Chapitre 6 : où Adam prend des risques

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Vendredi 17 mars, dans la soirée

–       Mais merdouille alors, qu'est-ce que j'ai bien pu faire de cette fichue robe ?

A croire qu'elle s'est fait manger par l'une de mes plantes carnivores ! Moi qui croyais qu'elles n'aimaient que les insectes, peut-être que j'aurais eu plus de succès avec un bout de tissus plein de paillettes, et entre nous elles auraient eu raison, c'est bien plus appétissant. Cela dit je doute que ma robe ne se cache réellement dans le microscopique estomac de l'une de mes plantes ( et encore faudrait-il qu'elles en aient un). Je jette un rapide coup d'œil à mon téléphone : il est dix-neuf heures trente, c'est officiel, s'en est fini pour moi. Pourquoi faut-il que ça tombe toujours sur ma pauvre petite personne ?

Ce soir, c'est sortie entre amis ; une idée lumineuse d'Elise car, je cite, « on ne va pas rester ici à prendre racine en attendant que le rigolo un peu trop fan de suspense qui perds ses papiers comme le petit poucet se manifeste à nouveau ». Elle a convaincu le reste de la bande avec des arguments plutôt convaincants, comme quoi on est les seuls jeunes à ne pas sortir et que ce ne sont pas quelques courbatures dans les cuisses (merci les escaliers) qui nous empêcheront de faire la fête.

Des jurons ainsi qu'un bruit qui ressemble étrangement à un corps se fracassant par terre me sortent de mes pensées. Ah, visiblement Adam vient de se casser la figure ! Je me précipite dans le couloir pour ne pas rater une miette du spectacle, toute prête à me moquer de lui avec une joie un peu trop mal dissimulée. Je pose mes yeux sur son grand corps étalé et je m'étouffe de rire, autant sidérée qu'indignée.

–       Ça alors ! Ma robe était là pendant tout ce temps ? Dis, tu as une idée de combien de temps je l'ai cherchée ?

Le concerné me répond d'une grimace et se relève péniblement en se massant la cheville, en équilibre précaire dans ma paire d'escarpins dorés. Adam moulé dans ma robe vert sapin à paillettes, me fusille du regard. Je suis pliée en deux sans pouvoir m'arrêter de rire tellement cette vision est improbable. Il essaie de s'avancer vers moi en tendant les bras à l'horizontale pour garder son équilibre, ce qui ne fait qu'alimenter mon fou-rire.

–       Oh... mon... dieu ! Purée mais tu t'es vu ? Attends ne bouge surtout pas, il faut absolument que je te prenne en photo !

Un sourire carnassier sur le visage, je cours dans la chambre récupérer mon téléphone pendant que la diva du jour essaie de s'enfuir, sans grand succès, perchée sur ses échasses.

–       Hors de question que tu gardes une preuve de ça, boude-t-il en voyant bien qu'il ne peut rien faire pour m'en empêcher. Supprime ça tout de suite.

–       Alors là mon chéri, tu nages en plein délire.

Les yeux pleins de larmes à force d'avoir ri, je finis tout de même par avoir pitié de sa pauvre petite personne meurtrie et je le prends par le bras jusqu'au lit.

–       Bon tu veux bien me dire comment tu as fini là-dedans ?

–       Je voulais voir ce que ça faisait, hausse-t-il les épaules.

–       Hum. Et alors, l'expérience t'a plu ? je ricane.

Il me lance un regard noir très explicite et j'éclate de rire, ce qui ne fait que l'énerver encore plus. Après l'avoir embrassé pour me faire pardonner, je récupère mes vêtements. Ah c'est du beau travail ça : ma robe est complètement élargie maintenant ! Je suis déçue car j'adore cette robe verte : je l'ai depuis une éternité et je la portais très souvent pour sortir. Ceci dit, cela fait des années que je ne l'ai pas mise et j'aurais bien voulu la porter. Mais bon, les bêtises d'Adam m'ont fait rire et je le soupçonne de l'avoir fait dans ce but précis car je ne suis pas dans mon assiette en ce moment. Alors au lieu d'être fâchée, j'attrape une robe noir mi-longue et je me dépêche de me préparer : Elise m'attend !

La Fête de SallyWhere stories live. Discover now