Chapitre 9 : Le domovoï dans le grenier

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Je me sens émerger de mon sommeil, mais lutte pour ne pas ouvrir directement mes yeux, et écouter les individus bruyants qui discutent au pied de mon lit. Oui, mon lit, car quelqu'un - sûrement Rosaline, a pris le temps de délicatement me glisser dans mes draps, et de me border comme un bébé, avec ma peluche Sir Arthur Dockorahn sous le bras gauche, et mon doudou en tissu blanc sous le droit. Les voix proviennent évidemment de Rosaline et d'Anaëlle, qui se disputent légèrement. Mais je n'ai pas le temps de comprendre leurs propos, car Rosaline ne tarde pas à remarquer que je suis réveillée, sans que je ne puisse deviner comment - j'ai fait attention à ne pas bouger, après tout.

" Lully, je sais que tu es réveillée. Ouvre les yeux", fulmine Rosaline.

Sa gentillesse semble avoir disparu, et elle aurait presque sembler être redevenue Rosaline, mon horrible future belle-mère à la voix criarde, si elle n'avait pas ajouté plus doucement :

"Comment te sens-tu, à présent ?".

Je tente de m'extraire des draps de mon lit, ou du moins de me redresser, pour lui répondre, mais qui que soit la force de la nature qui m'y a bordé, je ne peux en sortir, et Anaëlle doit  finalement accourir pour me délivrer. Une fois cela fait, je bondit hors du lit, et réponds avec hésitation à Rosaline, lui indiquant que je vais bien.

" Tant mieux, j'aurais dû mal à gérer une seconde fois une sorcière en furie, et Anaëlle n'aurait pas exactement pu m'aider...

Elle n'explique pas ce qu'elle veut dire pas là, mais je comprends qu'Anaëlle est plus au courant de la situation que moi, ou que Louise. Je mords ma langue, me rattrapant avant de m'énerver, et le plus calmement possible, je dis :

" Rosaline, je vais bien, mais je ne comprends toujours rien à ce qui se passe, et je crois que si tu me disais tout maintenant, je serai encore mieux...

- Ecoute, petite, soupire-t-elle, on en a déjà parlé. Je ne te dirais rien sans ton père, ou même ta mère. Le peu que je puisse te dire, tu le sais déjà."

Elle fait une pause, et pince l'arrête de son nez, comme pour réfléchir. Puis, avec délicatesse, déplace la chaise en bois de mon bureau et s'y assoit. D'un signe de tête, elle congédie Anaëlle, qui évite mon regard, et nous voilà seules dans la pièce, toutes les deux. Je n'ose pas demander où se trouve Louise.

" Je veux que tu saches que je ne suis pas en colère contre toi parce que tu as perdu le contrôle de tes pouvoirs. Mais...

- Mais, tu es en colère contre moi", la coupe-je.

Elle soupire de nouveau, et écarte ses longs cheveux blonds de ses yeux, révélant son beau visage, légèrement fatigué.

" Oui, je suis en colère, articule-t-elle avec rage. Mes affaires sont détruites, celles de ton père, celle des filles, les tiennes et celles de ta mère aussi. Tu as failli détruire la maison, Louise est traumatisée - la pauvre, elle n'était au courant de rien, et tu as failli attirer beaucoup d'ennemis ici.

- Des ennemis ? Donc, nous avons des ennemis ?

- Oui et non. Je ne vais pas te traiter comme une enfant, parce que même si tu as 9 ans, tu es extrêmement intelligente pour ton âge, et tu comprends les choses avec facilité. Tu l'as vu, tu le sais, la magie existe. Comment dire... Le monde magique est différent, tout en étant semblable, au monde humain. Et il est possible que tu es toi, en particulier, des ennemis."

Elle interrompt son récit, voyant sans doutes que j'ai une myriade de questions à lui adresser, pour m'indiquer, d'un geste de la main, de rester silencieuse. Alors, je prends mon mal en patience, bien que je me sente bouillir de l'intérieur.

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