Chapitre 45

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[ J'ai passé des années à m'assurer que mon entourage se sente bien sans jamais vraiment me demander si moi-même je me sentais bien.]


Trois jours ! Trois longs jours depuis mon réveil. Et un seul message de sa part. Plus un signe de vie depuis. C'est pas faute de poser des questions à Amir, qui me répond toujours la même chose. * j'en sais pas plus que toi !* mais il ment, je le sais, je le vois, je le ressens au plus profond de moi ! Quelque chose cloche, et on me laisse intentionnellement dans l'ignorance.

Dans le SMS de Soan, il m'a demandé de ne pas lui envoyer de message, qu'il le ferait dès qu'il le peut. Ça veut dire quoi ça ? Qu'il n'est pas en état de m'envoyer un message ou qu'il est trop occupé pour ça ? Non, j'hallucine, putain. Je sais qu'il se trame un truc, j'ai ce pressentiment au fond de mes tripes et le comportement d'Amir n'arrange pas la situation, il passe son temps à regarder son portable ou à triturer ses doigts. Il reste pas une minute en place, il a l'air stressé ou inquiet.

Enfin, pour l'instant, je laisse tomber. J'ai pas le choix dans tous les cas, je suis bloquée dans ce fichu hôpital, et même si j'étais à l'extérieur, mon corps complètement disloqué, m'empêcherait de mener mon enquête.

Je décide de me lever de ce maudit lit, qui me tient prisonnière et complètement tarée à force de rester couchée dedans. J'ai une envie pressante et j'en ai plus que marre, de devoir dépendre des infirmières ou de mes amis.

Je prend une grande respiration et je me redresse pour essayer de m'assoir. Et comment vous dire, sans insulter la terre entière, que la douleur à mes côtes me coupe la respiration immédiatement. Dès larmes s'accumulent aux coins de mes yeux, c'est atroce. J'en ai plus que marre de cette situation.

- Qu'est-ce que tu fous putain ? Le bruit de la porte me fait ouvrir les yeux.

C'est toujours pas ce visage que j'ai envie de voir, mais il est le seul à détenir des réponses à mes tourments !

- Ça se voit pas, je joue au Scrabble !

- Haha ! Je suis mort de rire, du conne !

Il s'approche pour vouloir m'aider, mais je le stoppe d'un mouvement de la main.

- Non, j'ai besoin de personne !

- Maria !

- J'ai dit non ! Laisse moi, s'il te plaît.

La chose qui a changé aussi depuis trois jours, c'est que je ne dors plus, mes cauchemars me laissent réveillée. Je flippe pour un simple bruit. Je suis H 24 sur mes gardes, ce qui fait que je suis irritable au summum.

- Vu la tête que t'as, tu n'as toujours pas fermé l'œil ?

Je hoche les épaules pour simple réponse. J'ai pas envie de parler, j'ai juste envie de rentrer chez moi et m'enfermer à double tour.

Les infirmières décrivent mon état comme un syndrome post-traumatique, dû à l'agression. Rien à voir, moi je pense juste, que c'est le choc, et que, dès le moment où je rentrerais chez moi, tout ira mieux.

- Maria, tu sais que je peux dormir ici, si ça t'aide à fermer les yeux.

- C'est gentil, mais j'ai pas besoin de chaperon. J'étais juste pas fatiguée.

Mais bien sûr ! Je suis complètement morte de fatigue. A chaque fois que j'essaye de fermer les yeux, je fais face à celui de ce fou, noir comme le néant, le visage transformé par la haine.

Un frisson de peur parcourt ma colonne vertébrale, j'avale difficilement la boule de stress qui se forme dans ma gorge et qui m'empêche de respirer convenablement et je finis par enfin sortir de ce maudit lit.

Friendship to loverWhere stories live. Discover now