After the fall

Chapitre 14 - Fallen

« Do you remember what he said? I do. He told you he'd never ever hurt you. »

Te souviens-tu de ce qu'il t'a dit ? Je m'en souviens. Il t'a dit qu'il n'allait jamais te blesser.

Boy — Little Mix

Je me redresse, un peu en vrac. Je ne comprends pas ce qu'il vient de se passer. Ma lèvre est un peu douloureuse, signe que je n'ai pas rêvé ce baiser. Paul s'éloigne alors que moi, je suis toujours là, assise sous la pluie. Pourquoi a-t-il fait ça ? Et surtout pourquoi a-t-il ensuite fui ? Je lui en veux, à l'instant présent. Je lui en veux de m'avoir ouvert une porte pour ensuite me la claquer au nez. Pour la première fois, je m'autorisais à ressentir quelque chose de puissant. Ce baiser m'a retourné le cerveau, le ventre mais surtout, le cœur.

Je me relève et tente d'enlever le sable qui me colle aux vêtements et aux cheveux. Je ne sais pas très bien ce que je ressens. Je ne sais pas si c'est de la peine, de la colère ou bien un mélange des deux. Au lieu de retourner à la voiture, je préfère lui laisser le temps de se calmer un peu. Je me mens à moi même, là. En fait, j'ai trop honte pour me retrouver face à lui. Je me rapproche de l'eau et me perds dans les vagues. J'observe les rouleaux de l'océan.

L'eau me fait un peu penser à Paul. Elle se rapproche sans jamais me toucher et quand j'amorce un pas dans sa direction, elle recule. Je souris faiblement face à cette analyse philosophique. Je ne me savais pas poète. Mon regard se perd au loin, vers l'horizon, l'infini. Mes problèmes et moi semblons bien petits face à ce paysage. Un soupir s'échappe d'entre mes lèvres. Je sais que je ne peux pas rester là indéfiniment, je dois le rejoindre et mettre de côte mon humiliation.

À pas lent, je retourne au parking. Paul est perdu dans ses pensées quand je rentre dans la voiture. J'attache ma ceinture et il n'attend pas pour démarrer. Il ne dit pas un mot, peut-être n'a-t-il rien à dire. Alors que moi... j'aimerais le frapper ou lui hurler dessus. J'aimerais lui dire que ce baiser était le premier depuis bien trop longtemps. Mais maintenant qu'il m'a repoussée, je regrette d'y avoir participé, d'y avoir répondu.

— Tu as faim ? me demande-t-il, rompant ainsi le silence qui devenait de plus en plus pesant.

Je suis surprise qu'il soit le premier à prendre la parole. Je m'attendais à ce qu'il fasse comme toujours, qu'il se mure dans le silence. Peut-être que ce baiser n'aura aucune incidence sur notre relation. Je l'espère, car même si je l'ai apprécié, je ne veux pas qu'il nous éloigne l'un de l'autre.

— Non, me contenté-je de répondre.

— Tu n'as pas mangé depuis quand ?

Pour toute réponse je hausse les épaules. Je ne sais pas, le stress m'a noué l'estomac et maintenant c'est la honte. Je veux juste rentrer chez moi.

— Je suis désolé, Fall, me dit-il penaud.

— Ce n'est rien, mens-je.

Ma tête se tourne vers l'extérieur et j'observe la pluie qui tombe contre la vitre. Je regarde les gouttes perler puis disparaître et, épuisée par cette journée, je m'endors.

Je suis réveillée par Paul qui me secoue doucement l'épaule. Je suis avachie sur le siège et mon corps est courbaturé. Encore endormie, je me frotte les yeux et je comprends qu'on est devant mon immeuble. Je récupère mon sac et ouvre la portière. La pluie s'engouffre dans l'habitacle.

— Tu veux monter ? proposé-je sans réfléchir.

Pourquoi ?

— J'ai du travail, me répond-il, distant.