Chapitre 7 › Les sonneries du passé

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Minuit est passé depuis un petit moment lorsque je rejoins la chambre de Gabriel après avoir pris une douche. Ne plus sentir l'odeur et la texture collante de la vodka est libérateur.

À l'aide d'une serviette de bain autour de la nuque, j'essore mes cheveux qui ne cessent de goutter. Le sportif est en train d'installer le matelas gonflable à côté de son lit. Il ajoute une grande couverture chaude sur le drap orange et place un gros oreiller moelleux et divers petits coussins, car il sait que j'adore me blottir contre eux. Cette attention me touche à chaque fois et m'arrache un sourire attendri.

C'est devenu une sorte de rituel. Je n'ai jamais voulu dormir avec lui, pas même avec une de mes amies. Avant, ça ne me dérangeait pas de partager un matelas ; c'était plus simple. Mais, depuis, j'ai peur de me réveiller aux côtés de quelqu'un et de ne pas découvrir le visage endormi et apaisé de Vincent. Cette image de lui le matin m'a marqué et je ne suis pas encore prêt à ce qu'un autre lui cède la place. Tout comme personne – à l'exception de ma famille – n'a mis les pieds dans ma chambre depuis qu'il y est venu.

— Merci pour le lit.
— J'espère qu'il est assez gonflé. Test et tu me dis.

Gabriel rapproche le matelas jusqu'au pied de son lit, juste à côté de sa table de nuit où traîne un réveil, une lampe et une bande dessinée. Sans attendre, je m'installe sur le matelas, qui rebondit légèrement sous mon poids, et m'étale en faisant l'étoile.

Je relâche un soupir de soulagement et constate :
— Il est parfait. Comme toujours.
— J'suis trop fort, amplifie-t-il, me faisant un clin d'œil.
— Et merci pour les vêtements et la douche.

Il fait un mouvement de main qui m'indique que ce n'est pas grand-chose. J'ai troqué mon pantalon cargo par un short de sport en nylon et ma chemise a été remplacée par un tee-shirt en coton. Ces deux matières différentes contre ma peau me font un effet étrange, je suis comme une sorte de mini Gabriel.

Avec beaucoup moins de muscles. La version brindille.

Je me faufile sous la couette et pose mon téléphone sur la table de nuit. L'arrière de ma tête s'enfonce dans l'oreiller et je crois frôler le paradis. La calme de la maison m'apaise et mes paupières se ferment en douceur. Je me sens accablé par la fatigue.

J'entends Gabriel retirer son tee-shirt, appuyer sur l'interrupteur de la lumière afin de l'éteindre – laissant seulement la lampe tamisée sur la table de chevet – et s'installer sous ses draps.

Je suis presque emporté par Morphée lorsque j'ouvre subitement les yeux à la sensation de quelque chose qui joue avec mes cheveux. Mon regard se redresse et découvre le visage du sportif, son index dans mes boucles. Un rire m'échappe en me rendant compte que j'étais déjà presque endormi.

— J'suis content de t'entendre rire, dit-il doucement.
Je remonte la couverture jusqu'à mon torse, posant mes mains à plat sur la bordure.
— Mmh. Ça va beaucoup mieux, maintenant. Je crois que je vais abandonner les soirées étudiantes.
— Les prochaines soirées vont être nulles, alors.
— Peut-être que ça t'obligera à moins boire et à étudier davantage.

Il me charrie en répétant ma phrase d'une manière embêtée et je lève une main pour le pousser légèrement, riant à ses bêtises.

Le silence se répand dans la pièce et je retourne peu à peu dans le sommeil quand la voix de Gabriel retentit à nouveau :

— C'est Camille qui t'a jeté son verre à la figure ?

J'avale difficilement ma salive. La question se plante dans ma poitrine comme un couteau bien aiguisé. La scène se redessine dans mon esprit, jusqu'à ce que le gobelet soit projeté à mes pieds.

Plus fort que ça, tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant