Prologue

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L'humanité s'éteint quand le pouvoir de l'argent domine le monde - Le Narrateur.

En à peine quelques années, le monde a eu le "privilège" (ou le malheur, selon le point de vue) d'assister à la plus dévastatrice  des crises économiques, celle digne des scénarios les plus dramatiques de films catastrophes. Cette crise a fait fondre les caisses des Pays plus rapidement que les estimations des col blanc. 

Ensuite, John Hitchem et David Tim, meilleurs amis d'enfance, ont décidé de prendre le pouvoir non pas pour des finalités de domination - pas encore - mais pour "améliorer" le monde. Le développement durable, la sécurité et l'éducation étaient leur crédo. Du moins, jusqu'à ce qu'une femme (évidemment !) décide d'ajouter un peu de piquant à l'histoire en déclenchant une guerre d'influence et de pouvoir entre ces deux hommes visionnaires.

Petit à petit, leur rivalité a pris des allures de campagne présidentielle, chacun rêvant de dominer non seulement l'autre, mais aussi le monde entier.  Ils ont créé des sociétés totalement opposée : Les Black ( le luxe et l'abondance ) et Les Whites ( la sobriété).

La vision du monde selon John Hitchem repose sur cette idée d'assouvissement de tous les désirs style épicurien, même si, avouons-le, tout le monde n'a pas la chance d'être accepté au sein du club très sélect des Blacks. Il semblerait qu'une invitation nécessite des qualités particulières, telles qu'une apparence irréprochable, une beauté à couper le souffle, et bien sûr, un charisme qui éblouit. Les Blacks vivent dans l'opulence, nageant dans le luxe de la tête aux pieds. 

Mais lorsqu'on ne possède plus un sous, la seule chose qui nous reste c'est notre corps et par extension notre âme. 

Nombreux ont vendu leur âme au régime d'Hitchem. Des célébrités dont je ne citerai pas le nom, des sportifs, des acteurs etc...

À l'inverse,  la vision de David Tim encourage tout le monde à être plus charitable. Les Whites, avec leurs projets vertueux et significatifs, prônent le partage, l'entraide et le respect. Leur mode de vie rappelle vaguement celui des hippies  - à l'exception de l'herbe. Les Whites se contentent du strict minimum. Mais soyons honnêtes, les Blacks ont clairement l'avantage sur les Whites. Parce que personne ne veut vraiment vivre au minimum, n'est-ce pas ? On veut vivre dans le luxe pas comme nos ancêtres les hommes des cavernes. Toutefois, cette préférence ne semble pas déranger David Tim qui est persuadé que les Hommes reviendront à la raison.

Pendant que les Whites se réunissent autour de feux de camp, les Nations corrompues par la cupidité plongent sans hésitation dans l'assujettissement orchestré par Hitchem. Ils vont même jusqu'à brandir une pancarte "Blacklistée" pour stigmatiser les Moins-que-rien (les Whites, les Délinquants et les Neutres), affirmant ainsi leur suprématie.

En réaction, les exclus, un groupe impossible à négliger, expriment leur mécontentement à travers des rébellions. Les Whites, maître du "peace and love", choisissent naturellement de ne pas se solidariser avec ces "Délinquants" par peur d'être sanctionné par les Blacks, maîtres du monde. Une victoire non loyal, bien entendu.

Tout ceci révèle une division nette dans le monde : d'un côté, les riches, de l'autre, les démunis. L'ascension vers les sphères les plus élevées exige la beauté comme prérequis. L'espoir d'augmenter son train de vie repose sur une chose aussi futile, une chose aussi subjective : la beauté. 

C'est pour cela que  la plupart des Moins-que-rien aient depuis longtemps renoncé à effacer la poussière et la médiocrité incrustées sous leurs ongles ou dans les sillons de leurs visages. Certains ne veulent plus jouer aux jeux des Blacks, ils préfèrent rester dans leur misère. 

Dans la plupart des villes encore épargnées par l'emprise des Blacks, les individus beaux se font rares, presque en voie de disparition. Ils sont chassés et exécutés ou défigurés par les Délinquants qui refusent qu'ils rejoignent les rangs des Blacks.

Dans la plupart des quartiers dépourvus de la tutelle d'Hitchem, la famine fait des ravages, et chacun affiche un visage émacié. Les rats se faufilent, les maladies se propagent, et la drogue ajoute son empreinte. Elle offre aux moins fortunés l'illusion de la toute-puissance, même si cela ne dure qu'un instant, un battement de cil, avant que la réalité les ramène brutalement sur terre.

Les rues résonnent des soupirs étouffés de ceux qui tentent de survivre dans l'ombre des immeubles délabrés. Les esprits s'égarent dans l'ivresse éphémère, tandis que les âmes s'enlisent dans le piège implacable de la dépendance. 

Ils meurent de faim, mais jamais de connexion, de télévision ou de téléphone portable. Car l'Etat des Blacks s'en assure personnellement. Les Blacks rabâchent et rabâchent, encore et encore que leurs vies de rêve est la clé du bonheur. Pathétique.

Si, par chance, quelqu'un parvient à se démarquer, les Délinquants s'arrangeront pour l'exterminer, empêchant ainsi toute possibilité de rejoindre les rangs des Blacks.

Malgré le cynisme flagrant de cette pratique, certains Moins-que-rien continuent de croire que la finalité de la vie c'est de devenir un Black.

L'idéologie Black progresse d'année en année, purifiant le monde de ce qu'ils considèrent comme des vermines. Triste.

L'idéologie des Blacks se révèle purement et simplement cruelle, incitant les Moins-que-rien à s'entretuer pour se nourrir, les poussant à vendre leur âme pour atteindre les sommets. 

On peut légitimement se demander comment cette absurde comédie a pu perdurer. Qui, au sein de la société des Blacks, trouve cela juste et moral ? Comment Hitchem a pu déraper à ce point, qu'est-ce qu'il gagne à faire de nos vies un enfer ? 

Dans ce théâtre grotesque où règne l'absurdité, personne au sein de la société des Blacks ne semble remettre en question la justice ou la moralité de cette tragédie humaine. Les valeurs les plus élémentaires de compassion et d'équité sont éclipsées par la soif de pouvoir et de domination.

Les Moins-que-rien sont contraints de s'affronter pour des miettes de survie, de devenir des marionnettes dans une macabre danse orchestrée par ceux qui détiennent le pouvoir, les Blacks. L'idée même de solidarité ou d'empathie est éradiquée, remplacée par un état d'esprit impitoyable qui exige le sacrifice des plus vulnérables au nom de l'ascension sociale.

Le monde se divise ainsi davantage, chaque jour, entre les riches et les pauvres. Les rares individus considérés comme beaux ont un accès privilégié aux privilèges, tandis que les autres se débattent dans l'obscurité de la misère...

Cependant, au sein de cette dystopie, une question persiste : comment une société peut-elle rester indifférente à une telle cruauté, à une telle perversion de l'humanité ? 

Les membres de la société des Blacks, englués dans leur idéologie déshumanisante, semblent aveugles aux conséquences dévastatrices de leurs propres actions. Ils baignent dans l'or, impossible qu'ils bougent le petit doigt pour des Moins-que-rien. C'est inconcevable. C'est presque prévisible pour des personnes qui possèdent tout ce qu'elles veulent.

Peut-être que quelque part, enfouie sous les couches d'indifférence, il reste une lueur de conscience qui attend d'être ravivée. 

Peut-être que l'absurdité de cette comédie sans fin finira par être perçue, et que des voix s'élèveront pour remettre en question le statu quo. 

Mais pour l'instant, le rideau sombre de cette tragédie continue de tomber sur un monde où l'injustice et la brutalité semblent avoir trouvé une place permanente...

BrisésOnde as histórias ganham vida. Descobre agora