Chapitre 4 › Échec et Match

Magsimula sa umpisa
                                    

« Pas mal tes chaussettes. »

Mes lèvres tremblent, il m'est impossible d'articuler le moindre mot.
— Allan ? Tout va bien ?

La voix de l'athlète n'est qu'un écho. Tous mes souvenirs me rattrapent. Mes yeux ne savent plus où se poser, ils s'agitent, à la recherche d'un point à fixer. L'envie de régurgiter monte progressivement dans ma gorge.

— Allan ?

La nuit, pourtant étoilée, me paraît être est un trou noir qui me chasse et tente de m'aspirer. Mon corps recule à nouveau d'un pas, mais cette fois-ci, ce n'est que mon équilibre qui me joue des tours, déstabilisé par les fourmillements qui parcourent à grande vitesse chacun de mes membres.

Les mains de Gabriel saisissent brutalement mes bras, ses pouces appuient sur mes épaules. Il hausse le ton :
— Allan ! Tu m'entends ?

Son geste me vaut un sursaut. Mes paupières papillonnent comme si je me réveillais d'un rêve. Je redirige mon attention sur l'expression inquiète que dessine son faciès, ma mâchoire encore trop serrée pour prononcer le moindre mot. J'acquiesce en guise de réponse.

— T'es sûr que tout va bien ?
Il relâche progressivement son emprise tandis que j'exécute quelques exercices de respiration que je camoufle du mieux que je peux.
— Je suis désolé.
— Arrête de t'excuser. Parle-moi.

Mes doigts se faufilent sur mon visage, appuient quelques secondes contre mes paupières afin de me faire reprendre mes esprits, puis terminent leur course dans les boucles de mes cheveux que je tire en arrière.

— C'est la foule, ça m'angoisse, mens-je.

    Je me ferai payer mon bobard plus tard.

Il se retourne un bref instant vers la maison avant de revenir à moi.
— On n'est pas obligé d'y aller, j'veux pas te forcer. On peut aller manger un morceau, rien qu'tous les deux.
— Non, je ne veux pas gâcher ta soirée.
— Elle ne sera pas gâchée.
— Non, insisté-je, ancrant mes yeux dans les siens afin d'appuyer mon refus. Allez, viens, on va rejoindre les autres.

    Gabriel ne discute pas ma décision. Il entoure mes épaules d'un de ses bras et m'entraîne jusqu'à l'intérieur de la maison. La musique est si forte que j'ai l'impression qu'elle peut me toucher, les basses faisant soubresauter les palpitations de mon cœur dans ma poitrine. Des rires et de multiples conversations se mêlent à celle-ci, rendant les paroles de la chanson qui passe quasiment impossibles à comprendre. J'amène mes avant-bras à se rapprocher de mon torse afin de mieux me dissimuler dans l'amas de corps à travers lequel nous nous faufilons. Un passage d'autant plus difficile avec les chaussures que je porte, qui me donnent la sensation de prendre toute la place.

    Les gobelets que les invités tiennent sentent l'alcool à plein nez, le tout mêlé à une odeur de transpiration et de toutes sortes de parfums mélangés. Derrière-moi, Gabriel glisse une main dans ma nuque comme pour guider ma trajectoire – et, peut-être, me signaler sa présence, afin de ne pas m'inquiéter. Mes yeux observent brièvement les visages que je croise, à la recherche de mes amies, mais aucune d'elles ne pointe le bout de son nez.

    L'oppression qui stagne dans ma poitrine se relâche au moment où nous arrivons dans la cuisine, un peu plus dégagée que le reste des pièces. Au moins, je peux me mouvoir sans risquer de blesser quelqu'un.

    Je reconnais les membres de l'équipe de football dont Gabriel est le capitaine. Tous se tiennent autour de l'îlot central, des verres à la main et des cadavres de bouteilles renversées sur le plan de travail.

Plus fort que ça, tome 2Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon