14.➰

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Le récit d'Alec me pousse à m'interroger sur le fonctionnement de l'univers des Chasseurs d'Ombres, son univers au final, qui se trouve à l'opposé du mien.

- Au fait dis moi, c'est quoi l'Enclave ?

- En gros c'est un peu comme une sorte de gouvernement pour les Chasseurs d'Ombres, il fixe les lois et les font appliquer, cependant il est resté très conservateur quand on le compare à celui du monde des terrestres.
Nous sommes dirigés par des gens qui préfèrent laisser des Chasseurs d'Ombres mourir du cancer plutôt que de les soigner avec des méthodes terrestres, dit-il les coudes appuyés sur ses genoux tout en tenant sa tête entre ses mains.

- Le monde est rempli de cons.

- Merci de me le faire remarquer, dit-il d'un ton sarcastique.

Je le regarde du coin de l'oeil avec un léger sourire, voilà pourquoi ma grand-mère lui a fait confiance, il pense par lui-même, il ne suis pas la masse si celle-ci va dans la mauvaise direction, quitte à se retrouver seul contre tous.
Lorsqu'il remarque que je le regarde, il fait de même, mais avec une intensité beaucoup plus accrue, l'atmosphère de la pièce vient de changer de façon drastique.
Son visage se rapproche dangereusement du mien tandis que j'ai la forte impression que son regard est rivé sur mes lèvres.

Vite un changement de sujet !

Je détourne vivement le regard et lui pose une question tout à fait banale :

- Tu as quel âge au fait ? Demandais-je mal à l'aise.

- Dix neuf-ans, dit-il tout en éloignant son visage du mien.

- Mais à l'époque tu n'était pas un peu jeune pour retrouver ma grand-mère ?

- Elle n'a été éxilée officiellement que lorsque tu avais dix ans, le procés ainsi que la procédure ont été très longs à cause du manque de preuves.

- En gros il n'avait que des suppositions puisqu'il ne t'avait pas toi comme preuve, dit-il en me jetant un regard appuyé.
Ce n'est qu'a cause de familles influentes comme les Penhallow ou encore les Herondale qui ont fait pression sur l'Enclave, que ta grand-mère a été bannie.

- Tu avais donc douze ans à ce moment là, c'est un peu jeune pour retrouver tout seul une personne éxilée tu ne crois pas ? Demandais-je d'un ton légèrement blagueur.

- Les Chasseurs d'Ombres sont entrainés depuis leur naissance pour combattre les démons, à douze ans
tu es quasiment à la fin de ton apprentissage, dit-il le plus sérieusement du monde.

- Et vous êtes directement envoyé en mission ? Dis-je d'un ton légèrement horrifié.

Il hoche la tête.

Je trouve ça horrible, comment peut-on laisser des enfants risquer leurs vies si jeunes ?
Ils gâchent leur enfance et leur innocence.

Il reprend :

- C'est d'ailleurs pour ça que les Chasseurs d'Ombres n'ont pas une durée de vie très longue je suppose, dit-il d'un rire sans joie.

Je reste abasourdie par sa passivité, cela dit pour lui c'est une norme malheureusement.
C'est un peu comme découvrir la culture d'un pays inconnu, tout nous paraît bizarre et illogique au premier abord mais finalement petit à petit on finit par comprendre.

Je me plonge dans mes pensées tout en fixant sans le voir, le mur devant moi.
Je sens un regard posé sur moi, qui me dévisage intensément, n'y tenant plus je me tourne vers lui pour lui demander d'un ton agressif quel est son problème à me dévisager sans arrêt.
Mais en tournant la tête pour lui dire ses quatre vérités je découvre son visage à seulement quelques centimètres du mien.
Bon sang à quoi il joue ?
Au même moment la porte de ma chambre s'ouvre subitement sur ma mère :

- C'est bon tu lui as tout raconté ?

À cause de l'interruption de ma mère Alec se recule, je n'arrive pas à savoir si je suis déçue ou soulagée, ce que je sais c'est que je dois éviter de me laisser déconcentrer par lui.
Je me demande néanmoins ce qu'il cherche, on ne se connaît que depuis une semaine, il voulait vraiment m'embrasser ?
Non putain Tess arrête de t'imaginer une vie.

Ma mère en voyant ma tête se rend compte qu'il y a un malaise et nous invite à boire quelque chose dans le salon.
Je n'ai pas vraiment soif, je bois donc mon verre d'eau à toutes petites gorgées.
Fatiguée du silence qui s'est abattu sur le salon, je décide de le briser :

- Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

Alec me regarde d'un air contrit et hausse les épaules, signe qu'il n'en a aucune idée.
Je me tourne alors vers ma mère :

- Je suppose que l'on doit faire profil bas et s'éloigner pendant quelques temps.
Ouais c'est un bon plan, se confirme-t-elle à elle-même.
On devrait partir vers...

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase que la porte de l'appartement explose en un milliers de copeaux de bois me forçant à me protéger le visage avec mes bras.
Une deuxième explosion plus forte que la précédente retentit, cette fois-ci c'est le mur qui explose en plusieurs morceaux de blocs de béton qui risque de me causer un traumatisme crânien si je reste plantée là.
Afin de me protéger je me jette derrière le canapé et prend ma dague entre mes mains.

Putain qu'est-ce qu'il se passe encore ?

Mon sang se glace lorsque j'entends des bruits de bottes se rapprocher, les jointures de mes mains blanchissent tellement je serre ma dague et je tente de me calmer en prenant de grandes inspirations et en essayant d'empêcher mes mains de trembler .

Soudain je sens une personne derrière moi poser une main sur ma bouche et m'obliger à me relever.
Je suis dos à cette personne, je ne peux donc pas la voir, néanmoins je sens à la musculature que c'est un homme plutôt grand qui se tient derrière moi.

Réagissant d'instinct, je plante violemment ma dague à de multiples reprises dans la cuisse de mon agresseur, il émet un gémissement de douleur et en réaction il m'enserre violemment la gorge de plus en plus fort.
Plus je lui assène des coups avec ma dague plus il m'étrangle, si bien que j'ai des difficultés à respirer.

Au moment où je suis sur le point de sombrer dans l'inconscience je me rends compte que ces gémissements me sont familiers, ce sont ceux d'Alec.

Le manoirWhere stories live. Discover now