12. Warren

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En fixant le visage de Kamëlya, je crois apercevoir le début d'une cicatrice sur son front. C'est impossible, les Blacks sont censés être parfaits, ils n'ont aucune imperfections, j'ai dû mal voir. 

Mais en regardant attentivement, je distingue clairement une cicatrice sur son front.

Elle remarque mon regard et replace sa frange.

— C'est quoi ce que tu as ? demandai-je en pointant mon doigt vers son front.

— Rien. Retournes-toi, s'énerva-t-elle.

Je peux inscrire le mot cicatrice dans mon carnet à choses qui énervent Kamëlya.

Cette fille, je n'arrive pas à m'empêcher de la trouver étrange et lunatique.

Elle rigole, puis s'arrête net, comme si un interrupteur avait été actionné. Par moments, elle semble incarner une autre personne, se perdant dans l'immensité de ses propres personnages.

Cette dualité me fascine et m'attire irrésistiblement. Je brûle d'envie de percer le mystère qui se cache derrière cette carapace de peste parfaite qu'elle arbore si fièrement.

Je me surprends à contempler à nouveau cette fille d'un regard intrigué, incapable de percer le voile qui dissimule sa véritable nature.

Qu'est-ce qu'elle fiche dans notre université ? Pourquoi une Black est-elle venue à Castle Moon ?

Il y a trop de chose que j'ignore et l'ignorence me torture.

Ses humeurs changeantes et ses réactions imprévisibles la rendent captivante, mais aussi difficile à cerner.

Depuis que je la connais, je n'ai pas arrêté d'analyser ses comportements, ses réactions pour trouver le moyen d'en apprendre plus sur cette énigmatique créature.

J'ai scruté attentivement ses interactions avec les autres, cherchant des indices, des lueurs d'authenticité derrière son masque soigneusement façonné.

Mais je n'ai rien trouvé.

Hier, j'ai fait des recherches sur elle. Toute la nuit, j'ai cherché à connaître toute sa vie, son enfance, son parcours, ses relations...

Mais je n'ai rien trouvé.

Je me demande ce qui se cache derrière ses sourires de façade sur ses photos.

Derrière l'histoire de sa cicatrice.

Derrière ses sourires éphémères et ces moments d'absence, lorsqu'elle se perd dans ses pensées en fixant la fenêtre, par exemple.

Est-ce une manière de se protéger ou de masquer une vulnérabilité dissimulée sous cette apparence de star d'Hollywood ?

Je dois m'approcher d'elle avec prudence sans qu'elle se braque. Je manque cruellement de tacte. Je vais me faire cramer si je continue de parler sans détour. Je dois aborder des sujets qui suscitent son intérêt, tout en gardant une distance calculée. Je dois parler de ses films, flatter son égo.

— T'as raison, ton côté gauche est ton meilleur profil... dis-je pour la taquiner.

— T'es déçu de voir mon profil droit ? Et puis, je ne pensais pas que tu viendrais t'installer à côté de moi. C'est peut être parce que je te fais de l'effet, non ?

— Tu me feras de l'effet le jour où tu retiras ta frange, dis-je avec un sourire narquois.

— Je t'en ferai bien plus sans mes vêtements, répondit-elle avec un petit sourire coquin.

Sa réponse me fait sourire. Il est évident qu'elle pense me faire de l'effet. Je dois rentrer dans son jeu, peut-être qu'elle finira par baisser sa garde.

Après tout, tous les coups sont permis. Au collège on m'a toujours dit que j'avais un bon jeu d'acteur. À moi de jouer la comédie.

Je me mets dans la peau d'un mec hésitant. Un mec qui cherche quoi lui répondre en vain. Un clin d'œil s'échappe de ses yeux.

— Tu es à découvert, Warren, murmure-t-elle en fixant mes lèvres.

Elle est tombée dans le panneau, la pauvre Harry Potter. Je continue d'observer chaque détail d'elle, avec les yeux grand ouvert comme si j'avais devant moi l'objet de tous mes fantasmes.

Son sourire narquois s'élargit sachant que je n'arrive pas à trouver mes mots.

— Tu es vulnérable, Warren, chuchote-t-elle, savourant chaque mot. Tes pensées se dévoilent sur ton visage.

C'est justement ce que je veux te faire croire, poulette. Son sourire en coin révèle une lueur de satisfaction. Elle croit qu'elle a le contrôle, qu'elle a fait une brèche dans ma carapace.

Elle est certaine que sa présence a le pouvoir de me rendre muet, de me réduire à un simple spectateur de son charme.

Purée, elle est pathétique.

— Je te contrôle, Warren, me nargue-t-elle.

Elle attend, impatiente, que je réponde.

— Mon interprétation mérite un Oscar, n'est-ce pas ? Moi aussi, je peux être un bon acteur, dis-je avec un petit sourire.

Son sourire s'efface. Elle est déçue. Je pouffe de rire.

BrisésWhere stories live. Discover now