12.➰

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Au bout de quelques minutes de route je m'aperçois que personne ne me suit, je peux donc ralentir l'allure.
Ce n'est pas que je n'ai pas envie de me prendre une amende pour excès de vitesse mais quand même.
J'ai assez de soucis sans en rajouter un de plus.
Sous mon casque, je soupire de soulagement, mais je commence également à culpabiliser, surtout par rapport à Alexia, elle m'a couverte une fois de plus et je ne lui ai donné aucune explication en retour, je me sens tellement minable.

Comment diable Alec a-t-il fait pour me retrouver ?
Je me suis sentie tellement en sécurité en retournant chez moi, que je pensais cette histoire de Chasseurs d'Ombres et de démons définitivement derrière moi, que ce n'était qu'une simple mauvaise passe.
Je me suis trompé sur toute la ligne, et à cause de moi mes proches en pâtissent.

Je pense que je vas m'éloigner quelques temps pour tenir Alexia à distance de tout ça, s'il lui arrivait quelque chose par ma faute je ne m'en remettrais jamais, la culpabilité me rongerait jusqu'au plus profond de mon être.

Un grondement sourd de moteur interrompt mes réflexions et je me mets instantanément sur mes gardes.
Je vois une moto, une ducati monster pour être un peu plus précise, débouler à toute vitesse d'une ruelle annexe, je fronce les sourcils, les Chasseurs d'Ombres n'ont pas de moto.....si ?

La moto en question ralentit l'allure pour se mettre à rouler à ma hauteur, ça, ça ne sent pas bon, le conducteur tourne la tête vers moi.
Ses yeux bleus océans.... ne peuvent appartenir qu'à une seule personne.

J'accélère et m'engage brusquement dans la première ruelle que je rencontre sur ma droite.
Je ne m'occupe plus des limitations de vitesses, ni des amendes, mon seul but est de fuir le plus vite et le plus loin possible. S'ensuit une course poursuite digne d'un film d'action dans les ruelles sombres et sordides de New-York.
Peu importe le nombre de fois que je tourne, la vitesse à laquelle je roule, il ne veut pas me lâcher, un vrai pot de colle celui-là. Il ne me laisse à peine quelques secondes de répit, à la moindre erreur je suis morte dans tous les sens du terme.

Je tourne deux fois de suite dans les ruelles, je regarde dans mon rétrovieur droit et je suis surprise de ne plus le trouver derrière moi. Au moment où je me demande si c'est une ruse pour me piéger, celui-ci déboule d'une ruelle sur ma droite et se poste en plein milieu de la ruelle.
Pour l'éviter, je tourne le guidon de toutes mes forces, ce qui a pour effet de me faire faire un dérapage, je sais que c'est une action stupide mais je n'avais pas d'autres choix.
Fatalement je perds l'arrière de ma moto et je suis éjectée de celle-ci en un vol plané au-dessus d'Alec avant de retomber lourdement sur le sol.

Sonnée, je tente de me relever tant bien que mal mais le monde tourne autour de moi, je me prends la tête entre les mains et enlève mon casque avec des gestes maladroits.
À travers le brouillard qu'est devenu ma vue, je vois Alec enlever précipitamment son casque et accourir dans ma direction.
Je convoque toute la force qu'il me reste afin de me relever en m'appuyant contre un mur et de le repousser lorsqu'il s'approche trop près de moi
Ça n'a aucun effet étant donné que je viens d'être réduite à l'état de limace.
Les vertiges redoublent et m'obligent à m'asseoir. Tant pis pour le danger qu'il représente, qu'il m'emmène où il veut, qu'il me torture pour les Branwell.

Au lieu de cela il commence à défaire la fermeture éclair de mon blouson, ce n'est vraiment pas le bon endroit pour faire ça me dis-je.
Éloignant les pensées bizarres qui commencent à envahir mon esprit il attrape mon bras droit, prends sa stèle entre ses doigts et la passe au-dessus de mon Iratze.
Aussitôt la brume autour de ma vue disparaît et mes vertiges s'amenuisent.

Pourquoi m'a-t-il sauvé ? Tout ça n'a aucun sens.

- Ça va ? me demande-t-il avec de l'inquietude dans la voix.

C'est à n'y rien comprendre, il me poursuit pour me demander si je vais bien ?

- D'abord tu cherches à me tuer et ensuite tu me sauves ? Faudrait savoir ce que tu veux dis-je d'un ton cynique.

