11. Le deal

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DAWSON

Je n'aurais jamais dû répondre à ce coup de fil qui me fout en rogne. Je dois me calmer, Sully ne m'a pas invité pour que je pète un plomb chez lui.

Le sujet de conversation à table m'empêche d'oublier mon appel, ils parlent de la dernière campagne du maire de Chicago, c'est pas passionnant. Ça a fait polémique puisque son discours était légèrement sexiste et les réseaux sociaux l'ont lynché bien comme il faut, déformant à leur guise ce qu'ils voulaient entendre pour mieux l'humilier. Je sais très bien ce que c'est, Amber vivait ce genre de truc tous les jours.

Erin a dû remarquer que quelque chose clochait, elle m'observe comme si elle voulait s'assurer que je ne fais pas de conneries et elle laisse son pied glisser le long de mon mollet. D'ailleurs heureusement que la nappe est longue, je sens mon sexe tressaillir dans mon boxer. La pointe de son pied va jusqu'à mon genou puis descend dans une lenteur presque insupportable. Mon instinct me hurle de me lever et d'aller me branler dans les chiottes, mais ce n'est pas respectueux vis-à-vis de mon pote.

J'enfourne une fourchette de riz couvert de sauce tomate en les écoutant débattre et ricane lorsqu'Erin fronce les sourcils face à ce que raconte Sully.

— Ah non ! Je suis complètement d'accord par rapport à cette décision ! affirme-t-elle.

— La liberté du citoyen se restreint, et on se dit vivre dans un pays libre ? C'est insensé, il faut être logique !

Je crois que j'ai loupé un épisode, ça parlait des femmes dans le domaine scientifique, en rapport avec les propos du maire de la ville, et là, c'est au sujet de la liberté citoyenne. On ne peut pas dire que le débat me captive...

— Mais elle se restreint pour la bonne cause : la sécurité. Ce n'est pas plus mal d'assurer la vie d'un Homme, explique ma blonde.

— Il est vrai que la protection est prioritaire sur la liberté qui pourrait être dangereuse, chéri, ajoute Jessica en empilant les assiettes.

— Solidarité féminine hein ? j'interviens.

Le pied d'Erin remonte sur ma cuisse, mais je le retiens avant qu'il n'atteigne mon entrejambe. Sully ricane lorsque qu'il remarque mon biceps faire l'effort sous la table, mais il ne relève pas.

— Exactement, conclut Jess.

* *

Je regarde discrètement mon portable le long de l'après-midi, presque impatient de recevoir le message que l'autre con doit m'envoyer. Mais toujours rien. Je finis par y faire abstraction et nous décidons de partir vers 18 heures. Je sors le premier, Jess me rejoint avec un gros pull sur le dos et je sors une clope avant de mettre le contact pour faire chauffer ma Pontiac. Erin est en train de finir une partie de jeu de société avec Clint et Sullivan, j'ai quelques minutes devant moi et je suis convaincu que Jessica ne sort pas pour le plaisir.

— Qu'est-ce que tu veux ? demandé-je la main dans ma poche, assis sur le capot.

— T'es grognon.

— Si t'es venue pour me dire ça, tu peux rentrer.

— Pas exactement.

Je la regarde enfin dans les yeux en prenant une taffe.

— Est-ce que tu l'aimes ? interroge-t-elle en haussant les sourcils.

Je lui lance un regard désabusé, recrache la fumée et secoue la tête, finalement amusé par son tact et sa curiosité. Je ne sais pas moi-même si je l'aime. Il y a des sentiments, c'est sûr et certain, je ne peux pas le nier, mais l'aimer ? J'ignore ce que c'est vraiment...

Victimes [Tribunal des complices]Where stories live. Discover now