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Perdue dans le regard du beau brun, Eva sentait son coeur cogner contre sa poitrine. Isandro demeurait à quelques centimètres d'elle, des promesses suggérées dans la profondeur de ses yeux bruns.

Eva eut un instant de flottement, prête à lui offrir ses lèvres, car intérieurement, elle le désirait tout autant que lui, succomber à ce désir inattendue.

Son portable sonna.

Et la jolie blonde reprit ses esprits quand le nom d'Alfredo s'afficha sur l'écran de son portable.

— C'est lui ! Paniqua t-elle.

— Vous ne pouvez pas décrocher ici. Il se posera des questions en vous sachant à l'extérieur.

Eva observa les alentours, tandis qu'Isandro faisait la même chose.

— Suivez moi ! Dicta t-il en lui agrippant le bras pour qu'elle s'en aille avec lui.

Isandro traversa le restaurant, puis poussa une porte ou deux comme s'il en avait le droit, jusqu'à trouver un couloir ou le calme régnait.

— Ici personne ne vous dérangera. Déclara l'espagnol en s'immobilisant.

Eva hocha la tête tout en faisant glisser son index sur son téléphone.
Alfredo décrocha immédiatement.

Eva ressentit une forme d'écœurement en entendant le son de sa voix, qui ne lui procurait plus de passion dorénavant, si toutefois elle en avait déjà ressentis.

— Prend le train de demain matin. Annonça t-il sans détour.

— Je... C'est d'accord. Tu... tu seras la bas? Je veux dire à la gare. Bafouilla t-elle tandis qu'Isandro la scruter de ses grands yeux sombres.

— Non. Mais je t'enverrai une voiture pour que tu puisses me rejoindre. Je ne veux prendre aucun risque.

— Je comprend.

— Je dois te laisser. A demain. Précipita Alfredo visiblement très occupé.

Eva resta quelques secondes à réfléchir. Le bel Ortega lui laissa le temps de revenir à la réalité. Comprenant, qu'intérieurement, la douce jeune femme vivait une situation compliquée, et que bien qu'il aurait aimé le contraire, le coeur d'Eva demeurait attaché à Alfredo.

Et le beau brun aurait tant voulu l'arracher de sa poitrine. La rendre amnésique, lui faire oublier ce voyou, ce vaurien afin qu'elle puisse voir en lui un homme capable de la rendre heureuse.

— Je dois être à la gare d'almeria, demain en début d'après-midi.

— Il sera là?

— Non. Il m'a dit que quelqu'un viendrait me récupérer.

— Hors de question que vous montiez avec qui que ce soit. Déclara Isandro avec spontanéité.

— Je ne pense pas que j'aurai le choix.

— Demandez lui l'adresse et nous nous y rendrons en voiture.

— Alfredo est plus malin que ça. Il se méfie de moi. Il se doutera que quelque chose se trame. Le mieux est de suivre son plan. J'attendrai à la gare demain, et je suivrai les indications qu'il me donnera. Quant à vous, il vous suffira de me suivre.

Isandro ferma les yeux, pas franchement convaincu par le plan d'Eva Gomez. Mais incapable de lui suggérer une meilleure option, il finit par abdiquer.

— Soit. Nous procéderons cette façon, mais je vous équiperai pour entendre tout ce qu'il vous est dit.

— N'exagérez pas. Que voulez-vous qu'il m'arrive? Alfredo va très certainement envoyer un de ces sbires pour venir me récupérer. Vous n'aurez qu'à intervenir quand il pointera enfin le bout de son nez.

— Et je n'attend que ça.

Eva observa l'expression d'Isandro, elle y trouva de la colère ainsi que de la rancoeur.

— Vous ne trouverez peut etre pas l'apaisement de cette façon Isandro. Osa t-elle lui dire.

— De quoi parlez vous?

— Dans la vengeance et la violence. Vous n'y trouverez peut être rien... si ce n'est du remord d'avoir dérapé et de perdre vos moyens.

— Qu'en savez-vous?

Il la fixait d'une façon mêlant scepticisme et fascination

— Je le devine, c'est tout.

— Vous ne parviendrez pas à me faire renoncer à cet homme.

— Je n'essaye pas de...

Isandro s'approcha d'elle complètement, en plaçant ses deux mains sur les fines épaules d'Eva. Elle frissonna face à ce contact chaleureux et perturbant.

— Vous me fascinez Mademoiselle Gomez. Je me pose mille et une questions sur vous. Et l'une d'entre elles, me taraude bien plus que les autres.

La jolie blonde releva le menton signe qu'elle se demandait de quoi Isandro faisait allusion.

— Alfredo vous inflige un traitement que je qualifierai de lâche. Levez la main sur une femme est clairement un signe de faiblesse.

— Alfredo ne...

— Votre déni vous appartient ma chère Eva. Je ne cherche pas à vous bousculer sur ce terrain là. C'est lui le coupable. Et vous n'êtes que cette tendre proie qu'il a réussi à capturer.

Les yeux d'Eva devinrent humides et rapidement sa vision s'embruma.
Isandro avait certes touché un point sensible.

— Pourquoi tolérez vous une telle situation? Qui a t-il de si merveilleux chez cet homme pour que vous l'aimiez toujours? Se permit de demander Isandro avec comme interêt principal d'avoir des réponses à ses interrogations.

— Je ne l'aime plus. Craqua Eva en laissant son chagrin ruisseler le long de ses joues.

Le bel espagnol la retenait toujours fermement entre ses mains, désormais incapable de la laisser partir.

— Alfredo... m'avez fait une promesse.

— Laquelle?

— Anna. Il m'a eut grâce à ma soeur.

Isandro n'y comprenait rien. De quoi parlait-elle?

— Ma soeur jumelle a disparu du jour au lendemain. Elle s'est enfuie avec un homme. Rapidement Alfredo s'est montré très impliqué dans la recherche d'Anna. C'est ainsi que nous avons fait connaissance. Il m'a rapidement fait la promesse de la retrouver... Trois ans que j'attend la bonne nouvelle. Trois ans que je me persuade que je l'aime et que tout les deux nous vivons un amour sincère.

Isandro ressentit une peine similaire à celle qu'il éprouvait depuis la perte d'Isabella.

Naturellement il plaça l'une de ses mains derrière le dos d'Eva pour la plaquer contre son torse robuste et rassurant.

La jeune femme ne résista et accepta ce réconfort qu'elle n'avait jamais trouvé chez Alfredo.
Un geste simple et affectueux. Une générosité qu'il n'avait jamais su lui offrir.

— Je la retrouverai. Déclara Isandro.

Eva releva la tête, surprise par cette parole inattendue.

— Je trouverai Anna à la condition que tu quittes définitivement ce lâche sans parole.

Elle hocha la tête avec empressement, incapable de prononcer un seul mot. Isandro l'observait toujours, entièrement hypnotisé par les deux émeraudes de la jeune femme.

Si elle pouvait savoir combien il rêvait de l'embrasser, combien il n'en pouvait plus de lutter contre cette petite voix qu'il lui répétait sans cesse de gouter à ses lèvres charnues.
Tendrement, Isandro se contenta de déposer un baisé sur le front d'Eva, seul geste d'affection qu'il s'autoriserait tant qu'elle ne lui aura pas permis d'aller plus loin.

Éva - Toi, l'imprévu. [Les frères Ortega 2]Where stories live. Discover now