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   Les bourrasques se heurtaient au visage de Max, venant caresser ses doux traits comme un amant le ferrait avant un dernier adieu. Les rues se vidaient peu à peu pour laisser place au brouillard, lui portant compagnie dans ses moments de solitude. Et les peu d'être qui s'aventuraient encore dans les allées de bitume, semblaient comme des âmes errantes, la conscience jamais apaisée.

Un joli nuage difforme de buée fuit des lèvres de la jeune femme, montant lentement vers le ciel se confondant presque immédiatement avec le brouillard. Il n'était que dix-sept heures cinquante, et pourtant, le ressenti de tous se trouvait aux alentours des vingt heures, voire vingt-et-une heures.

Blâmez la météo ainsi que la fatigue, qui, les faisait d'ores et déjà rêvasser à propos du week-end. La châtaine, elle aussi, y pensait déjà, elle n'avait qu'une hâte, rentrer chez elle et retrouver son lit.

De loin, les enseignes étincelaient, tellement que l'on aurait pu les confondre avec des étoiles à la tombée de la nuit, floutées par la brume, un côté surnaturel, irréaliste ressortait. Elle aimait cette atmosphère, elle s'y plaisait dedans, se sentait presque à sa place.

Elle frotta énergiquement ses mains entre elles, ayant oublié d'amener ses mitaines, elle le regrettait encore. Une dizaine de minutes seulement la séparait de son lieu de travail, dix minutes à marcher dans le froid, seule, la musique étant son seul réconfort.

Encore deux semaines et elle serra enfin en vacances, noël approchant à grands pas, elle pourra aussi songer à poser congé quelques jours. Son service ayant les mêmes horaires, dix-huit heures jusqu'à minuit, le lundi, mardi ainsi que mercredi. Trois jours sans elle, son patron y survivra sans aucun doute.

Un bruit strident sonna au moment où elle passa la porte du seven-eleven. Elle salua la personne à la caisse et se dirigea vers les vestiaires afin de poser ses affaires dans son casier.

Cela faisait maintenant trois mois qu'elle avait pris ce petit travail, et il faut dire qu'elle s'y plaisait. Les clients étaient respectueux pour la plupart et peu venaient sur ses horaires, lui permettant de travailler de temps à autre sur quelques projets à rendre, ou sur lesquels elle devait s'avancer.

Et ce qui ressortait le plus du lot, ce fameux garçon aux aires de golden retriever, Jake.

Tu peux y aller si tu veux, je suis déjà prête, s'adressa Max au vendeur qu'elle allait remplacer.

Elle lui porta peu d'attention, franchement pas intéressée par lui, elle lui dit tout de même au revoir, n'oubliant pas ses manières.

À présent, confortablement posée sur son tabouret, elle attendait avec impatience vingt-deux heures pétantes.

⭒✯⭑

Jake avait cette vilaine impression qu'il passait toute son existence à souffler, d'agacement, d'amusement, de plaisir, d'ennuis comme il venait de le faire. Il avait passé une affreuse journée et il n'avait qu'une hâte, retrouver le sourire radieux de Max. Mais pour cela, il devait encore patienter deux longues heures.

Il avait en plus de cela fini les cours plus tard, un professeur ayant apparemment décidé de faire grève n'avait pas montré le bout de son nez de la journée. Au lycée, il aurait sauté de joie, couru vers la sortie accompagné de ses amis et trainé dehors des douceurs et boissons sucrées dans les bras.

Cependant, maintenant qu'il était à la fac, cela représentait plus un fardeau aux yeux de tous. Cela était l'équivalent d'une somme de travail plus élevé, car il fallait tout de même tout rattraper du programme. Alors, il ne se réjouissait pas plus que cela, de plus cela voulait dire qu'il avait davantage de temps à attendre avant d'aller voir Max, de longues heures à poiroter dans sa chambre.

Shout Out | Sim JakeWhere stories live. Discover now