Chapitre 6

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Miss Parker


C'était presque trop beau pour être vrai. J'étais en route vers le lieu d'intervention du super pompier Jarod, et voilà qu'il se précipitait dans la gueule du loup. Wonder boy en personne ! C'était au-delà de toutes mes espérances.

Il ne m'avait pas encore reconnue, mais je savais que cela ne tarderait pas. J'avais modifié légèrement ma voix en lui demandant de briser la vitre, mais le bruit des intempéries à l'extérieur suffisait à ne pas me rendre immédiatement identifiable. Ce n'est qu'au moment où il brisa la vitre, après m'avoir avertie, qu'il me reconnut. Je m'approchai de lui malgré les débris de verre pour menotter son poignet au mien. Un sourire triomphant s'étira sur mes lèvres, j'étais à la fois heureuse et soulagée. Une grande partie de ma mission était accomplie, la liberté était à portée de main !

Cependant, la voix de Jarod me ramena brutalement à la réalité. Il me sortit de la voiture et nous nous mîmes à courir. Un éclair venait de fracasser l'arbre qui retenait ma voiture, illuminant brièvement la scène d'une lueur spectrale. Des gouttes de pluie s'abattaient avec force, martelant le sol et nous trempant jusqu'aux os. Nous étions entourés d'une forêt dense, où les branches se tordaient et sifflaient sous la tempête. Une branche imposante se brisa dans un craquement sinistre et s'abattit à toute vitesse devant nous. Nous échappâmes de justesse à cet obstacle mortel, évitant de peu d'être touchés par le bois en chute. Dans la confusion, je perdis mon téléphone, qui tomba dans la rivière de boue dans laquelle nous pataugions.

« — Merde ! Non ! »

Je m'arrêtai immédiatement pour tenter de le retrouver, même si je savais que c'était peine perdue. La boue collante rendait chaque pas difficile, et mes mains s'enfonçaient dans la masse visqueuse à chaque tentative de recherche. Je n'avais pas eu le temps de contacter les renforts. Les rayons lumineux des éclairs illuminaient la scène, accentuant l'atmosphère de chaos et d'urgence. Je savais qu'il essaierait de me dissuader de continuer à chercher, comme n'importe qui aurait fait face à quelqu'un d'obstiné qui pensait pouvoir trouver une aiguille dans une botte de foin plus facilement que les autres. Dépitée, je me relevai, les vêtements collés à ma peau et chargés de boue, et nous repartîmes en avant. Nous devions nous dégager de cet endroit avant de risquer d'être emportés par le torrent de boue qui menaçait de nous entraîner au milieu du lac, où nous risquerions la noyade. Les accidents arrivaient toujours trop rapidement, et je ne voulais pas mourir, surtout pas dans la boue !

Je laissai donc Jarod me guider vers le chemin qui menait à diverses petites maisons louées par les habitants du coin. Le vent soufflait avec une telle puissance qu'il arrachait des branches des arbres et les projetait à travers l'air, ajoutant une menace supplémentaire à notre fuite. La pluie tambourinait sur les toits des maisons environnantes, créant une symphonie de sons intenses. Nous n'avions pas le temps de rejoindre la maison principale où, sans aucun doute, d'autres pompiers étaient déjà allés chercher la famille. Alors que nous étions sur le chemin, je remarquai le talkie-walkie de Jarod et me précipitai pour lui donner un violent coup de pied, le faisant tomber dans le flot continu de l'eau qui s'écoulait sans relâche.

« — Désolée mon vieux, pas de renforts pour toi. »

Nous étions accrochés l'un à l'autre, son poignet droit lié à mon poignet gauche par cette paire de menottes. La pluie continuait de s'abattre sur nous, créant un rideau d'eau à travers lequel il était difficile de voir. Je tirai légèrement pour que nous puissions nous abriter dans la maisonnette qui, en période estivale, devait être charmante. Les gouttes d'eau dégoulinaient de nos vêtements trempés, formant de petites flaques sur le sol en bois usé. Par chance, la porte n'était pas verrouillée et nous y entrâmes, complètement trempés. Mes vêtements et mes chaussures étaient remplis d'eau et de boue, c'était répugnant, mais au moins nous étions à l'abri, ce qui me procurait un certain répit. J'espérais que les collègues de Jarod ne se lanceraient pas à sa recherche. Je verrouillai la porte de l'intérieur avant de me tourner vers lui.

« — On va attendre ici que ça se calme. »

La question était : combien de temps ? L'atmosphère à l'intérieur était étouffante, la pluie martelant le toit avec une intensité assourdissante. Des éclairs zébraient le ciel obscur, illuminant brièvement les murs en bois de la maisonnette. J'avais toujours mon arme sur moi, je pourrais toujours le contraindre à me suivre, au besoin.

En pleine tempêteWhere stories live. Discover now