6. Warren

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C'est bizarre d'entendre les punchlines de monsieur Collins sans en être la cible. En tout cas, c'était beau à voir. Et Kamëlya lui tenait tête même si je voyais bien que ça la touchait énormément.

Par exemple, quand il a sous-entendu que sa chirurgie esthétique était ratée, elle l'a très mal pris, c'est pourquoi elle a renchérit. Je ne la connais pas personnellement, mais je peux affirmer qu'elle déteste qu'on remette en question son talent, son succès et ses nombreuses opérations chirurgicales.

— Man, elle t'a fait un sourire, singuile Thomas un sourire moqueur aux lèvres.

Je n'ai pas arrêté de la regarder, et elle ne m'a fait aucun sourire.

— Peut-être.

— Essaye de savoir si elle est toujours avec son milliardaire...

— Comment tu sais que c'est un milliardaire ?

— Google.

— Sympa l'outil de repérage ! Je dois me remettre sur les rails de la séduction, j'ai tout à revoir.

— L'important c'est de savoir si y' a moyen ou pas.

— Oui, il y a. Elle est célibataire.

— Comment tu sais ?

— Britty.

Même si Brittany m'avait dit qu'elle l'avait fait rompre avec son rousseau, j'ignorais si elle était intéressée par moi.

Et seul Cassidy peut m'aider mais la blonde me boude. De toute manière, je suis pas certain qu'elle me soit utile, je vois d'un très mauvais œil leur amitié. Je suis certain, que Cassidy a une idée derrière la tête...

— Man, on fait un pari, celui qui le remporte donne un gage à l'autre, t'es chaud man ? dit Thomas, un sourire malin aux lèvres.

Thomas et les pari, c'est une grande histoire d'amour, je peux vous l'assurer. L'année dernière on a parié qu'il arriverait à sortir avec Chaussette, et le petit a réussi ! Sauf qu'on n'avait pas prévu qu'il tombe amoureux d'elle. C'est pas de bol, hein. 

— Ça marche, dis-je en chuchotant car le prof avait repéré nos petits bavardages.

— Baddon, vous me croyez aussi bête que ça ? Vous ne pensez quand même pas que je ne vous entends pas bavarder ? demanda monsieur Collins, faussement énervé.

Mon ami à ma droite était mort de rire.

— Monsieur je ne parle pas tout seul, hein Thomas, dis-je en me tournant vers mon ami.

— Bon cessez de parler ou je vous exclue de mon cours. Qu'attendez-vous que je fasse, Baddon ? Que je vous bannisse de ma matière ? N'oubliez pas que ma matière a un coefficient très élevé !

Je trouve que monsieur Collins y va un peu fort. J'pense que depuis le temps, les gens doivent savoir qu'il me déteste, pourquoi exagérer la chose ? Peut-être que dans sa logique, une amitié entre un prof et un élève est passible de trente ans de prison et un milliard de dollars d'amende. 

— OK, on va arrêter de parler, jura Thomas.

La sonnerie sonne à la fin de l'heure et nous sortons de la salle de classe direction notre prochain cours. Je marche vite de façon à pouvoir parler avec Kamëlya.

J'avais un plan.

— Warren, attends-moi, pourquoi tu marches si vite ? demande Brittany un brin déçue que je ne l'ai pas attendu.

Mais cette fille est en couple, je ne peux pas me permettre de passer en seconde zone. Comme à chaque fois.

— Fais vite, lui ordonne-je en lui faisant un signe de la main pour qu'elle me suive.

— Tu vas où comme ça ? Rejoindre la nouvelle c'est ça ? s'énerve la brunette.

— C'est le plan, Britty.

— Salut, soufflé-je en voyant son petit ami arrivé, un sourcil levé, comme s'il ne comprenait pas pourquoi je parlais avec sa meuf.

— Vous faites quoi les gars on a cours, hein, nous informe Akeem, en squattant les hanches de Brittany avec ses grosses mains de primate.

— Warren on en reparlera, dit Brittany en lâchant deux gros bisous sur la bouche du primate.

— On verra, dis-je pensif.

Kamëlya arrive devant la salle de cours, je l'attends. J'avance vers elle, et entame la conversation.

— Pourquoi tu as eu recours à la chirurgie esthétique...

— Bonjour, d'abord.

— Bonjour.

— Pour revenir à la chirurgie esthétique, tu es la première personne à me poser la question, ironise-t-elle.

— Suis-je le plus courageux d'entre tous ?

— Tu es le pire journaliste que j'ai rencontré de toute ma vie, tu manques de tacte et de charme...

— Le rapport ?

— Un journaliste beau aura ses réponses.

— Ce qui veut dire que je ne les aurai jamais ?

— Tu as de l'humour, tu deviens intéressant, dit-elle d'une voix suave.

— Écoute, on n'est pas sur le plateau de Jimmy Fallon ! Je veux une réponse.

— Sans blague ?!

— Pourquoi t'as changé ton apparence ? C'est à cause des Blacks et des normes de beauté ? Ou pour gagner des tas d'abonnés sur les réseaux ?

— Tu t'enflammes pour un rien, ta vie est si ennuyeuse que ça ? Ne compte pas sur moi pour être un sujet d'investigations.

Je vois que mes questions au sujet de sa chirurgie la rendent agressive. Je prends note.

— Pourquoi sur Google on ne voit pas des photos de toi avant ton succès ? Et pourquoi on ne connaît pas le prénom de tes parents ? Tu n'as pas de famille ?

Elle ouvre sa bouche mais ne dit rien. Je tiens quelque chose. Je note le mot famille dans mon carnet imaginaire - celui à choses qui énerve Kamëlya. Je suis fière de moi, je parie que d'ici deux jours, je connaîtrai sa faiblesse.

— De toute manière, tu agis comme si ça se voyait autant. Si le prof n'avait pas fait son fouineur, personne ne l'aurait remarqué.

— Si, moi. Car je te trouvais beaucoup trop belle pour être d'origine. J'avais des doutes. Et puis le prof n'a pas cherché longtemps, on tape ton nom sur Google et on tombe direct sur un article qui parle de tes nombreuses opérations chirurgicales...

— Sans déc ?! Tu veux un bonbon pour ta bonne déduction, mon gorille ?

— Arrête avec ce surnom.

— Et pourquoi ça ?

J'entre dans la salle. Elle explose de rire. 

BrisésWhere stories live. Discover now