Chapitre 5 - Paul

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« Rain keeps falling, tears keep falling »

La pluie continue de tomber, Les larmes continuent de couler

Falling Down—Lil Peep feat. XXXTENTACION

— Ferme les yeux, lui dis-je.

Elle relève sa tête et me regarde les yeux humides.

— Ferme les yeux, dis-je à nouveau en m'agenouillant.

Alors que je pense qu'elle va m'envoyer bouler, ses paupières se baissent.

— Bien, où voudrais-tu être ? Que voudrais-tu faire ?

C'est un exercice qu'on m'a appris quand j'étais plus jeune. Quand les choses étaient trop difficiles à gérer, pour me calmer. Elle rouvre ses yeux et je sens qu'elle va me poser des questions. Putain, mais elle peut pas juste faire ce qu'on lui demande ?

— Putain, ferme les yeux.

Elle s'exécute et je remarque que sa respiration se calme peu à peu.

— Où es-tu ?

— En Irlande.

Pourquoi pas.

— Que fais-tu ?

Son visage commence à se détendre, puis ses sourcils se froncent. Merde.

— Je suis quelqu'un d'autre.

Sa réponse inattendue me laisse songeur. Quelqu'un d'autre ? Cette fille est aussi paumée que moi. Je reste là et ne rajoute rien. Quelques minutes passent, je suis trempé, mais honnêtement, je n'en ai rien à foutre. Ses yeux finissent par se rouvrir, la tempête de tout à l'heure a laissé place à un temps plus calme, plus apaisé. Comme la légère éclaircie après un orage d'été.

— Merci, chuchote-t-elle.

Je hausse les épaules. Ce n'est pas comme si j'avais eu le choix. C'était ça où elle finissait à l'hôpital.

La pluie cesse enfin, je me relève et elle commence à en faire de même. Je lui propose ma main, mais elle ne la saisit pas. Ça ne m'étonne pas, je ne sais même pas pourquoi j'ai fait ça.

— Je vais être en retard au travail, m'annonce-t-elle.

Je pense qu'elle me demande de me barrer. Au travail ? Elle en est capable ?

— T'as un job ? demandé-je, étonné

— Oui, pas grand-chose. J'ai pas le temps de t'expliquer.

— Je t'accompagne, dis-je avec assurance.

— Pardon ?

— T'étais à deux doigts de la syncope. Je t'accompagne.

Elle n'ajoute rien et commence à marcher. Le fait qu'on ne parle pas me gêne, j'ai l'impression d'être un stalker qui suit sa proie. Alors au bout de quelques minutes, je décide de rompre le silence.

— T'as le temps de m'expliquer, maintenant.

Sa tête tourne vers moi, je peux la voir réfléchir.

— Le frère de ma proprio a un petit resto. Je travaille avant et après les services. Quand il est fermé. Je ne peux pas être...

Elle ne complète pas sa phrase, en même temps, je n'en ai pas vraiment besoin pour comprendre. Nous marchons longtemps. En métro ce serait surement plus rapide, mais j'imagine que les transports lui sont insupportables. Si elle a déjà du mal avec une petite foule sortant d'un cinéma, je me doute qu'être enfermée dans un wagon ne doit pas être facile...

After the fallWo Geschichten leben. Entdecke jetzt