Chapitre 23

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Je n'avais pas besoin d'être un génie pour savoir qu'on ne devait pas donner son sang à une inconnue. Qu'on ne devait pas donner son sang à qui que ce soit d'ailleurs mis à part lors de dons de sang et de prises de sang.

Alors pourquoi hésitais-je ? 

- Je refuse, finis-je par dire. 

- Vous ne pouvez pas refuser. Je vous ai donné les réponses à vos questions.

- Vous ne m'avez donné aucune information capitale. Vous êtes libre d'exiger un nouveau prix à la hauteur des informations que vous m'avez donné si vous le souhaitez mais je refuse de créer un lien entre nous. 

Je me levais du canapé, m'arrêtais quelques secondes pour être sûre de ne pas tomber à cause des vertiges puis je m'avançais vers la porte en compagnie de Ryak.

- Faisons le marché, déclara la sorcière. Néanmoins, si vous ne respectez pas votre part du marché, vous serez maudite. Vous, ainsi que toutes les personnes que vous affectionnez. 

- Ryak, tu récapitules les termes du marché ? demandais-je.

- Lysandra tu ne permettras plus à Kaghan de se transformer en personnes humaines qu'Era ou tout membre du territoire connaisse. De plus, tu feras en sortes que la chance soit du côté d'Artan lors de la guerre finale qui l'opposera à son demi frère. Promets-tu que tu respecteras les termes de cet engagement ?

- Je le promets.

- Sur la vie de ta fille, rajoutais-je.

- Pardon ? 

- Vous comptez me maudire si je ne respecte pas la part de mon engagement. Je veux être sûre que vous respecterez également le vôtre. Le promettez-vous sur la vie de votre fille ? 

- Je le promets sur la vie de ma fille, dit-elle avec facilité comme s'il ne lui était pas venu en tête de ne pas respecter la part de son engagement.

Je ne pouvais pas en dire autant.

- Era, promets-tu de sauver la vie de la fille de Lysandra le jour où cela sera nécessaire si tu es mise au courant à temps et si Lysandra a respecté son engagement ? Si et seulement si tu ne respectes pas cet engagement, tu seras maudite ainsi que tes proches actuels. 

Je ne répondis pas pendant quelques secondes. Je n'étais pas en mesure de promettre une telle chose. Je ne savais pas si je serais en capacité de le faire. Si elle était destinée à mourir le jour de la bataille ou lors de ma grossesse, je ne pourrais pas la sauver. Je ne savais même si j'étais en capacité de faire marcher mon don. Que faire si je n'étais même pas en possession de ce don ? Il aurait très bien pu sauter une génération ou s'éteindre complètement avec ma mère.

- Je le promets. 

Je regretterai les conséquences en temps voulu.

- Bien. Je vous contacterai le jour où il faudra sauver ma fille. A bientôt. 

- Tu penses que j'ai fait une erreur ? demandais-je à Ryak quand on fut éloigné de la maison.

- On s'en rendra vite compte si c'est le cas.

Etrangement, une fois qu'on fut sortie de l'endroit où la forêt n'avait plus aucune vie, le soleil était encore haut dans le ciel. J'avais pensé devoir inventé une excuse à Artan pour lui dire où est-ce que je m'étais absentée pendant des heures. Bien que cela n'aurait pas été très compliqué vu le nombre de mensonges qui sortaient de ma bouche récemment. Mais je n'eus pas à le faire.

 - Ca va ? me demanda Artan quand j'entrais dans son bureau.

Il était seul. Assis face à plusieurs papiers. Je hochais la tête puis m'asseyais doucement sur son bureau sans m'appuyer. 

- Si seulement je n'avais pas pris autant de poids, dis-je en regardant mon corps. Je ne peux même plus m'asseoir sur toi sans t'écraser.

Il attrapa mon bras et me tira jusqu'à ce que je sois complètement assise sur lui.

- Tu es parfaite et il va te falloir prendre une centaine de kilos en plus avant de pouvoir m'écraser. Je ne sens absolument rien, tu es légère comme une plume. 

Je souris en sachant très bien qu'il mentait. Je n'avais jamais pesé autant de ma vie. Ce qui était normal considérant le fait que je n'avais jamais été enceinte et que j'étais censé accoucher dans un mois. 

- Je n'arrive toujours pas à croire que nous allons être parents, dis-je.

- J'ai hâte. 

- J'ai hâte de ne plus avoir ce ventre, de ne plus être autant fatiguée et de pouvoir me déplacer aussi rapidement que je le souhaite. 

- Tu n'oublies pas le plus important ?

- Bien sûr que j'ai hâte de rencontrer notre enfant mais j'ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur concernant son éducation. 

- Cette phrase prouve que tu feras une bonne mère. Tu seras à la hauteur. Nous serons à la hauteur. Si seulement nous n'avions pas à penser à Kaghan...

- Tout sera bientôt fini.

Malheureusement ce ne fut pas le cas. Il n'y eut aucune nouvelle de Kaghan pendant des semaines. Le mois suivant, le jour que j'attendais et redoutais tant arriva. 

Je me trouvais dans le bureau d'Artan. Ce fut le cas pour tous les jours des deux dernières semaines. Artan et moi ne nous quittions plus d'une semelle. J'eus une forte contraction alors que je regardais Artan en train de travailler. Alors qu'il levait les yeux en me souriant, il rencontra ma mine renfrognée et fut près de moi rapidement. 

Il me serra la main fortement. Il semblait avoir besoin de plus de réconfort que moi. Alors que j'étais supposée être celle qui lui tenait la main, c'est lui qui me la serrait.

- Dois-je t'emmener à l'hôpital ? 

Je ne répondis pas aussitôt. J'essayais de contrôler ma respiration. 

- Non, attendons de voir, lui répondis-je.

Cependant la prochaine contraction me fit changer d'avis directement.

- Emmène moi à l'hôpital ! 

Si on m'avait dit qu'accoucher faisait aussi mal, j'aurai fait attention à ne pas oublier de prendre ma pilule et à ce que Artan soit protégé à chaque rapport. J'ai dit plus d'insultes en quelques heures que je n'en ai dit cette année ce qui est plutôt surprenant sachant que le mot "putain" fait partie de mon vocabulaire quotidien. Je n'imagine pas quelles têtes ont du faire le personnel médical quand j'ai insulté Artan de chien

Cependant quand mes yeux croisèrent ceux de mon enfant tout changea. Il n'y avait plus douleur, plus de désespoir, plus rien de négatif.  Que du bonheur. 

Ses magnifiques yeux verts. Je ne quittais pas des yeux l'être qui se trouvait dans mes bras. Je croisais le regard d'Artan. Ses yeux étaient embués de larmes. Il me serra dans ses bras alors qu'on me prenait notre bébé des bras pour aller le nettoyer. 

Je demandais à ce qu'ils se dépêchent. Je ne l'avais tenu que quelques secondes dans mes bras. Ce n'était pas suffisant. 

- Coucou Aurélia, dis-je en souriant à notre fille. 

Elle me regarda avec ses petits yeux avant de fixer son regard sur celui d'Artan. A ce moment là, je compris pourquoi ma mère avait sauvé ma vie même si cela voulait dire sacrifier la sienne. Je pourrai tout faire pour l'être qui se trouvait dans mes bras. Souffrir, tuer, mourir. 

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Bonjour, ce chapitre est assez court mais j'espère qu'il vous a plu. 

Il ne reste plus beaucoup de chapitres, quatre ou cinq puis l'épilogue. Je vais essayer d'écrire un peu plus pour boucler cette histoire avant octobre (on est déjà fin aout, ça passe très vite). 

Merci de continuer à suivre les aventures d'Era et d'Artan. C'est le troisième tome, il y a eu beaucoup de chapitres et je ne suis pas la plus fréquente dans mes publications donc merci, merci d'être encore là. Merci infiniment.

Faith (T.3 de Believe)Where stories live. Discover now