Chapitre 5

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Jarod 


Je me suis donc séparé de mes hommes, les exhortant à s'occuper des habitants du chalet tandis que moi, je me chargeais de la berline accidentée. L'urgence était palpable, car le/la propriétaire du véhicule risquait d'être coincé à l'intérieur. Cette situation périlleuse n'était pas nouvelle pour moi. Fort de mon expérience, je savais qu'il ne fallait pas se laisser dompter par ses émotions et qu'il était essentiel de garder la tête froide.

La berline était une voiture luxueuse de marque allemande, son allure gracieuse maintenant ternie par l'accident. Les vitres brisées laissaient échapper la pluie torrentielle qui s'abattait sur elle. Le vent violent faisait vaciller les branches d'arbres environnantes, ajoutant un sentiment d'instabilité à la scène déjà chaotique.

« — Berline, marque allemande. Je crois qu'il n'y a qu'une personne à bord. À vous ! » lançai-je d'une voix pressante en appuyant sur l'émetteur qui me permettait de communiquer avec mes camarades.

La communication s'entremêlait avec les crépitements électriques dans l'air, rendant mes paroles parfois inaudibles. Les mots se perdaient dans l'atmosphère tendue, alors que mes coéquipiers se hâtaient pour secourir les occupants du chalet voisin.

« Une famille de quatre personnes. On procède à l'extraction. À toi ! » me répondit une voix lointaine, transmise par le biais de l'émetteur.

Soudain, un éclair déchira l'horizon, éclairant brièvement la scène chaotique devant moi. La pluie tombait intensément, formant des torrents qui se mélangeaient à la boue autour du véhicule accidenté. La visibilité était réduite, rendant encore plus difficile l'accès à la personne bloquée à l'intérieur.

J'étais seul, prenant des risques conscients dans cette situation dangereuse. Le vent cinglant s'engouffrait dans mes vêtements trempés, alourdissant chacun de mes mouvements. Le poids de mon équipement pesait sur mes épaules, ajoutant une pression supplémentaire. Pourtant, malgré ces difficultés, je m'efforçais de rester concentré, sachant que je ne pouvais abandonner cette personne à son sort.

Après avoir frappé contre la vitre embuée à plusieurs reprises, je tentai d'apercevoir la silhouette de la personne à l'intérieur de la voiture. Mais la combinaison de l'obscurité croissante, de la pluie battante et du verre brisé rendait la tâche presque impossible.

Je fis le tour de la berline, m'assurant que les environs étaient sécurisés malgré la violence du vent et les branches d'arbres menaçantes qui ployaient dangereusement. Chaque pas était calculé, chaque geste était précis, car je ne pouvais me permettre d'ajouter un accident de plus à cette situation déjà critique.

« Jay. On a tout le monde... » réussis-je à comprendre entre les interférences de l'émetteur.

La communication devenait incertaine, elle aussi, perturbée par la tension électromagnétique environnante. Tout en continuant d'appuyer sur le bouton de mon émetteur, j'entendais de manière fragmentée les paroles de mon interlocuteur. L'un des membres de la famille sinistrée semblait gravement blessé, nécessitant un départ immédiat.

« — Les gars, tirez-vous ! Je vais m'occuper de la personne qui est ici et nous trouverons refuge dans l'un des chalets. Nous ne prenons plus de risques supplémentaires. À vous ! » Ai-je pris la bonne décision ? Je doutais, mais les pompiers ne pouvaient plus attendre. C'est le cœur lourd qu'ils quittèrent les lieux avec les blessés, me laissant derrière en tant que leur nouvelle recrue.

Les sirènes des véhicules de secours s'éloignèrent, emportant avec elles l'agitation et l'adrénaline. Le silence s'installa, rompu uniquement par les gémissements du vent qui soufflait à travers les arbres dénudés. Le ciel s'assombrissait davantage, reflétant la gravité de la situation. L'arbre dans lequel la berline avait terminé sa course était un témoin silencieux du danger imminent.

La direction du vent fragilisait les dernières défenses de l'arbre. Ses branches agitées semblaient danser une danse macabre, prêtes à céder à tout moment. Si l'on tendait l'oreille, on aurait presque pu entendre son râle, comme si le conifère exprimait sa supplication l'espace d'un instant. Mais loin de ces considérations poétiques, je fis un nouveau tour de la voiture.

La personne à l'intérieur venait de me demander de briser la vitre. L'arbre se mit alors à tanguer, menaçant de s'effondrer sur nous à tout instant. Je me précipitai vers la portière, mes gestes se faisant plus précipités. Dans un geste rapide, j'attrapai une pierre à proximité et la brandis avec détermination. Mais que l'on se rassure, avant de jouer les bourrins et de découvrir l'identité de la propriétaire du véhicule, je fis signe à la demoiselle de s'éloigner avant d'abattre la pierre contre la vitre qui se brisa presque aussitôt sous l'impact.


« — Nous avons peu de... » J'eus à peine le temps d'aller plus loin dans mon argumentation, me rendant compte que j'étais face à une mademoiselle Parker armée et résolument prête à me mettre le grappin dessus. Son regard déterminé et son arme brandie témoignaient de sa détermination à protéger ce qui lui appartenait.

« — Mademoiselle Parker ! » m'exclamai-je, dépité et abasourdi de m'être fait prendre aussi facilement. Mon expérience et mon instinct m'avaient habitué à anticiper les situations dangereuses, mais cette fois-ci, j'avais été pris au dépourvu. La tension de la situation était palpable, exacerbée par le grondement menaçant de l'arbre à proximité.

« — Tu me feras ton numéro de chasseur de primes du Centre plus tard. L'arbre va nous tomb... » commençait-je, mais avant que je puisse finir ma phrase, un éclair vif et puissant s'abattit sur le conifère. L'énergie électrique déchira l'obscurité, illuminant brièvement la scène chaotique. Sans réfléchir, je saisis le bras de Parker, l'entraînant à l'extérieur du véhicule. Les secondes s'écoulèrent dans un tourbillon d'adrénaline alors que nous courions à toute allure, cherchant à échapper à l'inévitable catastrophe imminente.


« — COURS ! » criai-je, ma voix portée par le vent fougueux. Chaque battement de mon cœur était un rappel de la fragilité de notre existence dans cet instant critique. La pluie nous fouettait violemment, mêlée aux branches déchirées qui tombaient du ciel assombri. Le grondement de l'arbre déchu était devenu assourdissant, accompagné du craquement sinistre de branches se brisant. Les débris volaient tout autour de nous, laissant présager un danger imminent.

En pleine tempêteWhere stories live. Discover now