Chapitre 22

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Miss Parker


C'était insensé, irréel, tel un étrange rêve qui dépassait les limites de la réalité, la remodelait, nous plongeant dans un tourbillon enivrant. Chaque instant était chargé d'une tension palpable, d'une électricité troublante. Si la veille, quelqu'un m'avait dit que je me retrouverais nue, menottée à Jarod, j'aurais éclaté de rire en imaginant que Broots avait décidé d'écrire un scénario érotique. Mais non, ce qui se déroulait dans ce chalet était bien réel, une fusion de désir et d'interdit, ou la raison avait cédé sa place à l'urgence du moment. Je voulais savourer chaque seconde, consciente qu'elle ne se reproduirait jamais. Devais-je le ramener au Centre aussi rapidement que possible ? Les pensées rationnelles étaient balayées par l'attraction magnétique qui nous liait.


Après avoir défait les vêtements qui nous séparaient, il se détourna de mon baiser, créant une brèche dans l'intensité de l'instant. Au lieu d'en être offensée, je cherchai des réponses, mes yeux plongeant dans les siens. Le caméléon évoqua le danger, une note d'inquiétude dans sa voix. Un éclat de rire m'échappa spontanément, bien que le froid pénétrant mordait ma peau. Nous étions en train de geler sur place, engloutis par les éléments, et il me parlait de danger que je représentais ? Je soulignai ironiquement que mourir de froid incessamment sous peu n'était guère plus sûr, les mots se formant dans une bouffée de vapeur dans l'air glacial. Son argument était parfait, je ne le contredis pas, nous avions froid tous les deux, nos souffles se mêlaient en volutes brumeuses... mais j'avais envie de lui.


Malgré son apparente hésitation, une certaine partie de son corps trahissait Jarod et me prouvait qu'il en était de même pour lui. Les battements de son cœur s'accéléraient, visibles à travers la fine couche de chair qui nous séparait. Je lui proposai de prendre également un verre pour se détendre et réchauffer nos gosiers quelques instants, mais il refusa, sa voix se perdant dans le crépitement du feu qui dansait dans la cheminée.


« — Ça réchauffe, » rétorquai-je d'un ton doux, mes épaules se soulevant légèrement. Nos regards se croisèrent quelques secondes, un échange muet qui en disait long sur nos désirs mutuels. Puis, soudain, il sembla céder, laissant ses lèvres fondre sur les miennes dans un baiser fiévreux. L'instant se teinta de passion dévorante, nos souffles se mêlant dans un rythme effréné. Je me blottis contre lui, cherchant sa chaleur, nos corps fusionnant dans une danse frénétique. Il interrompit brièvement notre étreinte buccale, un arrêt qui sembla durer une éternité, et je trouvai cela insupportable. Mon regard impatient le défiait, l'interrogeant silencieusement.


« — Quoi encore ?! » lançai-je d'une voix teintée d'excitation et d'impatience, mes yeux pétillant d'un désir brûlant.

« — Tu te fous du monde ? Les manchots se débrouillent très bien, toi tu as encore une main libre, ça devrait aller, non ? » répondis-je, mêlant audace et humour à mes mots.


Peut-être était-ce l'effet enivrant du désir, de la passion qui nous embrasait, ou même de l'alcool immonde que j'avais ingurgité, mais je n'étais pas stupide. Je ne le détacherais pas, mon choix résolu et provocateur.


« — C'est à prendre ou à laisser, mon vieux, » susurrai-je d'une voix chargée de promesses, mes yeux brillant d'une lueur impertinente.

En pleine tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant