After the fall

Chapitre 11 - Paul

« I figured you could use some company Through your eyes i see the light »

Je me suis dit que tu pourrais avoir besoin de compagnie Au travers de tes yeux je vois la lumière

Smoke and Mirrors— Konoba

Elle reste face à moi et me regarde, perdue.

— Tu ne peux pas dormir avec ça. Il fait bien trop chaud.

Je la vois hésiter. Son regard dérive de moi à son pull. Sa gêne, je peux la comprendre. Mais elle n'a rien à craindre de moi. Je fais un pas vers elle, puis un deuxième.

— Je ne regarderai pas, Fall, la rassuré-je.

Elle hoche légèrement la tête et, même si elle est d'accord, ses mains n'amorcent aucun mouvement. Je m'approche un peu plus d'elle et mes doigts viennent saisir le bas de son pull. Son regard croise le mien et, pour ne pas lui laisser le temps d'hésiter, je l'aide à l'enlever. Tu m'étonnes qu'elle n'arrivait pas à dormir, son buste est recouvert de perles de sueurs. Je jette le pull au loin et lui prends la main.

— Viens, je vais rester avec toi.

Sa nervosité est palpable. Je préfère me dire que c'est à cause de demain plutôt que par ma faute. Oui, c'est ça. Je la dirige vers le lit et l'y assied. Je le contourne ensuite et m'allonge de l'autre côté, le regard rivé vers le plafond. Au bout de quelques secondes, elle s'allonge enfin à mes côtés, imitant ma posture. Un profond soupir lui échappe. Ma tête se tourne vers elle.

— Ça va ? lui demandé-je, concerné.

— Oui, dit-elle dans un demi-sourire. Je n'ai juste pas... l'habitude.

— Ouais... Moi non plus.

Et c'est vrai. Depuis Clara, je n'ai plus eu personne. En tout cas, plus personne pour partager un lit.

— Ferme les yeux, lui dis-je.

— Ça ne va pas marcher pour tout, s'amuse-t-elle.

— Soit pas si têtue, je viens avec toi.

— Avec moi ? se moque-t-elle.

Elle commence déjà à m'agacer. Je soupire d'énervement et je pense qu'elle doit le sentir puisqu'aussitôt, elle ferme ses yeux.

— C'est bon, cède-t-elle. Pas besoin de me demander où je suis ni ce que je fais. Je connais l'exercice.

— Tu ne l'as fait qu'une seule fois.

— Excuse-moi, mais il n'est pas bien compliqué, râle-t-elle.

— Tu te concentres ?

— Pardon.

— Et tu me laisses faire, ajouté-je.

Elle ne répond rien et je peux voir sa poitrine se soulever suite à la profonde inspiration qu'elle vient de prendre. Je détourne la tête puis ferme les yeux à mon tour, non sans avoir d'abord vérifié les siens.

— Où es-tu ?

— Le Machu Picchu.

Malgré mes yeux fermés, je peux deviner le sourire qu'elle fait en disant ça. J'ai vu pas mal de documentaires pendant mon internement. Faut dire que je n'avais pas de visites, pas de famille, pas d'amis. Même là-bas, je n'ai sympathisé avec personne. Pas mon genre. Le Machu Picchu se matérialise devant moi et j'ai l'impression d'y être.

— Qu'est-ce qu'on fait ?

— On ?

— Je t'ai dit que je venais avec toi.