Shout Out | Sim Jake

0.4

   Le mardi suivant, il répéta le même processus, faisant cette fois-ci plus attention aux personnes pressant le pas, en ce froid de canard, afin de rentrer chez eux. Seuls certains couples n'avaient pas encore déserté les allées bétonnées, bien trop occupés, main dans la main, à se partager leur amour.

Et cela serait un mensonge si Jake ne se disait pas envieux, lui qui n'avait que son lit pour accepter ses douceurs. La convoitise le rongeant dans ces moments-là, souvent accompagnée d'une pure solitude. Les mains emmitonnées, une écharpe l'étranglant presque et un bonnet camouflant sa tête, il n'enviait plus que la chaleur que la supérette lui offrirait.

La petite cloche tintinnabula à son entrée. Le brun enleva brièvement son bonnet, ne voulant paraitre malpoli devant la vendeuse et se débarrassa de ses mitaines, les trouvant inutiles à l'intérieur du seven-eleven.

Rapidement, il adressa un bonjour à la limite du muet, sa voix ayant souffert des quelques minutes passées dans le froid maintenant hivernal. Et alla se servir, continuant sa routine de tous les mardis.

Un mois et une semaine étaient passés depuis qu'il avait commencé à venir ici chaque mardi, et il était sûr que l'on pouvait le qualifier de client habituel, bien qu'il ne vienne une fois par semaine, il restait tout de même fidèle à l'enseigne. À cette pensée, il pouffa discrètement, ne voulant pas s'attirer le regard de son béguin, il paraissait sûrement d'ores et déjà bizarre à ses yeux alors, il ne voulait pas empirer la situation.

Une grande lampée de limonade en bouche, il se concentra davantage, l'inquiétude se lisant sur son visage. Que devait-elle bien penser de lui, un jeune adulte venant le même jour, à l'exact même heure chaque semaine, qui plus est une heure tardive. Elle devait le prendre pour un psychopathe, attendant la moindre occasion, où plus une once de présence à l'extérieur ne résiderait, sauterait sur elle afin de  faire Dieu ne sait quoi.

Une autre pensée vint envahir ses songes, recouvrant ses joues d'une douce couleur cramoisie. Et si part inadvertance, elle le trouvait potable, pas beau, ni mignon, mais plutôt passable, tout simplement, car il ne voulait pas se faire de trop grands espoirs. Après tout, il n'était pas un jeune qui se démarquait des autres et sa personnalité, eh bien, elle attirait peu.

Jake n'était pas une personne débordant de confiance, mais il n'était pas pessimiste non plus, il avait ses complexes comme toute personne existante. Ses proches avaient beau lui continuer à lui répéter qu'il était sans défaut, jamais, il ne les prendrait réellement au sérieux, préférant de loin en blaguer, son humour cassé, voire nul étant sa seule défense.

Il tira légèrement, de sa main droite, sur ses mèches arrière, frustré de se rabaisser autant mentalement.

Une plainte sortit de ses lèvres, peut-être devrait-il juste rentrer chez lui, il se faisait tard et le froid commençait à prendre plus d'ampleur. Les quelques flocons collés à la vitre témoignant de la température extérieure, arrachant par la même occasion une grimace à Jake.

Le brun se leva donc de son tabouret, se prépara à partir, se couvrant de nouveau. Il partit en direction de la porte quand il entendit quelqu'un l'appeler derrière lui :
— Excusez-moi, excusez-moi monsieur, recommença-t-elle un peu plus fort cette fois-ci, je crois que vous avez oublié ceci, elle se baissa légèrement, empêchant Jake d'admirer son beau faciès, une de ses mains lui tendant le bout de tissu noir.

— Ah, il se frotta la nuque, gêné que sa première interaction avec elle soit aussi miteuse, merci beaucoup...? Il imposa un silence, laissant sa question en suspend, récupérant son bonnet.

— Max, lui répondit simplement la jeune femme.

— Max ? Sa tête s'inclina sur le côté, la curiosité titillant sa conscience.