon bas ventre une contraction violente de désir.

Putain c’est quoi encore ce truc ? et tout redevint noir.

D'une lune à l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant