18. Aveux d'un militaire

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DAWSON

Une Mustang de 1967 est au-dessus de ma tête. Max me l'a refilée puisqu'il est un peu occupé avec la paperasse pour l'agrandissement du DCVC. Vraiment, je suis content de bosser de nouveau ici, content d'avoir retrouvé mon travail après un long séjour en centre de détention.

Entre temps, rien n'a changé et c'est très bien comme ça. Je n'ai pas besoin qu'un truc en plus me dérange, j'en ai assez sur le moral en ce moment. D'abord Erin qui n'a pas daigné donner un signe de vie concernant l'enregistrement, puis Wes. Ça, ça me bouffait déjà, mais puisqu'Erin est dans la confidence, c'est encore pire. Je n'arrive toujours pas à digérer la nouvelle. Je le savais, pour Amber, j'étais convaincu que c'était cet enfoiré. Mais pour l'infidélité dont mon père a fait preuve... Putain, ma mère n'est pas au courant, j'en suis sûr. Comment est-ce qu'elle va le prendre ? Si ça ne tenait qu'à moi, je lui aurais avoué depuis longtemps, mais comme elle cherche à ce que Jacob fasse partie de sa vie et de la nôtre, à Kiara et moi... Bordel de merde.

— Mec, prend-moi les pinces crocodiles, je vais essayer de la faire démarrer, la batterie est fatiguée.

— De suite, répond Thomas avant de disparaître.

Pendant que l'assistant de Max part chercher les pinces pour donner un coup de jus à la batterie, je retire prudemment les chandelles soulevant l'avant de la caisse. Le propriétaire de la bagnole, Pat, discute avec un autre client en fumant et il s'approche de moi quand il me voit me relever. Pat Fergusson, c'est un client régulier qui me ramène des tas de caisses vintages au garage, mais tout le monde l'appelle par son nom de famille.

— Bordel, Chav !

— En personne, salué-je en branchant la batterie.

— Je t'ai loupé quand j'ai déposé la Mustang il y a deux jours. Ça fait un bail ! Quoi de neuf ?

— Rien de spécial, tu sais. Je reprends ma routine avec un élément en moins.

— Tu supportes sans Hawkins ?

— Ouais, t'inquiète. On n'était pas loin de nous séparer, ça devenait compliqué, inventé-je.

C'est partiellement vrai. À moment donné, c'était sûr que j'allais trouver un autre plan et la quitter. Je ne me plaisais plus vraiment dans ma relation. Mais je n'imaginais pas qu'elle se terminerait aussi tôt.

Je pose un chiffon graisseux sur mon épaule, me penche pour vérifier d'un coup d'œil que tout est en place et que le capot soit bien tenu par la béquille pour pas me le prendre dans la gueule.

— Thomas, tu peux mettre le contact de l'autre bagnole ?

Il hoche la tête et s'exécute.

— Ça a l'air de bosser dur, remarque Fergusson alors que je cherche la clé sous le volant de la caisse que je répare.

Je fais signe à Fergusson de rester à distance avec sa clope, ça pourrait être dangereux sachant que nous utilisons parfois des produits inflammables.

— Il faut dire que tu ne me facilites pas la tâche et que j'ai plus bossé, plaisanté-je. Avoue que tu l'as fait exprès, juste pour que je passe du temps dessus...

— Rien que pour te voir ! Tu sais, dès que j'ai entendu le bruit bizarre sur la Mustang, je n'ai pas hésité à te la refiler. Je me doutais un peu que c'était une erreur de calage des pignons de la boîte de vitesses en plus de la batterie.

— Ouais, il faut la changer. Sinon même à pied, j'irai plus vite qu'elle alors qu'elle en a sous le capot !

Je mets le contact quelques seconde plus tard et j'arrive à faire vrombir cette Mustang. Bon, déjà, ça ronronne, c'est une bonne chose. Je laisse le moteur tourner et appuie sur l'accélérateur pour tester le passage des vitesses, les roues avant surélevées. Il faut aussi que je fasse un tour avec, histoire de voir si les transmissions sont bonnes, mais également pour mon propre plaisir. C'est ça le gagne-pain d'être mécano.

Victimes [Tribunal des complices]Where stories live. Discover now