Chapitre 16

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Un carreau d'arbalète se logea subitement dans le dos du premier garde du corps qui s'avança vers elle. La voix de Mauzzag retentit.

- Ça y est ! J'en ai vraiment eu un, cette fois ! Ce n'était pas si difficile... Et il me reste quelques munitions pour le deuxième garde !

Celui dont il était question mit son bouclier en avant et para le carreau d'arbalète. Il chargea Mauzzag pendant qu'Otilia tranchait ses liens. Krus Kiskuss prit de nouveau la fuite. La jeune elfe hésita à le poursuivre en laissant Mauzzag se débrouiller avec le garde. Mais elle savait que cela signifierait probablement la mort de celui qui venait pourtant de lui permettre d'y échapper. Elle se dépêcha de voler à sa rescousse et le dernier garde fut tué. Puis elle se lança à la poursuite de Krus.

Il ne fut guère difficile de le rattraper. Il faut dire, et sans mauvais jeu de mots, qu'entre les jambes d'une elfe et celles d'un gobelin, la différence est de taille.

Otilia arriva à sa hauteur, se jeta en avant et lui saisit la jambe. Cependant, dans sa fureur vengeresse, elle n'avait prêté attention à aucun bruit autour d'elle, et n'avait donc pas remarqué les pas précipités qui la suivaient. Lorsque sa main se referma sur la cheville de Krus, une autre fit de même sur la sienne.

- Je te tiens ! jubila la voix grasse de l'Amiral Firallon. Je te cherchais dans la mêlée, mais on n'y voyait pas à une lieue ! Heureusement, tu m'as facilité la tâche en escaladant cette maison.

Otilia lui envoya un joli coup de botte au visage qui lui fit lâcher prise. Krus Kiskuss eut une idée légèrement différente mais tout aussi efficace ; il griffa de ses ongles crochus de gobelin la main qui le tenait. Il se leva et reprit sa course.

- Maudit, je t'aurai ! grogna Otilia en le suivant.

On assista a alors à une scène pour le moins originale, où le poursuivant était poursuivi tout en continuant de poursuivre. C'était comme voir un loup chasser un renard chassant un lièvre.

Krus Kiskuss arriva devant l'Ancienne Capitainerie et se glissa dans un petit trou du mur extérieur. Il était trop étroit pour Otilia, qui dut s'arrêter et fut rattrapée par Firallon. Ils croisèrent le fer quelques instants, mais le pirate fut vite rejoint par trois larrons.

- On est là, capitaine ! dit Jack la Rascasse.

Œil-de-Fer et Jo la Tremblote étaient avec lui.

- Je crois bien que c'est la fin pour toi, ricana Firallon. Avouons-le, quatre contre un, ce n'est guère courageux... Mais je m'en moque. Je vais te faire la peau, même si les conditions sont peu honorables.

- Ne soyez pas si dur avec vous-même, dit une voix derrière eux. Selon mes calculs, nous sommes quatre contre quatre.

Les forbans se retournèrent. Pendar, Oruk et Mauzzag se tenaient face à eux. Le combat continua donc de manière plus équilibrée. Dans la cacophonie, un sortilège lancé par Pendar se perdit et vint frapper le mur, ouvrant un trou suffisamment grand pour Otilia.

Elle s'éclipsa alors et entra dans l'Ancienne Capitainerie. Il était triste de voir cet intérieur si vide, lui qui d'ordinaire grouillait de vie. Une porte dérobée était entr'ouverte et donnait sur un escalier en colimaçon.

Otilia monta les marches pendant un long moment. Elle arriva au dernier étage, où commençait l'escalier de la tour. Comme elle ne trouva pas le gobelin autour d'elle, elle en conclut qu'il était monté, et le suivit.

Arrivée en haut, elle vit Krus près de la grande cloche d'alarme. Il était seul, plus rien ne semblait pouvoir l'empêcher d'accomplit sa vengeance.

- Eh bien, nous touchons à la conclusion ! déclara Otilia. Tu préfères l'égorgement ou l'éventrement ?

Jungle et Pirates: La Vie d'Un Marchand À Baie-Du-ButinWhere stories live. Discover now