Rencontre

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L’accueil se déroule sans que je puisse pleinement en profiter, je sens qu’il m’observe.
Sophie a déjà sympathisé avec le groupe à côté d’elle, je l’entends rire. Je suis quant à moi bien trop obnubilée par le gars au fond que je prends soin d’éviter.

Nous sortons rapidement de l’amphi et je perds l’observateur de vue dans le flot étudiant.

« cafet’ ? » lança Sophie d’un air enjoué. Je n’ai plus très faim j’avoue mais Sophie semble tellement emballée.

« Les autres y vont on les suit ? » enchérie Sophie plus sur un mode affirmatif qu’interrogatif.

« hum, je vous rejoins. J’ai besoin d’aller aux toilettes avant » lui dis-je.

« On t’attendra là-bas alors. Ne traine pas ma Lolo » dit-elle en se retournant.
Les étudiants se dirigeaient tous vers les lieux de restauration tandis que je cherchais les toilettes.

Elles semblaient indiquées à l’étage au-dessus. Je remontais donc les escaliers à contre sens du flot d’étudiants, m’obligeant à jouer du sac à dos. Enfin arrivée à destination j’entre et m’enferme dans celles du fond. Bon ok se mettre dans les WC handicapés c’est pas sympa mais c’est toujours plus grand, plus propre et y a un lavabo. J’avais grandement besoin de me rafraichir.

Je passais de l’eau sur mon visage quand la porte grinça.

Quelqu’un entrait. Mon esprit se mis en alerte quand le bruit d’aucune autre porte ne se fit entendre. Quelqu’un était là juste derrière ma porte. Je retenais mon souffle.

« Sors. »

La voie était grave et posée n’invitant pas au refus. Je gardais le silence espérant avoir mal entendu.

« Sors princesse où je vais devoir défoncer cette porte. Il t’attend et n’aime pas attendre ».

Mon cœur manquait un battement. Je ne sais ni qui est cette princesse et encore moins qui est ce il.

« Vous faîtes erreur » m’entendis-je préciser d’une voix fébrile. Son sourire était audible à travers la cloison.

« Aucune chance. Esteban vous a senti et reconnu. Il ne peut se tromper et vous attend. Ouvrez cette porte sans quoi je devrais la défoncer ». Le message était clair.

Laissant passer un moment je me persuadais que ce type ne comprenait rien et se trompait et que le simple fait de sortir lui ferait réaliser sa bévue. Je faisais donc glisser le loquet en tremblant et ouvrais la porte sur un torse portant un sweat noir: le type de l’amphi. Je levais les yeux doucement vers son visage. Le chemin me sembla long, putain que ce gars est grand ! et massif ! il bomba le torse « on y va » ajouta-t-il.

« Mais… mais… mais non ! j’ai cours et puis qui êtes-vous ? vous voyez bien que vous vous trompez de personne ?! » bafouillais-je.

« Aucune chance. Esteban vous a senti dès votre arrivée sur notre territoire. Il vous a pisté et vous devez me suivre. Maintenant. Il vous attend ». Il était si sérieux.

« Hors de question. Clairement je ne sais pas ce que je sens mais votre odorat ou celui de votre ami vous joue des tours. Je ne vous suivrais nulle part! » je devais avoir l’air d’une folle, mes yeux verts étaient de toute évidence dilatés et ma panique devait être perceptible.

Mr Capuche souleva un coin de ses lèvres. Peut-être essayait il de sourire après plusieurs siècles sans pratique ? Dans tous les cas le résultat était grimaçant.

Je tentais de passer entre lui et la porte mais putain ce gars était un menhir ! impossible de le faire bouger.

« Il faut me suivre maintenant.»

« Aucune chance ». Je commençais à paniquer et ça devait s’entendre.

Le type au sweat souffla et abaissa ses épaules « pourquoi faut-il que vous lui ressembliez ? ».

Je n’ai pas eu le temps de répondre qu’il sorti de sa poche une poudre verte qu’il me souffla au visage.

Trou noir.

D'une lune à l'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant