6.➰

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Nous retraversons le hall de poste de police sans ordinateurs, tel que j'ai décidé de l'appeler, puis nous empruntons un couloir annexe. Celui-ci est semblable à celui de tout à l'heure avec son bois lambrissé.

Nous arrivons devant une porte coulissante en verre dépoli, ce qui veut dire que je ne distingue rien de ce qu'il se trouve à l'intérieur, Alec l'ouvre, dévoilant ce qui semble être une immense salle de sport avec son plafond haut, son parquet vernis, et d'immenses colonnes d'inspiration grecque qui s'élève du sol au plafond. Je dois avouer que la hauteur me fait sentir toute petite.

Tout en se dirigeant vers un des murs de la salle Alec remplit enfin son rôle de guide :

- Ceci est la salle d'entraînement, c'est là que tous les Chasseurs d'Ombres s'entraînent avant de partir en mission ou tout simplement pour passer le temps.

Il sort d'une des poches de son jean une sorte de petite baguette en métal avec une sorte de petit cristal au bout, ce qui ressemble vachement à un stylo.
Il passe donc le bout de son "stylo" devant un symbole de la même sorte que tous ceux présents ici, excepté le fait que celui-ci ressemble fortement à un dragon.

Suite à cela, le symbole s'illumine brièvement et un pan du mur s'avance pour révéler une cache où sont entreposés des dagues !

Des tas et des tas de dagues différentes, d'une longueur différentes etc...d'ailleurs à ce propos :

- Aurais-tu l'amabilité de me rendre ma dague ?

Il en prend une sur le présentoir et la lance dans ma direction, je l'attrape au vol.
Je l'examine minutieusement, bon elle a l'air de se trouver dans l'état où je l'ai laissé, c'est déjà une bonne chose.

À son tour il cherche sur le présentoir et sélectionne deux épées plutôt longues qui ont l'air vachement bien aiguisées.
Attends, on va vraiment se battre là ? J'étouffe un juron, ma dague est aiguisé certes mais face à deux épées elle ne fait clairement pas le poids.

- Je doute que tu puisses riposter avec une simple dague, lâche-t-il d'un ton cynique.

- Oh pardonnez-moi de ne pas avoir apporté toute mon armurerie ! Répondis-je sarcastique.

Pour toute réponse il reprend deux épées semblables aux siennes et les envoient dans ma direction.
J'ai tout juste le temps de glisse la dague dans la poche arrière de mon jean, avant d'attraper au vol les deux épées.
En les prenant bien en main je m'aperçois qu'elles sont assez légères malgré leurs tailles et qu'elles sont parsemées de symboles, encore et toujours.
Lorsque je m'arrache à ma contemplation, je vois qu'Alec me fixe sans rien dire.
Sans y prêter plus d'attention je pose les deux épées contre l'une des colonnes de la salle et m'attache les cheveux en une longue tresse brune qui retombe en bas de mon dos, avec un des élastiques constamment présents sur mon poignet droit.
Je vois les yeux d'Alec s'éclairer, il doit repenser à hier soir quand on a du se battre pour survivre à ces putains de « vampires ».
Je n'y crois toujours pas, c'est trop énorme pour que ce soit vrai.
Et je compte toujours mettre les voiles dès que ce sera possible. Cependant, je peux bien m'accorder une petite bagarre juste pour le fun.
Je me place face à lui, en position d'attaque, jambes fléchies, mes épées en garde devant moi. Je vois son regard s'assombrir, son visage se fermer, les plis de sont front accentués par la concentration.
L'adrénaline commence à courir dans les veines, ça m'avait manqué.

Puis tout à coup, il lance le premier coup, que je pare plutôt aisément avec une seule de mes lames, je profite de cette opportunité afin de plonger mon autre lame vers son ventre.
Malheureusement il est trop rapide et esquive ma tentative d'attaque, me déséquilibrant légèrement.
Afin de profiter de ma surprise, il tente de me faucher les jambes mais j'esquive son coup et lui balance un coup de pied dans la tempe. Je profite du fait qu'il soit sonné pour lui faucher les jambes à mon tour. Il tombe lourdement sur le dos.
Je m'assois au niveau de son torse et coince ses bras entre mes jambes. Il est coincé, encore.
Il tente de se libérer en soulevant ses bras mais je resserre ma prise et il étouffe un juron :

- Putain, marmonne-t-il.

Je le regarde avec amusement.

- Alors, qu'est-ce que ça fait de se retrouver plaquer au sol deux fois en une journée ? Demandais-je avec un sourire narquois.

- Va te faire voir ! Marmonne-t-il entre ses dents.

Il se contorsionne dans tous les sens contractant les muscles de ses bras pour tenter de se libérer.
Afin de couper court à ses tentatives, je récupère ma dague dans ma poche arrière et la lui met en travers de la gorge, pas assez pour lui faire mal mais suffisamment pour qu'il se tranquillise.

- On dirait bien que j'ai gagné, dis-je d'un air triomphant.

- Certainement pas, se convainc-t-il d'un air déterminé.

Cependant, il ne cherche pas à se libérer, non au contraire il récupère son espèce de stylo qu'il a du faire tomber pendant l'affrontement et passe le cristal sur un des tatouages parsemés sur sa peau.
En parlant de ses tatouages, c'est fascinant le contraste qu'ils opèrent sur sa peau d'albâtre. Notamment celui qu'il a dans le cou, une sorte de Z traversé par une petite courbe.
Il lui va vraiment bien sauf que ça je ne lui dirai jamais et surtout pas dans une situation comme celle-ci.
Bon aller Tess on se reprend, pas de distractions tu as oublié ?

Au moment où je me tire de ma rêverie, je suis violemment projeté sur le dos contre l'une des colonnes en marbre de la salle. Et croyez moi le marbre ça n'est vraiment pas confortable.
Je tente de me relever et étouffe un gémissement de douleur, super je suis bonne pour me prendre un abonnement d'un an chez le kiné.
La douleur laisse place à l'étonnement.
Comment a-t-il pu se libérer si vite alors que je le tenais si bien ?
Et puis sur son bras je remarque que l'un de ses tatouages ou runes si vous préférez, brille comme s'il était fait d'or.
Attend une minute, il m'a bien dit qu'il existait des runes pour tout, alors il y en a forcément une de force, il n'aurait pas osé quand même !

En le voyant se relever tranquillement un léger sourire sur le visage, je comprends que si.

- T'es vraiment un tricheur à la con ! Criais-je en colère contre lui et honteuse de m'être laisser distraire aussi facilement.

- Je n'ai jamais dit que c'était interdit, dit-il d'un air tranquille.

Je suis tellement aveuglée par ma colère que je ramasse ma dague tombé sur le sol lors de ma chute l'empoigne par la lame et le jette en direction de sa tête, il l'esquive au dernier moment.
Ma dague continue sa course et vient se planter dans le mur derrière lui entre deux planches de bois.

- Waouh, s'exclame-t-il, rappelle moi de ne jamais te mettre en colère !

- C'est clair sinon tu peux dire adieux à tes bijoux de famille, dis-je toujours sur les nerfs.

D'un mouvement comique je le vois tenter de protéger ses parties intimes.
Je dois monopoliser toute ma concentration pour m'empêcher d'éclater de rire.
Je le vois lever le poing en l'air en signe de victoire et crier :

- Yes, je t'ai fait rire ! S'exclame-t-il.

- Je n'ai pas rigolé, me défendis-je.

- T'as failli, rectifie-t-il, aller viens je vais te montrer ta chambre.

Je hoche la tête et l'aide à ranger toutes les armes dans les compartiments prévus à cet effet.
Discrètement, je prends ma dague et la glisse à l'arrière de mon pantalon entre ma peau et le tissu puis je rabats mon tee-shirt par-dessus pour la dissimuler.
Puis sur ce, nous quittons la salle d'entraînement, moi sur ces talons.

Le manoirWhere stories live. Discover now