Chapitre 3

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Jarod


Le vent continuait de redoubler d'intensité, rugissant furieusement à travers la lande désolée. Les épais nuages gris s'étendaient à perte de vue, alourdissant l'horizon de leurs ténèbres oppressantes, sans laisser filtrer le moindre rayon de lumière. Une atmosphère déprimante, étouffante, pesait sur notre moral, comme l'avait souligné l'une des dernières recrues de notre unité, dont les paroles se perdaient dans les hurlements du vent.

Sentant l'urgence de la situation, je fis signe à deux pompiers plus expérimentés de me suivre. Nous nous dépêchâmes de nous changer et d'enfiler nos uniformes, ajustant méticuleusement chaque pièce d'équipement essentielle. Ensuite, nous chargeâmes rapidement le SUV que nous avions prévu d'emprunter, tandis que je fis un bref retour en arrière pour donner des consignes à ceux qui restaient à la caserne, leurs regards empreints de préoccupation. Une fois prêts à affronter les éléments déchaînés, nous nous lançâmes sur la route, cherchant à regagner la sortie de la ville assiégée.

Restant connecté à une station de radio qui délivrait des bulletins météo toutes les heures et des informations en continu, j'écoutais attentivement, une légère grimace se dessinant sur mon visage lorsque la voix à l'autre bout de l'émetteur évoqua des rafales d'une violence inouïe, surpassant tout ce que nous avions connu jusqu'à présent.

« J'suis à Blue Cove depuis dix ans et c'est la première fois qu'on se tape une tempête aussi intense. »

Mon collègue, d'ordinaire imperturbable, semblait cette fois-ci sérieusement ébranlé. Ses inquiétudes se propageaient dans l'air épais, alimentant mes propres appréhensions. Contrairement à l'homme à mes côtés, je n'étais pas un véritable pompier, mais ma mémoire se mit à fouiller frénétiquement ses archives. Je me remémorai une simulation tragique qui s'était déroulée en France en juillet 1987, où vingt-trois âmes avaient trouvé la mort lors d'une dévastatrice inondation.

« —Il n'avait aucune chance, Sydney. C'était comme être piégé dans un cauchemar sans issue. »

Je revis en pensée la scène, mes supplications désespérées à mon mentor pour mettre fin à cette simulation, sachant que le destin funeste de chacun était déjà scellé, impuissant face à la tragédie inévitable.

« Putain la vache ! » La voix du pompier à mes côtés me ramena brusquement à la réalité. La route devant nous se transformait en un véritable champ de bataille, jonchée d'arbres déracinés et de câbles électriques tordus, tels des serpents mortels.

« — Je vais essayer de trouver un abri pour le véhicule. Ça ne doit pas être loin. » En scrutant l'horizon dévasté, mes yeux tombèrent sur un panneau qui indiquait la présence de gîtes forestiers, à environ 500 mètres de notre position. Déterminé, je m'engageai sur la voie tortueuse, bravant les éléments déchaînés avec une habileté précaire, mon cœur battant au rythme des défis qui se dressaient devant moi.

Quelques minutes plus tard, j'avançais avec précaution en compagnie de mes deux camarades vers les gîtes forestiers. La route était évidemment impraticable, ce qui nous obligeait à manœuvrer le véhicule avec dextérité pour éviter de nous embourber.

« — Je vois les gîtes. Ils sont à 100 mètres tout au plus. On va laisser le 4x4 ici. Si on continue à avancer, on restera coincé. »

Nous abandonnâmes donc le SUV, laissant derrière nous le vacarme des éléments déchaînés. Alors que nous nous hâtions vers les abris, un arbre colossal s'effondra juste devant nous, frôlant le véhicule d'un souffle et le faisant tressauter sous le choc.

« — Ne perdons pas de temps ! » hurlai-je, mon cri étouffé par le rugissement du vent. Mon regard se posa sur une berline noire, à moitié dissimulée sous les branches tombées, en contrebas du chemin près du lac.

« — Merde ! Il y a une voiture en bas. Je dois aller vérifier si tout va bien. Exfiltrez les personnes à l'intérieur des gîtes. »

Mes camarades exprimèrent leurs inquiétudes quant à ma sécurité. « Mais toi, Jarod ? C'est dangereux », s'exclama l'un d'eux.

« — Pas autant que de rester en bas. Ne vous inquiétez pas pour moi. Allez, dépêchez vous ! »

La pluie martelait mes épaules, transformant mes vêtements en une seconde peau humide. Je me séparai de mes camarades, m'engageant sur une pente glissante, me rapprochant de la voiture accidentée. Sans réfléchir et ignorant toujours l'identité de la propriétaire du véhicule, je frappai contre la vitre frêle et embuée.

« — Je vais vous aider à sortir de là ! Votre porte est bloquée ? » Je m'efforçai de garder mon équilibre, mon regard s'attardant sur le lac qui se gonflait à vue d'œil, menaçant de déborder. Le temps pressait, chaque seconde comptait, car je risquais moi aussi de me retrouver pris au piège.

En pleine tempêteWo Geschichten leben. Entdecke jetzt