16. Amor fati - partie 2

6 1 0
                                    


Irène cacha son visage dans ses mains, elle ne voulait pas entendre ça. Elle ne voulait pas qu'on donne aux autres encore plus de motifs de la détester. Elle ne voulait pas être la responsable toute trouvée de ces sanctions. On aurait vite fait de dire qu'ils étaient punis à cause d'elle.

« Pour le détenu Elliot Mouton, pour avoir poussé et agressé physiquement un autre détenu, il a été décidé que la sanction en pareil cas serait de trois défaveurs. »

Des cris de surprise s'élevèrent, choqués ou simplement étonnés. Irène se rencogna dans sa chaise.

« Le conseil a toutefois estimé que l'intention de départ n'étant pas de nuire, mais de venir en aide, une clémence particulière serait donnée. La sanction sera donc assortie d'un sursis. »

Irène se détendit un peu.

« Pour le détenu Enzo Cervis. Pour avoir saisi votre camarade et l'avoir immobilisé contre son grès dans le but évident de mettre fin au conflit, il a été décidé que, pareillement à Elliot Mouton, vous seriez seulement condamné avec sursis. Un sursis d'une défaveur. »

— C'est dégueulasse, clama Victoria, il n'a rien fait de mal. Il n'a même pas frappé ou bousculé.

« Merci pour votre attention. »

Irène sortit de sa coquille en tremblant comme une feuille : il n'y avait rien eu contre elle. Son nom n'était même pas cité...

Les pieds d'une chaise crissèrent et Irène se tourna pour voir que Victoria s'était levée et la désignait.

— Je vous le disais ! Le conseil de direction la favorise. Ce n'est pas juste !

Elle se rassit comme on claque une porte. Fatiha et Jordan fixèrent Irène avec suspicion, pendant qu'Enzo se servait de ses frites comme prétexte pour ne pas réagir. Iphigénie la regardait aussi, l'air désolé pour elle.

Irène se leva et changea de place. Elle voulait leur tourner le dos. Mais elle se retrouva en face de François et n'aima pas ce qu'elle vit sur son visage parfaitement blanc.

— Quoi ? dit-elle. Toi aussi tu penses qu'ils me favorisent ?

— Nous verrons ça demain, dit-il en avalant une nouvelle frite.

— Tu insinues quoi ?

— Que si demain tu te fais éliminer, alors je te croirai. Ils sont au moins quatre à voter contre toi normalement. Cinq, si Iphigénie décide de les suivre. C'est plus qu'il n'en faut pour que tu sortes. Alors, une intervention de la production, c'est la seule chose qui pourrait te sauver.

Irène n'était pas surprise, elle ne s'attendait pas à ce que François la soutienne. Après tout, la situation lui convenait. Tant que l'attention se concentrait sur Irène, lui et les autres violets pouvaient dormir sur leurs deux oreilles.

— Donc si je m'en sors, je prouverai à tout le monde que je suis une sale tricheuse qui mérite d'être foutue dehors. Et si je suis effectivement foutue dehors, je suis pas une sale tricheuse, mais le résultat est le même, c'est ça ?

François haussa les épaules et Caro balbutia des excuses en petits morceaux. Même si elle faisait partie de ceux qui n'avaient pas mangé à midi à cause des épreuves, elle n'avait toujours pas entamé son repas.

Irène non plus ne toucha pas à ses frites. L'eau qui lui était venue à la bouche en entrant dans la pièce était un lointain souvenir.

Quand, à la fin du repas, tous les détenus se dirigèrent vers la sortie de la cantine. Iphigénie s'approcha d'Irène et lui parla.

Ennemis jurés TOME 1 SuspicionWhere stories live. Discover now