Chapitre 35 - Fallen

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« But one day you asked for a different song, One that I just couldn't sing »
Mais un jour tu as demandé une autre chanson Une que je ne pouvais juste pas chanter

Beautiful Birds — The Passengers feat. Birdy

— Can I offer you a drink?

Mon visage se relève et j'adresse un sourire aimable à l'homme qui se trouve face à moi.

— Thank you but no, réponds-je en levant mon verre pour lui montrer que j'ai ce qu'il faut.

— Française ? me demande-t-il amusé.

— L'accent ?

— Et le destination, ajoute-t-il en pointant mon billet.

Après une vingtaine de mois à voyager en Amérique Latine et aux États-Unis, me voilà prête à rentrer. Mes doigts viennent attraper mon billet et je le range dans mon sac. Ce serait bête que je l'égare à quelques heures de mon départ.

— Je peux ? me questionne-t-il en pointant la chaise qui se trouve face à moi.

J'acquiesce et après qu'il se soit commandé un expresso, nous commençons à discuter. Devant mes yeux, mon téléphone. Je tente de l'éviter, mais mes yeux se posent sans relâche sur cette horloge qui ne semble pas bouger. J'ai l'impression que les secondes s'égrènent dans une lenteur mortelle. Plus l'heure d'embarquement approche, plus le temps s'étire et la boule d'angoisse s'amplifie.

Heureusement, avec le temps, j'ai appris à la contrôler et aujourd'hui, je sais que ce n'est pas l'agoraphobie... Je sais que c'est lui. Depuis deux ans, ce n'est que lui.

À chaque voyage, chaque destination, je me suis demandé s'il aurait aimé, ce qu'il en aurait pensé. Est-ce qu'il serait fier de moi ? Mais surtout, comment va-t-il ? Est-il heureux ?

Le sujet a été jugé sensible par Patricia... Nous avons convenu de ne pas parler de lui. Je devais m'occuper de moi, c'est ce qu'elle m'a dit. Et je n'ai pas rechigné. Elle avait raison.

Pourtant, éviter le sujet ne m'a pas empêché d'y penser. Je tente de l'éloigner de ma tête et me reconcentre sur mon compagnon d'attente.

— Pourquoi allez-vous en France ?

— Le travail, me dit-il visiblement blasé. Et vous ?

Et moi ?

— Je rentre à la maison.

— Vous êtes partie longtemps ?

— Depuis toujours, je crois.

Il me regarde, surpris. Il doit sans doute me prendre pour une folle, je ne sais pas. Mais moi je comprends ce que je veux dire. Depuis tant d'années j'ai souhaité quitter la France en me disant que ce n'était pas chez moi. Mais la vérité c'est que même si ce voyage m'a fait grandir et m'a enrichie, je ne me sentais nulle part à ma place.

— Vous avez beaucoup fait le voyage ? me demande-t-il.

— Pas mal, réponds-je fière. L'Amérique entière.

— Le plus beau endroit ?

— Ushuaia, dis-je sans hésiter.

Il hoche la tête en réfléchissant.

— Je n'y suis jamais allé.

— Vous avez voyagé ?

— Pour le travail seulement.

Je replonge mon regard sur mon téléphone et j'ai l'impression que le temps s'est figé pour le simple plaisir de me torturer. J'inspire et expire profondément pour garder mon calme.

After the fallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant