Prologue - Les Blancs en neige

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— Non, non, non ! Savez-vous seulement ce que sont les blancs en neige ?!

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— Non, non, non ! Savez-vous seulement ce que sont les blancs en neige ?!

Les yeux du chef passent en un instant du bleu océan au doré caractéristique de notre espèce. Il s'approche, saisit le fouet et le saladier de blancs d'œufs que je m'attèle depuis maintenant dix minutes à faire monter pour les incorporer dans ma mousse au chocolat, toujours absente sur mon plan de travail.

— Que faites-vous avec ce fouet ?! Vous jetez des sorts ?!

Le loup brandit le récipient en l'air et le montre aux autres apprentis ; vampires, fées, chamans, tous y sont. Ces derniers ont dû laisser leurs animaux à l'extérieur de la cuisine, un véritable déchirement pour eux, autant physique que mental.

— Voilà ce qui ne faut surtout pas faire ! hurle t'il.

— Mais chef, je..

— Silence, Anger ! Je m'entretiendrai avec votre sœur en fin de soirée.

La terrible menace est finalement tombée. Celle que je craignais plus que tout, l'énonciation de ma sœur. Évidemment, les autres élèves sont hilares.
Je suis la seule louve de la brigade et probablement la plus incapable à en croire les dires de notre professeur.

— Recommencez ! Les autres, dressaient votre mousse au chocolat dans les moules, mettaient là au réfrigérateur et vous pourrez vous en aller.

Avec un peu de chance, si je me dépêche et que je ne dis rien, ça passera plus vite et le chef sera satisfait de mon dessert.

***

J'en suis au quatrième essaie, et rien ne va. Mes blancs ne montent pas, ma mousse est trop sucrée, mes ustensiles se cassent, et mes préparations collent aux moules. À la cinquième tentative, le chef se rapproche, goûte, me regarde avec dédain et repose la cuillère qu'il avait attrapé au passage dans le lavabo.

— Désespérant. Rappelez moi votre but final, Anger ?

— Devenir cheffe...

Les louves ne sont pas connues pour se rebeller devant la colère foudroyante des mâles et pourtant, ce n'est pas l'envie qui m'en manque. La tête baissée, les mains liées dans le dos pour ne pas être trop impressionné par le regard du loup, j'ai l'air ridicule, me battant pour ne pas me redresser et lui rendre la monnaie de sa pièce.

— Je plains vos pauvres clients. À ce stade là, les gens qui goûteront à vos plats finiront diabétiques ou intoxiqués. Nettoyez, votre sœur vous attend à l'extérieur.

D'un coup d'éponge qui m'est devenu familier, je retire les coquilles d'oeufs, le sucre éparpillé et autres ingrédients étalés sur l'établis.

Une fois la cuisine propre, je me change rapidement, hôte mon tablier brodé aux couleurs de l'académie, et sort précipitamment pour rejoindre Maïwenn. Aussitôt ma sœur en vue, je ralentis le pas. Le chef a du lui rapporter les évènements d'il y a quelques heures et elle va me donner une de ces leçons comme je les aiment.

Je ne suis plus qu'à quelques pas lorsqu'un grognement s'échappe de sa gorge. Un grognement roque, animal et effrayant.

Elle ne prend pas la peine de se déshabiller, entame sa transformation et me menace, visiblement aveuglée par la colère.
Je suis plus soigneuse avec mes affaires, et si je devais racheter des vêtements à chaque fois que je me transforme, ce serait tout mon misérable salaire d'étudiante qui y passerait.

J'entame ma transformation après avoir enlevé mes quelques couches de textile, et attend que ma louve apparaisse.
J'ai toujours été très vaniteuse, y compris avec le pelage de ma part animale. Des poils beiges, de grands yeux marrons innocents, et des griffes impeccables.

Ma sœur m'attaque et j'ai tout juste le temps de me jeter sur le côté.
Sa réaction peut paraître exagéré et impulsive, mais c'est ainsi dans notre meute et dans notre famille. La violence est notre unique solution, et notre seul moyen de communication.

Coups de pattes, claquements de mâchoires et sauts agiles s'en suivent, sans qu'une seule de nous deux ne touchent l'autre. En dix neuf ans de combats sans relâche contre Maïwenn, j'ai appris à me défendre, et bien plus qu'elle ne pourrait l'imaginer.

La femme d'une trentaine d'années n'a jamais eu pitié de sa pauvre petite sœur, ne l'a jamais bercé, consolé, ou encouragé. Tel est son caractère, tels sont ses habitudes. Devant ma mère, elle mettait sa violence sur le compte de ses responsabilités. Devant mon père, elle n'avait qu'à clamer à quel point elle avait réussi sa vie pour m'écarter, moi, l'étudiante ratée en gastronomie qui n'était capable de faire une pauvre mousse au chocolat.

Maïwenn me griffe le flanc et, étant plus petite qu'elle, je n'arrive pas à atteindre sa gorge pour l'affaiblir et gâche mon unique chance de remporter le combat.

Elle me renverse, me plaque et me fait bien comprendre que, si je veux rester en vie ( car il seulement question de vie ou de mort ), j'ai intérêt à me soumettre, comme toujours.

Alors je baisse les oreilles, je détourne le regard, et fait comprendre à ma sœur que je lui accorde, une nouvelle fois, mon respect, valable à chaque instant. Elle n'a pas besoin de me soumettre pour ça.

Mais un jour, je me le promets, ce sera moi qui lui ferait baisser les oreilles. Un jour, je serais à sa hauteur.

Meute, Louche et Calamité Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz