Chapitre 4 › Échec et Match

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    De ce que je sais, les parents de David sont issus de milieux aisés, tout comme Gabriel. Pourtant, la façade de sa demeure se révèle plus sombre que je l'avais imaginée. Adeline m'a toujours appris à ne pas me fier aux apparences, mais le simple petit jardin qui devance la maison, à peine égayé par quelques plantes et buissons, est loin de l'idée que je me faisais de la façade.

    La musique qui jaillit de l'intérieur se fait entendre, les basses pourraient faire trembler le sol. Il suffit de ça pour qu'une bouffée de chaleur m'envahisse le corps, je regrette aussitôt d'avoir accepté l'invitation.

    Tout comme moi, les filles analysent l'extérieur, à la recherche d'une silhouette familière qui passerait devant l'une des grandes fenêtres face à nous.

— Vous pensez qu'il y a beaucoup de monde ? demande Solène.
— Aucune idée, déclaré-je, peu serein. Je vais prévenir Gabriel qu'on est arrivés.

    Je ne tarde pas à envoyer mon message pendant que mes deux amies sondent les lieux. Aucun de nous n'ose entrer, bien que notre incrustation à la fête ne surprendrait sûrement personne. Nous sommes peu habitués à ce genre de divertissements, et moi, encore moins. En dehors de nos soirées à trois à dévorer du pop-corn devant un film, nous n'avons pas eu de grandes expériences, contrairement à ce que le cinéma destiné aux adolescents tente de le prouver.

    Par chance, Gabriel débarque sans trop d'attente. Je fixais la porte d'entrée, mais celui-ci déboule depuis l'arrière du jardin. Sourire aux lèvres, il porte un tee-shirt large de couleur violet améthyste, le tout accompagné d'un jean en coupe boyfriend et d'une paire de baskets tout à faire lambda. J'ai la sensation que les filles m'ont déguisé au lieu de me préparer une tenue digne d'une fête étudiante, comme elles pouvaient le prétendre.

Le grand brun trottine jusqu'à moi et lance d'un timbre soulagé :
— T'en a mis du temps ! Mais t'es là, c'est tout ce qui compte.

J'esquisse un sourire de politesse. Mon regard exécute des va-et-vient rapides entre son visage et la porte d'entrée ouverte sur la foule et qui engouffre mes deux amies.

— Désolé, je ne voulais pas t'inquiéter.
— C'est pas gra...
Gabriel coupe sa réponse, ce qui ramène toute mon attention sur lui et m'oblige à rejoindre son regard qui, à mon grand étonnement, me fixe sans même cligner des yeux.
Ne comprenant pas pourquoi, j'effectue instinctivement un pas de recul.
— Qu'est-ce qu'il y a ?

    Je remonte l'une de mes mains à une joue que j'attouche, pensant que j'ai quelque chose d'étrange sur le visage. Je vérifie si mes doigts sont imbibés de je ne sais quoi, le silence de Gabriel se faisant pesant. Ce qui a le don de m'agacer, seulement car son comportement m'angoisse.

— Dis-moi ! Qu'est-ce que j'ai ?
Gabriel décale une boucle brune qui tombait sur mon front et, dans son intonation la plus chaleureuse, il éclaire enfin son attitude :
— Rien. J'étais en train de me remémorer de très bons souvenirs.

    Mes yeux se plissent, confus par ses mots. Puis, le fait que je sois maquillé me revient comme un flash dans mes réminiscences. Je l'avais complètement oublié, tout comme ça m'était sorti de la tête que ce n'est pas la première fois que le sportif me découvre sous cette apparence.

— Eh ! On est assorti ! s'exclame-t-il subitement.
Gabriel pointe du doigt mes chaussettes dans le même ton que son tee-shirt et rajoute, amusé :
— Elles sont sympas, tes chaussettes.

    Cette phrase lancée dans le vide me frappe le cœur de plein fouet, celui-ci loupe un battement sous l'impact. J'ai du mal à avaler ma salive, l'oxygène qui tente d'atteindre mes poumons n'y parvient pas.

Plus fort que ça, tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant