Chapitre 16 › Va droit au but !

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    Mes jambes dévalent les escaliers à toute vitesse. Je suis en retard pour rejoindre les filles qui n'attendent que moi pour se rendre au terrain de football. À l'entrée, j'attrape mon manteau que je revêts maladroitement avant de m'asseoir sur une marche pour enfiler mes converses. Je les lace grossièrement et m'apprête à sortir quand la voix de ma mère m'interpelle.

    — Pas si vite, jeune homme !
Je souffle sans m'en cacher et me retourne en râlant.
— Je suis en retard, je n'ai pas le temps, là.
— Ce n'est pas mon problème, tu n'avais qu'à te préparer avant.
Mon visage se marque de mécontentement.
— Bon. Qu'est-ce que tu veux ?
Elle saisit l'écharpe que j'ai délibérément oublié de prendre et la glisse autour de mon cou.
— Est-ce que tu as fait tout ce que tu avais à faire pour l'université ?
— Arrête de me traiter comme si je n'étais qu'un gamin.

Elle croise ses bras contre sa poitrine et lève le menton, prête à rester plantée ici toute la journée dans l'attente d'une réponse. Je roule des yeux.

— Oui. C'est bon ? Je peux y aller ?
Elle arque un sourcil et semble étonnée que je sois aussi pressé.
— Où est-ce que tu vas comme ça ?
— Maman ! J'ai dix-huit ans, tu te souviens ?
— Je suis au courant. Mais du jour au lendemain, tu passes de casanier à vagabond, alors je me pose des questions.

Je hausse les épaules. Je pourrais bien lui donner une explication, mais elle serait tellement longue qu'il me faudrait des jours entiers.

— C'est comme ça. Que veux-tu que je te dise ? C'est ce que tu voulais.
— Ce que je veux, c'est que tu te sentes bien.
— Je vais bien, affirmé-je. Je vais rejoindre Roxanne et Solène, on va voir des potes jouer un match de foot.
Elle ne peut s'empêcher de rire, plaçant sa main devant sa bouche.
— Depuis quand est-ce que le foot t'intéresse ?
Je lève un sourcil et recule d'un pas en la dévisageant, contrarié par sa remarque.
— Je ne m'intéresse pas à ce sport, confirmé-je. Mais je m'intéresse à ce que font mes amis.
— OK. Très bien, tu peux y aller, dit-elle en nouant mon écharpe.

Elle est étrange. Elle garde un sourire béat sur ses lèvres qui ne lui ressemble pas. Pire encore, elle coince mon visage entre ses mains afin de l'attirer et d'y déposer un baiser sur mon front – chose qu'elle ne fait jamais. Je me débats gentiment, maugréant quant à ce brusque changement tout en me frottant le front :

— Qu'est-ce qui te prend ? Arrête ! Tu vas me mettre du rouge à lèvres partout !
Elle détourne les talons et s'éloigne tout en levant une main légère.
— Que crois-tu ? Il n'y a pas que toi qui changes.
Je fronce le nez et affiche un air de dégoût, murmurant pour moi-même :
— Beurk. Je préférais encore quand elle me prenait la tête.

Dans un esprit de rébellion, je décide de retirer l'écharpe que je repose là où elle était avant d'enfin partir en claquant la porte.

Sur le chemin, je m'empresse de prévenir mes amies de mon retard. Il fait tellement froid aujourd'hui que je me demande si c'est réellement autorisé de faire jouer des personnes par cette météo. Je pensais que ce genre de sport s'arrêtait par ces temps-là, ou bien qu'ils continuaient à s'entraîner en salle. Mais d'après Gabriel, c'est au choix de chaque club. Pour lui, il n'y a rien de mieux pour garder la forme. Moi, j'imagine surtout que c'est la situation idéale pour tomber malade.

C'est essoufflé que je retrouve les filles à notre point de rendez-vous. Elles sont frigorifiées d'être restées sur place.

— T'as couru ou quoi ? me demande Jade.

La couleur de ses cheveux auburn est plus vive par ce temps nuageux. Je tente de reprendre une respiration plus calme, lui répondant brièvement pour le moment.

Plus fort que ça, tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant