Chapitre 17

1 0 0
                                    

Soutenue par l'épaule de deux solides paladins du roi, Otilia descendait les escaliers de l'Ancienne Capitainerie. Elle avait réussi. Elle avait eu sa vengeance, elle avait survécu à l'Hiver Rouge. Et pourtant, le seul sentiment qui l'envahissait était l'inquiétude.

Qu'était-il arrivé à Pendar, Oruk et Mauzzag ? Firallon s'était-il dérobé à eux pour monter sur la tour, ou les avait-il tués ? Elle se souvenait avoir vu du sang sur sa veste...

Elle ralentit le pas. Elle craignait ce qu'elle allait découvrir en bas. La descente fut pénible, mais elle finit par arriver au rez-de-chaussée. Les paladins la portèrent jusqu'à l'entrée, dont la porte avait été défoncée. Elle les lâcha subitement et avança à cloche-pied à la recherche de ses compagnons.

Oruk était assis par terre et pansait ses blessures. Il était amoché, mais en vie. Elle eut un peu plus de mal à repérer Pendar mais il était bien là, à l'autre bout de la rue, et discutait avec des soldats de Hurlevent.

Il manquait Mauzzag. Il n'était nulle part autour d'elle. Au sol, plusieurs corps étaient allongés. Celui de Jack la Rascasse était le plus visible. Les bars étendus, les yeux vides, le ventre ouvert. Jo la Tremblote gisait à côté, à moitié carbonisé. Aucune trace d'Œil-de-Fer. Otilia sautilla sur son unique jambe opérationnelle pendant quelques mètres pour atteindre le cadavre d'une panthère. Il semblait y avoir quelque chose derrière.

Elle poussa la panthère et son cœur se serra. Un petit corps vert était allongé, immobile, avec une arbalète tachée de sang dans la main.

Otilia s'assit par terre. Elle n'osa pas vérifier son pouls. Elle avait peu d'amis, et essayait de ne jamais s'attacher, et pourtant la tristesse l'envahit. Elle voulut se consoler en pensant à Krus Kiskuss. Il était mort. Elle avait gagné. Sa vengeance était accomplie. Elle se le répéta encore et encore, sans ressentir une seule once de joie ni de soulagement.

« Fais un effort, se dit-elle. Cette ordure de Kiskuss a payé. Visualise-le mort, écrasé sur le sol, comme une sale vipère que l'on pulvérise d'un coup de pied. Tu as gagné. »

Cela n'eut aucun effet. La vue du corps de Mauzzag lui enlevait toute satisfaction. Il serait exagéré de dire qu'elle s'était attachée à ce gobelin, mais tout de même... elle aurait aimé qu'il puisse retrouver son étal, reprendre son commerce, remonter la pente. Peut-être lui aurait-elle acheté une chose ou deux.

Le commandant Beaurandal sortit de l'Ancienne Capitainerie, entouré de dix gaillards qui entouraient l'Amiral Firallon. Ce-dernier avançait, les mains ligotées, en regardant droit devant lui.

- Qu'est-ce que vous allez faire de lui ? demanda Otilia.

- Nous allons l'amener à Hurlevent. Une jolie potence l'attend. Il sera exécuté en public.

- Est-ce prudent de le garder en vie jusqu'à Hurlevent ? Et s'il s'échappait ?

- Nous allons essayer de faire en sorte que cela n'arrive pas. Cette engeance de pendu doit payer pour ses crimes.

Il poussa le pirate pour lui indiquer de recommencer à marcher.

- Ah, enfin ! fit la voix de Pendar. Ce n'est pas trop tôt. Venez, il est là. Il est encore en vie, pour l'instant. Il faut se dépêcher.

Deux soldats se précipitèrent vers Mauzzag, le mirent sur un brancard et l'emportèrent.

- Tu es sûr qu'il est en vie ? demanda fébrilement Otilia.

- Oui. Mais je ne sais pas s'ils arriveront à le soigner. Les druides du Cercle cénarien sont repartis dans la jungle avec les animaux survivants, et je ne crois pas que les soldats de Hurlevent aient un prêtre avec eux. Sans soins magiques, il ne s'en sortira pas.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: May 20, 2023 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Jungle et Pirates: La Vie d'Un Marchand À Baie-Du-ButinWhere stories live. Discover now