Chapitre 13 - Paul

26 5 0
                                    

« You say that we're just friends but I swear when nobody's around
You keep my hands around your neck, we connect, are you feeling it now? »

Tu dis qu'on est juste amis, mais je jure que quand il n'y a que nous deux
Tu gardes tes mains autour de mon cou, on se lie, tu le sens là?

Better — Khalid

Ma main repousse la portière dès que Fall s'est installée dans la voiture. Sa mère est toujours face à moi et semble vouloir me tuer sur place. Elle s'empresse de tambouriner à la fenêtre et, voyant qu'elle n'obtiendra rien de la part de sa fille, se tourne vers moi.

— Elle reste ici, crache-t-elle.

Son exigence m'arrache un rire. Elle pense que je vais laisser Fallen avec elle ?

— Vous croyez vraiment qu'elle va rester ici ? Elle repart avec moi. Vous savez quoi ? la questionné-je avant de marquer une pause. Je comprends qu'elle soit devenue comme ça avec une mère comme vous.

— Ma fille ne va pas bien, je ne sais pas ce qu'elle vous a raconté, mais elle a des tendances à la mythomanie et...

— Moi j'ai des tendances à la scarification et à la violence, balancé-je.

Elle recule d'un pas, déglutit et regarde dans la direction de Fallen. Je me fous de ce qu'elle peut penser de moi ou du duo que nous formons. Pour l'instant, il n'y a que l'océan qui compte. Elle veut y aller, alors je l'y emmène.

Je contourne la voiture et prends place derrière le volant. Je n'attends par pour démarrer et nous voilà sur la route. Fallen n'a pas dit un mot, je n'ai même pas l'impression qu'elle respire encore. Je saisis sa main tout en me concentrant sur la route. Je veux qu'elle sache que moi, je la crois.

Sa main serre la mienne et je peux voir ses épaules se secouer légèrement. Je ne sais pas si elle se retient de pleurer ou si elle pleure déjà. Je ne la regarde pas. Ce moment lui appartient, alors si elle a besoin de verser quelques larmes, qu'elle le fasse. Je serai là pour les sécher quand elle aura terminé. J'ouvre les fenêtres et l'air frais s'engouffre dans l'habitacle. Le ciel est gris, les nuages s'amoncellent et l'orage menace.

Nous arrivons bientôt en bord de plage et une odeur iodée me parvient. J'inspire profondément et je dois dire que, déjà, j'ai l'impression d'être libre. Je gare la voiture et aucun de nous ne prononce un mot. Le silence est peut-être tout ce dont elle a besoin pour l'instant, alors je sors de la voiture et mes pas me mènent jusqu'au bord de l'eau. L'océan est légèrement déchaîné et l'écume se dépose sur le sable mouillé avant d'être à nouveau emporté par la vague suivante.

Le vent souffle si fort qu'il me gifle le visage. C'est revigorant et, putain, ça fait du bien. Fallen vient se poser à côté de moi et ma tête se tourne vers elle pour s'assurer qu'elle va bien. Ses joues sont sèches de toute larme et elle se tourne vers moi, un sourire serein sur le visage. Elle plonge ensuite son regard vers l'océan, inspire profondément et un soupir d'apaisement lui échappe. Je m'attendris devant cette vision.

Elle est beaucoup plus belle qu'elle n'y paraît. Ses longues boucles noires sont repoussées vers l'arrière par le vent, laissant apparaître la totalité de son visage. Un petit front légèrement bombé, de fins sourcils et des cils bien recourbés. Je connais suffisamment Fallen pour savoir qu'elle ne se maquille pas et que tout ça est naturel. Ses pommettes sont légèrement rougies par les bourrasques de vent.

— Je l'ai fait, murmure-t-elle.

Malgré le bruit, je parviens à l'entendre.

— Tu l'as fait, confirmé-je.

After the fallWhere stories live. Discover now