Never Leave Me Again

Chapitre 33

"Il paraît que la vengeance est un plat qui se mange froid. Et bien prépare toi Kyrian, car ce plat est plutôt gelé."

Amélia prit une grande bouffée d'air pur, puis entra finalement dans la chambre d'un pas décidé. Kyrian allait le payer, mais pour cela, il fallait qu'il y croit dur comme fer, à sa petite vengeance. Elle devait donc jouer la comédie. Heureusement pour elle, elle avait ça dans le sang.

Voyant qu'elle avait les mains vides, Kyrian demanda:

- Amélia, où sont mes biscuits?

Il toussait et paraissait vraiment faible, au point qu'elle commença à douter. Soit Jonathan lui avait menti, soit Kyrian était un excellent acteur. Elle vota pour la deuxième option. Décemment, son protégé n'avait aucune limites ! Quelle coïncidence, alors, car elle non plus. Elle prit un faux air à la fois innocent et inquiet.

- Oh Kyrian, je suis désolée. Je voulais t'en apporter, mais j'ai croisé une infirmière, et elle m'a dit que tu ne devais absolument rien manger de toute la soirée. Ni demain d'ailleurs. Tu dois être à jeun pour les prises de sang.

- Comment ça "rien"?

- Rien ça veut dire "rien", je ne peux pas être plus explicite. 

- Mais Amélia je crève de faim ! se plaigna-t-il. Je ne peux pas survivre si je ne mange pas.

- Ce n'est pas moi, c'est l'infirmière. Et puis, ça ne va pas te tuer si tu ne manges pas pendant seulement deux jours. Tu as juste besoin d'eau, pas de nourriture.

- Mais Amélia...

- Et aussi, le coupa-t-elle, tu devras désormais manger uniquement des légumes verts, comme des haricots, des brocolis, des gombos...

- Des gombos ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Les mâles des gambas ?

Elle dû se mordre la langue pour ne pas exploser de rire. Elle ne devait à aucun prix oublier ce pourquoi elle était venue. Sa vengeance venait à peine de commencer.

Environ une heure plus tard, faisant mine de ne pas avoir remarqué le ventre de Kyrian criant famine suite à la diète forcée, elle sortit une barre de chocolat de son sac et commença à la manger devant lui.

- Kyrian, ça ne te dérange pas que je...

- Que tu manges une sucrerie délicieuse devant moi tout en sachant pertinemment que je meurs de faim mais que je ne peux strictement rien avaler, et tout cela en partie à cause de toi ? Non, absolument pas.

L'ironie était tellement présente dans sa réponse qu'il lui était difficile de l'ignorer, ce qu'elle fit néanmoins.

- Tant mieux, dit-elle toujours aussi innocemment. Comme tu n'as presque rien avalé de la journée, j'ai cru que tu aurais faim. Alors je peux continuer de manger sans remords.

- Amélia, tu n'as rien écouté de ce que je t'ai dit ? Quelle partie de "je meurs de faim" n'as tu pas comprise ?

- Je ne savais pas. Tu m'as dit que ça ne te dérangeait "absolument pas".

- Et tu ne peux pas me dire que tu n'entends pas mon ventre grogner depuis tout à l'heure ?

- Comment je pouvais le savoir ? Ça pouvait très bien être la tuyauterie.

- J'abandonne. Tu m'exaspères, soupira-t-il.

Il ferma les yeux, essayant en vain d'oublier la faim qui le tourmentait ainsi que son ventre qui grognait. Lorsqu'Amélia eut finit de manger sa barre, il crut un instant que ce serait la fin de son supplice. Mais lorsqu'elle en sortit une deuxième de son sac, il sut que son cauchemar était loin de se terminer.