Victimes [Tribunal des complices]

26. Chicago flowers & garden show

DAWSON

Je me gare sur le bas-côté de la route dans le centre-ville et Erin descend en même temps que moi, je verrouille la bagnole, fourre les clés dans ma poche et nous marchons l'un à côté de l'autre dans les rues de Chicago. Elle voulait absolument sortir pour se changer les idées avec les derniers évènements, donc pour lui faire plaisir, j'ai cédé.

Cette semaine, nous avons visité un musée et nous nous sommes joints au festival de la bière. C'était donnant-donnant. Erin a choisi le musée en premier, c'était son idée de sortir et ça ne m'a apporté que des choses bénéfiques —sans compter toutes les moqueries sur les gens qu'on a croisé, qu'est-ce qu'ils m'ont cassé les couilles, ceux-là...

J'ai proposé d'aller au festival de la bière hier en fin d'après-midi et j'ai été étonné qu'elle soit une amatrice de bière. Elle m'a avoué qu'elle tenait ça de son père qui s'en enfilait dans de grosses chopes.

Actuellement, il est 19 h 40 et nous nous dirigeons vers le Chicago Flower & Garden Show, un entrepôt bondé de fleurs et d'écosystèmes, je crois. Je ne voulais pas vraiment y aller, mais puisque c'était son tour de choisir le lieu, je n'ai pas bronché. J'avoue qu'elle m'a manipulé par le sexe, j'y pouvais pas grand-chose et je n'ai pas résisté longtemps.

— C'est encore loin ?

— Dix minutes de marche, je pense, articule-t-elle en regardant autour d'elle.

Je presse sa main pour la rassurer et nous avançons. Si nous sortons ce soir, c'est pas pour penser à Wes, mais justement pour l'oublier un instant.

— Je peux donc prendre une clope juste avant d'entrer.

— Finalement, on arrive dans une minute, corrige-t-elle.

Je ricane et embrasse sa tempe, un sourire goguenard aux lèvres.

— Raté.

Je sors le briquet de ma poche, allume la cigarette et inspire calmement alors qu'elle fait la moue. Je lève les yeux au ciel en réfléchissant tout en me laissant guider par Erin jusqu'à notre destination. Ça me fait beaucoup de bien de sortir et de lâcher un peu prise, les tensions naissant chez elle depuis l'intrusion de Wes la semaine dernière nous rend presque parano.

J'ai alerté James ce matin de mon propre chef pour m'assurer que mon demi-frère ne s'est pas approché de ma belle-famille. Je ne connais pas vraiment James et Ava, mais je suis certain que ma blonde s'effondrerait en apprenant que Wes était tout proche d'eux. C'est devenu un peu mon devoir de veiller sur tout le monde à cause de la connerie de mon putain de père. Il aurait vraiment dû la garder dans son froc.

— Ton père s'est décidé, au fait ? débuté-je.

— Oui. Ils partent pour le Canada demain.

Le Canada ? Erin leur a offert un voyage d'une semaine pour Noël et Ava a insisté pour partir le plus tôt possible, oublier ses problèmes de santé et profiter de son mari. J'ai pu comprendre qu'ils ne sont pas partis depuis un moment, le travail de James est assez prenant, il est très demandé pour les grosses affaires.

— Et pourquoi le Canada ? grogné-je.

C'est là où les parents d'Amber vivent et où mon « père » a vécu près de sept ans et rien que pour ça, jamais je ne remettrais les pieds dans ce foutu pays. Tous les enfoirés s'y donne rendez-vous, on dirait.

— J'en sais rien, moi. Parce que c'est beau ?

Je hausse les épaules, sceptique, et tente de remballer ma frustration. Un passant nous observe curieusement et je l'ignore, comprenant qu'il m'a reconnu. Amber vivait tous les jours dès qu'elle mettait un pied en dehors de sa propriété, ça devait être bien chiant et je suis ravi d'avoir pu y échapper.