- Je n'ai pas cherché à te tuer, c'est toi qui t'es enfuis, répond-il pragmatique, tout en croisant les bras sur son torse.

- Qu'est-ce que tu me veux à la fin ? Tu crois que c'est une attitude rassurante de poursuivre les gens en moto et de leur faire avoir un accident ? dis-je tout en haussant la voix, énervée par son attitude nonchalante.

- Je cherche à te protéger, Merde ! répond-il en criant, signe qu'il perd son sang-froid.

- Quoi ? dis-je en fronçant les sourcils dans l'incompréhension la plus totale.

Je vois à son regard écarquillé qu'il en a trop dit.

Je me relève lentement et sur un ton plus posé demande :

- De quoi tu veux me protéger exactement ?

Il n'a pas le temps de me répondre car son regard se tourne derrière lui comme si quelque chose que je n'avais pas perçue l'avait alerté.
Je crois que même s'il avait eu le temps de me répondre il ne l'aurait pas fait. Ça m'exaspère de rester autant dans le flou.

- On doit se tirer d'ici et vite, dit-il précipitamment.

Je n'essaie même pas de chercher à comprendre ou de commencer à discuter, s'il juge que c'est assez important pour que l'on doivent s'en aller, alors je le suis, de toute manière il ne m'aurait pas répondu si je lui avais demandé.

Je me penche pour récupérer mon casque rester au sol et je vois Alec redresser ma moto avec une facilité déconcertante, la même qu'il a eu à me projeter contre une des colonnes de la salle d'entraînement à l'Institut, mon dos s'en souvient encore d'ailleurs. Tout ça me semble si lointain.

Il l'examine rapidement :

- À part quelques éraflures elle n'a rien, conclut-il.

- Heureusement pour toi, j'y tiens vraiment.

Cette moto je me l'étais payé avec mon propre argent gagné grâce à de petits boulots le week-end, c'était ma première vraie moto.

Alec tiens toujours le guidon de ma moto, pour me permettre de me préparer, au moment où je tente de reprendre le guidon nos mains se frôlent ce qui le fait reculer précipitamment.
Je rattrape ma moto de justesse. Il pourrait faire attention quand même.

- Hé ! Tu pourrais faire attention, Merde !

Il détourne vivement le regard et se dirige vers sa moto sans un mot. Ok ce mec est vraiment bizarre des fois.

J'enfourche ma moto, allume le contact et démarre le moteur, Alec fait de même avec la sienne.
Avant de mettre son casque il m'explique qu'il va passer devant pour m'indiquer le chemin et qu'il ne faut sous aucun prétexte que je le quitte des yeux. Je hoche la tête en signe d'approbation, je précise que je ne comprend toujours rien à ce qui se passe.
Il démarre sur les chapeaux de roues, et fonce dans les rues illuminées.
Il va tellement vite que je dois me concentrer pour ne pas le perdre des yeux. Au fur et à mesure que je le suis, je me rends compte qu'il emprunte la route que j'utilise pour rentrer chez moi après les cours.
C'est quoi ce bordel encore ?

Malheureusement, mes soupçons se confirment lorsque je le vois se garer juste devant le parvis de mon immeuble et que ma mère en sort complètement paniquée en pyjama et les cheveux en bataille.
Elle se jète pratiquemment sur Alec mais au lieu de l'attaquer, elle lui demande inquiète si je vais bien.
Il répond posément que oui et qu'ils ne nous ont pas suivis. Qui est ce "ils" au juste ?

Soulagée ma mère détourne le regard d'Alec et se rend enfin compte de ma présence, elle se dirige rapidement vers moi dans le but probablement de me prendre dans ses bras, sauf que je la stoppe d'un geste de la main.
Je me suis fait assez menée en bâteau, j'ai besoin de savoir le fin mot de l'histoire.

- Soit vous m'expliquez ce qu'il se passe vraiment, soit je me barre et je vous jure que vous ne me reverrez jamais.

C'est bien évidemment du bluff, mais je le pourrais, j'ai suffisamment d'essence pour faire encore un peu plus de 100 kilomètres, c'est peu mais suffisant.
Ma mère le sait, soupire bruyamment mais cède.

- Très bien, mais rentrez vos motos dans le garage de l'immeuble et monter dans l'appartement, ces rues ne sont plus sûres.

Le manoirWhere stories live. Discover now