Chapitre 1 - Paul

57 5 0
                                    

« Venom, not knowin' when I'm ever gonna slow up and I'm ready to snap any moment »

Venin, sans savoir si je vais ralentir et je suis prêt à mordre à tout moment

Venom —Eminem


3 ans plus tard

Je les écoute parler encore et encore. Sylvie, l'ancienne addict aux jeux, Pascal, l'ancien alcoolique. Parce qu'il serait sevré ? Le mec sent le whisky et les fringues sales. Il croit berner qui au juste ? Triturant la couture de mon jean, une posture peu amène à la conversation, je bats le rythme de l'autre main. Quel rythme ? Celui du temps. Je balaie les gens du regard jusqu'à ce que je croise celui, réprobateur, de Luc.

— Paul, tu voudrais rajouter quelque chose ? me demande-t-il.

J'observe l'assemblée autour de moi. Des chaises placées de façon circulaire, des gens aussi paumés les uns que les autres. Chacun venant raconter sa petite vie, ses petits problèmes, sauf que moi je n'ai pas besoin de les partager.

— Non.

Laconique, bref, aucun appel à la discussion. Je n'ai pas envie d'être ici. Je n'ai pas le choix, c'est tout, mais rien ne me force à participer.

— Bien, nous avons terminé pour aujourd'hui.

Je n'attends pas pour me lever et le raclement des chaises me tue les tympans. Je passe la porte et sors en soupirant. Si je compte bien, il me reste encore six mois comme ça, et on me lâchera la grappe.

— Paul, m'appelle Luc.

Je voudrais bien lui dire d'aller se faire foutre, mais malheureusement tout dépend de lui. S'il donne un avis négatif, je suis bon pour six mois de plus et je jure que si je dois tirer un an parmi eux, je fais un carnage. Je me retourne calmement et cache mon agacement en coinçant mes mains dans les poches arrière de mon jean.

Luc me rejoint à petits pas. Prends ton temps mec, je n'ai personne à voir, surtout.

— On peut parler ?

Putain. Fais chier.

— Bien sûr.

Il me fait signe d'avancer et nous retournons dans la salle de réunion.

— Tu dois participer, Paul, commence-t-il.

— Rien ne m'y oblige.

— Alors, pourquoi venir ?

C'est la meilleure, celle-là.

— J'ai le choix ? ris-je amer.

— Non, confirme-t-il.

— Voilà pourquoi je suis là, dis-je fortement agacé.

— Ça t'aiderait peut-être. Chacun peut t'apporter son aide, son expérience.

— Qui ça ? Sylvie l'accro à la roulette ou Pascal qui dort avec sa bouteille ?

Merci l'équipe de bras cassés.

— Tout le monde essaye de s'en sortir.

— Ouais, sauf que je n'ai pas besoin de vous.

— J'en ai connu des gens têtus mais je crois que tu les surpasses tous, souffle-t-il. T'es là pour une bonne raison.

Comme si je ne le savais pas déjà.

— Ouais, vous avez lu mon dossier, mais justement, j'ai fait une croix là-dessus. Plus de meufs, plus de problèmes.

After the fallWhere stories live. Discover now