13. Kamëlya

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— Tu as du talent, c'est bien.

Nos conversations sont un jeu auquel je prends plaisir à jouer. Je suis consciente de l'effet que j'ai sur lui, de la manière dont je le déstabilise sans même dire un mot. Il a beau me dire que ce n'est que de la comédie, je connais mieux les hommes que quiconque.

Ma beauté est peut être artificielle, mais elle n'en reste pas moins efficace sur lui.

Je le regarde lutter, cherchant à retrouver son assurance habituelle.

— Je te fais de l'effet, c'est certain.

— Non, tu sais pourquoi ? Parce que tu es fausse. Tu as eu recours à la chirurgie pour devenir belle c'est ça ? Mais tu m'as dis que tu étais fille de riches, les Blacks engendre des Blacks, n'est-ce pas ? Seuls les '' gorilles'' sont obligés de passer sous le billard pour embellir, hein. Alors je conclus que tu étais comme nous avons de devenir une Black... dit-il avec un petit sourire.

Il me déstabilise avec ses questions. Celles-ci sont comme des coups de poignard qu'il m'enfonce dans la peau.

— Ta vie ne me semble pas très intéressante, tu cherches une source d'occupation, mon pauvre gorille.

— Tu m'intrigues, Kamëlya.

Je pouffe de rire. Et puis même si ce garçon est observateur, je n'aurai qu'à nier. Il sait que j'ai eu recours à la chirurgie esthétique et alors ?

On ne peut rien en déduire avec ça.

Et puis même s'il décide de fouiner, il ne va rien découvrir. Il ne saura que ce que je veux qu'il sache.

Il ne saura jamais les raisons pour lesquelles je suis revenue ici. Jamais.

— Bon vous ferez ces exercices pour la prochaine fois, annonça monsieur Collins.

— On les fait ensemble ? proposa Warren.

— Tu vas me ralentir, j'ai un QI bien plus élevé que le tien, dis-je en rangeant mes affaires dans mon sac à main.

— Dans ce cas-là, va résoudre l'équation, madame j'ai un QI élevé ! 

Je le fusille du regard, puis baisse la tête vers ma table. Je repense au tableau vert de la salle de classe, aux chiffres soigneusement inscrits dessus, à mes mains qui tremblaient légèrement lorsque je résolvais l'équation. Je me remémore le regard de Monsieur Collins, sa surprise manifeste quand il a réalisé qu'il avait en face de lui un véritable génie.

À l'époque, je n'avais pas résolu cette équation pour l'argent. Non, c'était davantage pour la notoriété que cela m'apporterait. 

Cependant, je n'avais pas anticipé les réactions disproportionnées des gens. Je n'aurais jamais imaginé que mon visage se retrouverait en première page des journaux locaux, que je serais interviewée et que je perdrais autant mes moyens devant les caméras. 

Et puis il y a eu toutes ces offres de bourses, des centaines d'écoles prestigieuses qui accueillent des futurs Black, dont Berkeley m'ont proposé de venir étudier chez eux, mais j'ai refusé à cause de ce qui s'est passé avec mon père... 

— Ça va ? demanda Warren en attrapant ma trousse, pour m'obliger à le regarder.

— Oui, rend ma trousse, dis-je en perdant patience.

— C'était un petit oui, chérie, dit-il

— Vraiment j'ai pas envie de jouer avec toi, rend ma trousse, hurla-je.

Je la récupère et sort de la classe et vois Will adossé au mur devant ma salle.

— Salut, dit-il en prenant mon sac pour me soulager d'un poids.

— Merci, dis-je en passant mon bras sur sa taille.

— Tu ne réponds pas à mes textos, t'es fâchée contre moi ?

— Non, c'est pas mon application de prédilection. Je suis plus active sur Insta, mentis-je.

— J'me suis abonné à toi, mais comme tu fais ta star à ne pas me follow back, j'ai lâché l'affaire.

— Aussi rapidement ? Je pensais que les basketteurs étaient tenaces.

— On mange ensemble ? demanda-t-il en m'attirant un peu plus vers lui.

Grâce à mes talons je faisais à peu près sa taille.

— Bien sûr, souffla-je en agrippant sa main.

Il me tient à la taille et il m'accompagne jusqu'à mon prochain cours.

— Je t'ai pas dit, Kriss organise une soirée demain soir, m'annonça le basketteur.

— Une soirée en pleine semaine ?

— Comme tout le monde sera à la soirée de Warren, Kriss a avancé sa soirée.

— C'est qui Kriss ? demandai-je.

— Lui, dit-il en me montrant son fond d'écran.

— Ah, c'est lui, dis-je déçue de son apparence.

Il a un prénom nettement plus beau que son visage et ça induit en erreur.

— Je ne suis pas trop sûre de pouvoir me libérer, j'ai tellement de choses à faire. Et je pense que pour la soirée de Warren, ça va être hard. J'avais oublié, mais je passe le weekend chez ma meilleure amie, à Dubaï.

— Je vois. Dommage.

Will passe son bras au-dessus de mon épaule. 

BrisésWhere stories live. Discover now