Never Leave Me Again

Chapitre 30

- Kyrian, ne me provoque pas !

- Quand je commencerai, tu le sauras.

Amélia inspira longuement et tenta de se calmer, en vain. Et Kyrian ne l'aiderai pas lui, au contraire, après le mal qu'il s'était donné pour la provoquer. Il en fallait beaucoup pour qu'elle perdît sa nonchalance. Depuis longtemps, elle avait maîtrisé la fougue de sa jeunesse et s'il lui arrivait encore parfois de se mettre en colère, il fallait bien la connaître pour s'en apercevoir. Mais Kyrian la mettait hors d'elle. Elle s'avança vers lui, les yeux plissés et les poings serrés.

- Puisque tu veux jouer, on va jouer. Pendant que tu y es Kyrian, dit-elle en levant son menton d'un air de défi, tu devrais savoir que les biscuits que tu es en train de manger là...

- Oui ?

- Eh bien ce sont des biscuits pour chien.

- Pardon ? s'étouffa-t-il.

- Tu es tout excusé.

Il se figea en la dévisageant quelques secondes sous le choc de cette révélation. Il essayait d'assimiler la remarque de la jeune femme. Lorsqu'il eut digéré cette accumulation d'informations, il se reprit et la fusilla du regard.

- Amélia, pour qu'elle raison gardes-tu des biscuits pour chien dans ton sac ?

- Tu vas encore moins apprécier la suite.

De nouveau, il se raidit et serra les mains avec force. Son visage exprimait de l'inquiétude et sa voix, une peur indicible.

- Pourquoi ? s'inquiéta-t-il.

Une fraction de seconde, elle eut envie de mentir. Mais tôt ou tard, la preuve serait de toute façon dévoilée... 

- Ne t'étonnes pas si tu as mal au ventre le reste de la journée.

- Je répète, pourquoi ? demanda-t-il, de plus en plus soucieux.

- Tout simplement, mon chien était malade et n'arrivait pas à faire ses besoins. Pour le soigner, le vétérinaire m'a donné ces biscuits.

- Quel est le rapport avec moi ?

- Oh, rien. Ce sont juste des biscuits laxatifs. Pas grand chose, en fait, ajouta-t-elle sur un ton indifférent tout en haussant les épaules.

- Tu... quoi ?

Kyrian tremblait de tout son corps, son visage était effrayant de pâleur. Sa physionomie  ordinairement si calme, faisait peur, tant elle exprimait une froide colère. Il la regardait d'un air égaré, furieux. Un moment elle éprouvait une angoisse terrible car elle crut qu'il devenait fou. Peut-être n'aurait-elle jamais dû lui révéler la vérité...

- Amélia, est-ce une blague ? Pourquoi gardes-tu ça dans ta cuisine ? Ça fait plus d'une demie heure que je les mange devant toi et ton idée ne t'a pas dit de m'en avertir plus tôt ?

- Si ça peut te rassurer, les effets ne doivent durer que quelques heures, voire une journée tout au plus. Et ce n'est pas de ma faute. Le destin savait à l'avance que tu allais te moquer de moi, donc il a mis à ta disposition ces biscuits pour que tu les manges un peu plus tôt. Je n'en sais rien, c'est le karma voilà tout, on ne peut rien y faire, dit-elle en haussant nonchalamment les épaules.

- Amélia, je savais que pour trouver des excuses débiles, tu étais douée, mais là, tu deviens la reine ! Je te jure que...

Il ne pu achever sa phrase, son estomac émit soudainement un grognement qui aurait pu résonner dans tout l'appartement. Brusquement, il resta immobile, les mains crispées sur son ventre. Il émit un claquement de langue agacé. Puis, n'en pouvant plus, il se dirigea vers la salle de bain, non sans lui jeter un dernier regard meurtrier.

- Reste ici. Mais dès que je reviens, je te jure que je te fais la peau.

Amélia se rapprocha de la porte de la salle de bain d'un pas nonchalant.

- Kyrian, ça va ? Pas trop secoué j'espère !

Elle se félicita de la présence de la porte qui les séparait. Heureusement pour elle, il ne pouvait voir qu'elle arborait un sourire diabolique.

- Amélia, je te jure que... Et, attends, où est le papier ?

- Je n'en sais rien Kyrian, débrouille toi. Mais, je suppose qu'il n'y en a plus. Bon, moi je vais en cours. Bonne journée, lança-t-elle gaiement

- Amélia, reste ici, c'est un ordre !

Mais elle était déjà partie et ne l'entendait plus. Elle ne reviendrait pas avant ce soir en tout cas, car une chose était sûre, Kyrian allait la tuer.