25. On pourrait essayer

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DAWSON

Erin a programmé sa montre pour 6 h 30 pour qu'elle se réveille et quitte la cellule. Je l'ai regardé quelques minutes en train de dormir, son visage plongé sur ma poitrine et ses cheveux blonds glissant le long de son cou. Puis nous avons discuté en nous regardant dans les yeux, elle m'a raconté plusieurs choses sur ce qu'il se passait dans sa famille durant ses études, et moi, je lui explique les évènements du 16 octobre, tout ce que j'ai ressenti, tout ce que j'ai vu et son attention était à son apogée.

J'en profite aussi pour lui demander à deux reprises comment a-t-elle obtenu le rapport d'autopsie d'Amber, mais elle n'y répond pas clairement. Je suis persuadé qu'elle couvre quelqu'un et ce n'est certainement pas une connaissance de son père. Est-ce que c'est un de ses ex ? Ou a-t-elle soudoyé un analyste pour obtenir le dossier ? Je n'insiste pas plus pour profiter de ce moment de répit, mais je saurais bien un jour qui c'est, que je sois libre ou derrière les barreaux.

Elle a l'air plus détendue en me parlant et je suppose que c'est parce que je lui ai avoué ce qui me taraude l'esprit depuis quelques semaines déjà. Parce que c'est ce qu'elle voulait entendre depuis longtemps.

Le mec d'hier vient dans la cellule à 7 h 15, je m'assieds sur le matelas, en T-shirt et Erin se frotte les yeux, encore ensommeillée. Le type me regarde à peine. Putain, il sait. Il annonce que l'on vient me chercher dans quarante-cinq minutes pour mon audience à 9 heures, j'acquiesce en silence et le type referme la porte. Ma blonde s'approche de moi et elle observe mon dos griffé. Ça brûle un peu lorsqu'elle touche, mais ce n'est pas bien grave. Elle m'a marqué d'une certaine façon, elle aussi. J'aime cette idée.

— Dawson... susurre-t-elle suivant une marque du doigt.

— Ce ne sont que des marques, elles partiront. T'en fais pas, personne verra.

— Mais tu as saigné...

Je me lève de mon matelas, attrape le boxer et la combi pour me rhabiller. Je pense pas qu'on va m'offrir un costume trois pièces pour l'occasion, ce serait trop beau !

— Au moins, ça veut dire que j'ai bien fais mon travail cette nuit et tu m'en vois ravi d'avoir pu satisfaire ton appétit sexuel, relancé-je en touchant les traces du bout des doigts.

J'entends ma blonde rire, légèrement embarrassée et elle marmonne quelque chose que je ne comprends pas. Je finis de m'habiller et expire un bon coup avant de me rincer le visage. Elle lève la tête vers moi, mord sa lèvre et je m'adosse au mur froid, un regard en biais et les bras croisés. Son sourire est étrange lorsqu'elle m'invite à m'asseoir juste à côté d'elle sur le matelas et je gratte ma nuque. Comment dois-je me comporter maintenant qu'elle sait qu'elle m'attire ?

— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-elle quand je m'assieds.

— Rien. Ça va.

— Est-ce que c'est le procès ?

— Non, je t'ai dit que ça va.

Nous restons dans un silence religieux. C'est bizarre, elle me parle ou me pose un milliard de questions inutiles d'habitude, mais ce matin, elle est muette comme une carpe. Il faut que je dise quelque chose pour que j'entende sa voix. Il faut que je la fasse parler.

— Je n'ai pas pensé à te le demander hier soir, débuté-je doucement en caressant le dos de sa main. Je t'ai clairement dit la définition de notre relation...

— Et tu voudrais ma version, termine-t-elle comme si elle lisait dans mes pensées.

— C'est ça...

Son visage devient rouge pivoine et elle prend une bonne trentaine de seconde avant d'oser planter son regard dans le mien. C'est un sujet délicat, mais nous devions l'aborder un jour ou l'autre. Après tout, elle m'a coupé l'herbe sous le pied hier en me posant cette question et puisque que le sujet est abordé, autant le clore le plus vite possible.

Victimes [Tribunal des complices]Where stories live. Discover now