Chapitre 5 › Taste a new smile

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    C'est la troisième fois que j'appelle Roxanne, qui ne décroche pas. Sans compter mes tentatives qui m'ont confronté au répondeur de Solène. Je me glisse sur la pointe des pieds, zieutant les alentours à la recherche d'un indice physique pouvant m'indiquer où elles se trouvent.

La situation m'agace, j'ai du mal à respirer et je ne veux pas solliciter Gabriel après ce qu'il s'est passé dans la cuisine. J'envoie une multitude de messages à la chaîne à mes amies, toujours silencieuses.

    — Fais chier ! grommelé-je dans mon coin.

    Je ne cesse de toucher mon visage, j'ai la sensation que la partie droite de celui-ci disparaît. L'angoisse m'engouffre jusqu'à dérouter ma vision de la réalité qui semble sursauter comme une cassette bloquée.

    Respire, Allan.

Mes doigts viennent encercler ma gorge contre laquelle j'appuie. J'ai l'impression que toutes mes émotions y sont séquestrées, à la limite d'imploser. Je ne suis pas prêt pour ça.

Pas ici. Pas maintenant.

    J'avale ma salive à répétition, comme pour les débloquer, tout en tournant sur moi-même à la recherche d'une issue. Mais dans ce couloir, il n'y a qu'une porte qui mène à la salle de bain, toujours occupée. Un tableau comportant une citation est exposé sur le mur, juste à côté d'une photo de famille : « J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé. »

    La ferme, Voltaire. Tu es mort d'une putain de maladie.

    Le rythme de mon cœur s'accélère, je suis en pleine crise de spasmophilie. Cette alerte que m'envoie mon corps tranche mes doutes, je me décide enfin à aller à la recherche d'une sortie. Il doit bien avoir une porte à l'arrière de la maison qui mène au jardin, celle que Gabriel a empruntée pour venir nous récupérer.

    Tout en m'élançant dans le couloir, je vérifie une dernière fois mon téléphone, vide de notifications. Mon manque d'attention me fait percuter quelqu'un de plein fouet et le contenu de son verre se renverse sur son tee-shirt à l'impact. Nous nous écartons instinctivement et je m'empresse de baragouiner des excuses, embêté par cet incident :

    — Je suis vraiment déso...

    J'ai à peine le temps de me rendre compte qu'il s'agit de Camille que celui-ci empoigne fermement le col de ma chemise. D'un geste colérique, il me repousse jusqu'à claquer mon dos contre le mur le plus proche. Je grimace sous la douleur que son acte inflige à ma colonne vertébrale. La peur me saisit. Cette fois-ci, c'est sûr, mon cœur va se faire la malle.

    — Casse-toi d'là ! attaque-t-il.
Je lève mes mains pour lui montrer patte blanche et tente d'articuler mes mots, seulement, je ne fais que bégayer.
— Je suis désolé, Camille, je voula...
— Ferme ta gueule, Allan !

    Sa prise m'écrase un peu plus. La colère dont use le blond ne vient pas de mon geste involontaire qui a imbibé son vêtement d'alcool, mais du fait qu'il rêve de me chopper de la sorte depuis que je me suis rapproché de son amant.

    Je tente de me calmer, mais ma tête me provoque des vertiges dus à l'angoisse qui me grignote peu à peu. Malgré ça, je réussis à articuler quelques mots :

    — Lâche-moi, s'il te plaît.

Il saisit brusquement ma mâchoire alors que je tente de fuir le regard méprisant qu'il me porte. Il me force à l'affronter, d'autant plus qu'il approche son visage du mien afin que je sois le seul à entendre ses calomnies :

— T'sais ce que t'es, Allan ? chuchote-t-il. Une traînée.

    Mes paupières se ferment tandis que mes mains attrapent son bras que j'essaie désespérément de dégager afin qu'il me relâche.

Plus fort que ça, tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant