Chapitre 7

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Jarod 


Sauver une vie au détriment de la mienne était une éventualité à laquelle j'avais songé maintes fois, surtout depuis que j'exerçais en tant que pompier. Mais jamais encore, depuis mon arrivée, n'avais-je été confronté à une situation aussi périlleuse. Ce jour-là, cependant, semblait celui où cette éventualité se matérialisait enfin. Sans perdre davantage de temps, j'ai pris une décision irrévocable : je devais laisser mes collègues rapatrier en urgence la famille du gîte tandis que je m'occuperais de la personne en contrebas, afin de lui éviter la pire des alternatives. Si seulement j'avais possédé une connaissance omnisciente, je n'aurais certainement pas pris le risque de sacrifier même ma liberté.

Les événements se sont enchaînés rapidement, tels des fragments d'une scène captivante. Un coup de vent violent a soudainement éclaté, faisant voler en éclats la vitre devant moi. Et puis, l'inattendu s'est produit : une menotte s'est refermée autour de mon poignet, me liant malgré moi à celle qui me pourchassait, son triomphe étincelant dans son regard. Ma liberté s'est évaporée en un instant, captive de cette situation imprévue. Cependant, l'arbre majestueux dans lequel la voiture était encastrée a rappelé au pompier en moi la dangerosité inhérente à cet environnement. Loin d'hésiter, guidé par mon instinct et boosté par l'adrénaline, j'ai réussi à extraire miss Parker de l'habitacle, dans une synchronisation parfaite, échappant ainsi à une chute imminente. Hélas, le dernier cri de la technologie, le téléphone portable de la demoiselle, n'a pas eu la même chance.

Les bourrasques de vent nous ont contraints à élever la voix pour nous faire entendre au milieu de ce tumulte. « — Ce n'est pas la peine de le chercher ! » ai-je lancé d'une voix froide tandis que ma poursuivante entreprenait une première reconnaissance. « — Il faut qu'on trouve un abri, maintenant... » La quête du portable était futile dans de telles circonstances. C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, une entreprise aussi risquée que vaine. J'ai pris les devants, reprenant le chemin inverse, guidant de force la « charmante » Mademoiselle Parker vers un endroit sûr. Du moins, j'ai essayé, jusqu'à ce qu'elle me dérobe mon talkie-walkie d'un geste habile, le faisant choir dans le courant d'eau qui serpentait à nos pieds.

« — Mais tu es malade ? » La colère a jailli de mes yeux, transperçant notre regard pour la première fois depuis nos retrouvailles. « — Ou inconsciente. Je n'arrive pas à me décider. » Cependant, elle ne s'est pas laissée démonter et a pris le contrôle de la situation, m'obligeant à la suivre à l'intérieur de la demeure saisonnière, qu'elle a verrouillée presque aussitôt. « — Tu sais que c'est complètement idiot de nous avoir menottés ? On en a pour des heures, voire plusieurs jours. De toute façon, je n'irais nulle part. Alors, détache nous ! Tu as fait ta petite démonstration, bravo ! Maintenant, il faut qu'on allume un feu pour se sécher un peu. Avec une main, je risque d'avoir du mal. À moins que le chien de garde du Centre n'ait une meilleure idée. »

En pleine tempêteWhere stories live. Discover now