Chapitre 13 › Putain d'karma

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— Oh...

Il me faut une seconde pour mettre de l'ordre dans ma tête quant au déroulement de ces derniers événements.

— Comment est-ce que tu as découvert que c'était lui ?
— J'trouvais ça bizarre qu'il l'ait appris aussi vite. Du coup, j'ai attendu qu'il se casse à son voyage d'affaires et j'ai fouillé son ordi. Son mot de passe était trop facile à trouver, ricane-t-il.

Son visage se tourne vers le mien. Il affiche un sourire arrogant, tout en continuant son histoire.

— Camille, c'est pas la truite la plus oxygénée du ruisseau, si tu vois c'que j'veux dire. Il est tellement con qu'il a même pas pris la peine de changer d'email pour envoyer la capture d'écran de ma story à mon paternel.

Mes yeux s'arrondissent de surprise. J'étais à des années-lumière de me douter que le blondinet serait capable d'une telle cruauté. L'a-t-il fait dans un sentiment de désespoir parce qu'il souffre de sa rupture avec Gabriel ? Ou est-ce simplement de la méchanceté, voire de la jalousie ?

— Enfin bref. Il avait ajouté un p'tit mot. Un truc du genre « Regardez ce que votre fils ne vous dit pas ». Quel enfoiré, hein ?
— Je suis désolé, j'étais loin d'imaginer qu'il puisse agir ainsi.
Je reste bouche bée, incapable de trouver les mots justes pour m'exprimer, tant la surprise est grande.
— Ouais, il est fourbe.
— Tu crois qu'il a fait ça parce qu'il est triste à cause de votre rupture ?
— J'en sais rien et j'en ai rien à foutre. Un coming out, ça n'se vole pas.
Je lève un sourcil et ajoute mon grain de sel, parlant à demi-mot :
— Tu m'as un peu volé le mien, l'an dernier.
Il roule des yeux.
— Tu savais même pas qu't'étais gay à c'moment-là.
Je me redresse aussitôt, offensé par son excuse.
— Je ne suis pas gay ! affirmé-je.

Sa manière de me dévisager lentement, comme s'il n'était pas convaincu que je dise la vérité, m'agace.

— OK. Alors t'es bi ?
— Non !
— Pan ?
Je réponds sans délai.
— Non plus. Arrête !
— OK. Donc, j't'ai volé ton coming out de quoi ? De ton hétérosexualité ?

Je soupire et croise les bras contre mon torse. Je décide de l'ignorer en regardant les paysages défiler par la grande vitre du véhicule. Je rumine et insulte Gabriel dans ma tête avec tous les noms d'oiseaux possibles et inimaginables.

— T'as raison, finit-il par avouer. J'ai agi comme un connard.
Je hausse les épaules, fâché.
— J'mérite ce qui m'arrive.

Une moue se forme sur mes lèvres. Mon empathie prend le dessus et me force à porter mon attention vers mon ami. Son crâne est calé contre l'appuie-tête. Il mâche un chewing-gum, le regard fixant un point au loin.

— Ne dis pas ça, murmuré-je.
Il m'adresse un bref coup d'œil avant de sourire.
— Putain d'karma.

Lorsque nous descendons de l'autocar, Maxence nous attend à l'arrêt de bus. Je ne l'ai pas revu depuis à peu près un mois. C'était lors de notre dernière soirée tous ensemble. Nous nous étions retrouvés chez Nicolas et nous avions fêté l'obtention de son permis de conduire. L'Université nous a dispersés dans des écoles différentes. Maxence est dans les sciences humaines et sociales, Jade en école de mode, Solène et Roxanne ont choisi les lettres et l'histoire, Nicolas l'économie et la gestion et Camille est parti en STAPS. Il n'y a que Gabriel et moi qui sommes restés ensemble. Et pourtant, c'était loin d'être ce que nous imaginions.

Alors, quand on se retrouve, c'est toujours un moment riche en émotions. Maxence lève les yeux de son téléphone et, grand sourire aux lèvres, accorde une accolade à son coéquipier de football. J'ai droit au même sort. Je me raidis chaque fois qu'il me salue de la sorte, n'étant pas vraiment habitué par ce type d'approche. Nous nous mettons en route vers le café et Maxence prend la parole d'une voix enjouée :

Plus fort que ça, tome 2Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora